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La fin de l’idylle hongro-polonaise ? Bien sûr que non !

Temps de lecture : 3 minutes

Union européenne – Serait-ce la fin de l’idylle hongro-polonaise ? La Pologne ne voulait pas de Tusk à la présidence du Conseil européen, et pourtant, les autres membres du V4, et la Hongrie de Viktor Orbán également, ont voté pour. Explications.

Faisons simple, et court. Bien trop de bruit et d’agitation ont entouré cette élection qui n’en est pas vraiment une. De nombreux médias hostiles au groupe de Visegrád, ou simplement critiques d’un gouvernement quelconque impliqué dans cette affaire se sont régalé de voir une division au sein du groupe de Visegrád sur un sujet relatif à l’UE.

Sauf que le groupe de Visegrád n’est justement pas une union absolue de ses membres, mais une organisation aidant à défendre leurs intérêts communs, et favoriser la collaboration transfrontalière.

Passons rapidement d’ailleurs sur le défaitisme et l’aveuglement de certains, qui pour « une défaite » jettent l’éponge, alors que la Hongrie et la Pologne, en particulier, mènent depuis plus d’un an un combat commun s’étalant sur des années, et bien plus ambitieux que l’élection d’un président fantoche à une institution méconnue d’une Union moribonde.

Relativisons donc l’élection de l’agent allemand Tusk. Et essayons de comprendre pourquoi Orbán en particulier n’a pas voté contre Tusk.

Déjà, Tusk est un homme de Berlin. Et l’Union européenne, si elle est administrée à Bruxelles principalement, est vraiment dirigée à Berlin – et à Francfort. Le président du parti PiS au pouvoir en Pologne, Jaroslav Kaczynski, l’a d’ailleurs bien dit – tout comme le MAE polonais également – : « l’UE est dirigée par un seul pays, et c’est l’Allemagne, n’ayons pas peur de le dire.

L’élection de Tusk était donc courrue d’avance, et le parti européen dont le Fidesz d’Orbán est membre, le PPE, avait émis comme consigne de vote de soutenir Donald Tusk. Le PiS, lui, n’est pas membre de ce parti, mais de l’AECR.

Orbán, équilibriste et rusé, ne peut pas toujours s’opposer aux élites européennes, et doit se garder des sécurités – comme maintenir son parti au sein du PPE – pour se permettre de franchir sur d’autres sujets la ligne rouge – comme en ce moment dans le cas du dossier de la crise migratoire.

Mouvement tactique de la part d’Orbán, qui ne se défilera pas, il l’a assuré, dans son soutien à la Pologne face à la Commission européenne – sujet autrement plus important.

Que les partisans du groupe de Visegrád se calment et ne s’en fassent donc pas. L’excitation autour de la réélection de Tusk est d’abord une question de politique intérieure polonaise ; mais tout va bien, le PiS peut maintenant dormir tranquille, Tusk vient par cette réélection de se griller pour les prochaines élections. Il aurait pu rentrer en Pologne, organiser l’opposition et préparer sa réélection. Au lieu de ça, il va devenir dans les années qui viennent le bouc-émissaire européen pour le gouvernement polonais, et l’opposition au PiS va devoir continuer sa lutte désespérée sans la participation directe de la seule personnalité viable aujourd’hui pour s’opposer au gouvernement.

Et de leur côté, Kaczynski et Orbán ont publiquement réitéré que cette affaire ne changeait rien ni à leurs projets, ni à leur amitié, ou à l’alliance polono-hongroise.

Enfin, pour conclure, certains commentateurs polonais se sont gardé de critiquer Orbán, et ont au contraire chanté ses louanges. Ainsi sur wpolityce.pl, Lukasz Adamski compare Orbán à Talleyrand, disant qu’il vient à nouveau de donner une leçon de realpolitik, après des années de victoires en grande pompes contre les libéraux-libertaires et la gauche. Pour Adamski, Orbán est un patriote qui veut « des réussites concrètes, et pas des victoires d’idéaux romantiques ».

Bref, l’aventure du groupe de Visegrád n’est pas atteinte par cette non-affaire et le couple Pologne-Hongrie non plus. La suite – brillante, on peut l’espérer – aux prochains épisodes…