Article paru dans le Magyar Nemzet le 25 mai 2021.
« La Hongrie n’adhérera à aucun programme d’augmentation d’impôts, et rejette donc, entre autres, le projet d’impôt-plancher mondial » – a déclaré à Magyar Nemzet András Tállai, adjoint au ministre des Finances. Pour lui, ce que montre ce projet soutenu, entre autres, par le président américain Joe Biden, c’est que, dans la compétition internationale qui fait rage pour capter les investissements, les grandes puissances espèrent gagner en retirant aux autres pays le droit de décider librement de leur stratégie.
Récemment, le gouvernement a soumis au Parlement les propositions de loi appelées à calibrer la fiscalité hongroise de l’année prochaine ; ces propositions – ainsi que les lois déjà approuvées – laissent entrevoir les principes en vertu desquels le gouvernement souhaite configurer dans les prochains temps le système fiscal.
– « L’année prochaine, les impôts pesant sur l’employeur seront à nouveau réduits, tandis que les employés de moins de 25 ans bénéficieront d’une exemption d’impôt sur le revenu. A elles seules, ces deux mesures conduisent à augmenter chaque année de plus de trois cent milliards de forints [470 millions d’euros – n.d.t.] la masse monétaire dont l’économie du pays dispose librement. Nous poursuivons donc notre politique de réductions d’impôts.
Or, pendant que le gouvernement hongrois relance notre économie en diminuant le fardeau fiscal, sur la scène internationale, la tendance la plus marquée pousse justement les gouvernements en direction de politiques d’augmentations d’impôts – via la mise en place de ‘l’impôt-plancher mondial’. »
– Ce projet a trouvé en la personne du président américain Joe Biden un soutien de poids. Mais qu’est-ce, au juste, que cet impôt-plancher mondial ?
– « L’idée à l’origine de ce projet de règle était que les États puissent appliquer aux géants du numérique des règles fiscales homogénéisées. Aujourd’hui, il est généralement plutôt question de fixer un niveau minimal d’imposition unitaire des entreprises en termes d’impôt sur les sociétés. Récemment entré en fonction, le gouvernement du président Joe Biden a aussitôt évoqué un possible taux d’imposition mondial de 21%. C’est d’ailleurs sur ce genre de réglementation que planche l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), organisme au sein duquel on travaille même depuis longtemps à en mettre au point les détails.
La Hongrie n’adhérera à aucun programme mondial d’augmentation d’impôts. Nous n’avons tout simplement pas les moyens de nous lancer dans des augmentations d’impôts, même si elles se trouvaient recevoir l’appui de personnages très influents.
La position du gouvernement n’est pas fondée sur des principes idéologiques ou sur des sentiments personnels, de quelque nature qu’ils soient.
Ces dernières années, la Hongrie a fait de grands efforts pour amener son budget à l’équilibre. Ces efforts ont été couronnés de succès : avant la pandémie et la crise mondiale qu’elle a provoquée, notre pays avait atteint un rythme de développement enviable, offrait de plus en plus d’emplois, des salaires de plus en plus élevés, et attirait de plus en plus d’investisseurs étrangers. Or la politique fiscale a joué un rôle-clé dans l’obtention de ces résultats – plus précisément, le fait que la Hongrie – profitant de sa souveraineté économique – a continuellement réduit ses taux d’imposition, de telle sorte que cela fait, par exemple, déjà quelques temps qu’elle prélève l’impôt sur les sociétés le plus bas de toute l’Union européenne. Or ce bas niveau de prélèvements a favorablement influencé le choix de plus d’un investisseur gagné par notre pays.
La Hongrie ne renoncera pas à son droit de décider de ses impôts – qui est l’un des éléments les plus importants de sa souveraineté économique. »
– Même si ce refus amène éventuellement à une confrontation entre le gouvernement hongrois et le président fraîchement élu des Etats-Unis ?
– « Le projet d’impôt-plancher mondial sert les intérêts de plusieurs grandes puissances économiques à forte pression fiscale. Comme elles abordent la compétition fiscale internationale avec un handicap, elles sont gênées par les États qui, tout en favorisant la transparence des règles et en affichant de bons résultats de développement, ne prélèvent pas beaucoup d’impôts.
Dans la compétition internationale qui fait rage pour capter les investissements, ces grandes puissances espèrent gagner en retirant aux autres pays le droit de décider librement de leur stratégie.
Or cela, nous ne pouvons y consentir en aucun cas, même si cela implique éventuellement d’avoir à contrarier Joe Biden. Conformément à ses habitudes, le gouvernement hongrois s’efforce, cette fois aussi, de conserver de bonnes relations avec le pouvoir américain, mais les intérêts d’un autre État ne peuvent pas primer sur les intérêts hongrois. Le gouvernement ne pouvant pas tolérer d’amputation de la souveraineté financière hongroise, il devra se battre pour conserver la plus large autonomie possible dans le domaine économique. »
Tamás Jakubász
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Traduit du hongrois par le Visegrád Post