Pologne/Ukraine/Lituanie – Les présidents polonais, Andrzej Duda, ukrainien, Volodymyr Zelensky, et lituanien, Gitanas Nausėda, se sont réunis ce lundi 20 décembre à Huta, dans l’ouest de l’Ukraine, pour un nouveau sommet du Triangle de Lublin fondé le 28 juillet 2020.
Deux crises menacent actuellement la région
Cette rencontre a été l’occasion d’aborder les deux crises secouant la région : la guerre avec les régions séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine – qui s’éternise depuis 2014 – d’une part, et la crise migratoire orchestrée par Minsk à la frontière polono-biélorusse, d’autre part, comme le président polonais l’a ainsi résumé :
« Il y a deux crises dans l’espace qui nous entoure. La première est la crise frontalière provoquée par le régime biélorusse, soutenu par Moscou ;
cette attaque a été repoussée par nos gardes-frontières et officiers de police, soutenus par l’armée. C’est également un problème pour la Lituanie, car les migrants ont également été brutalement poussés vers la frontière lituanienne. […] Dans chaque cas, il s’agissait de tentatives de casser la frontière dans des lieux interdits […]
Le deuxième problème concerne l’intensification de la présence militaire des troupes russes près des frontières russo-ukrainienne et biélorusso-polonaise. Ces actions nous préoccupent [nous], mais aussi nos alliés de l’OTAN ».
« La sécurité de l’Ukraine est d’une importance fondamentale.
Non seulement il ne faut pas permettre qu’une attaque réussie soit menée contre l’Ukraine, mais surtout, tout doit être fait pour empêcher une telle attaque.
[…] Je suis opposé à la politique de concessions à la Russie. À mon avis, c’est la Russie qui devrait se retirer des actions qu’elle a entreprises ces dernières années. Aujourd’hui nous sommes solidaires, nous parlons de sujets difficiles, nous parlons d’histoire commune, mais aussi de communauté d’intérêts et de sécurité dans notre partie de l’Europe », a-t-il poursuivi.
Vers une intégration de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN
Une analyse que le président ukrainien Volodymyr Zelensky partage tout à fait : « Un sujet important dans notre discussion a été la crise migratoire qui se déroule actuellement entre la frontière de la Biélorussie et de l’Union européenne.
Nous pensons exactement la même chose lorsqu’il s’agit d’analyser cette situation, nous voulons éviter des scénarios similaires en Ukraine, nous renforçons notre frontière pour empêcher de telles situations
[…] Un autre élément de cette guerre hybride est l’escalade dans les territoires temporairement occupés [Donetsk et Lugansk, ndlr.] et à la frontière avec l’Ukraine […] Dans ces conditions difficiles, la solidarité et le soutien sont très importants, ils comptent énormément, c’est pourquoi nous apprécions le soutien que nous témoignent la Pologne et la Lituanie […]
Nous combattons l’agression russe, nous avons également discuté de sujets liés à notre intégration à l’UE et à l’OTAN pour l’année prochaine – en 2022. Notre tâche commune est d’arrêter la menace russe et de protéger l’Europe contre la politique agressive russe. L’Ukraine, la Pologne et la Lituanie sont à l’avant-garde de cette résistance,
et comme aucun autre pays, nous comprenons l’impérieuse nécessité de consolider nos efforts communs, nous comprenons combien il est important maintenant de parler d’une seule voix ».
Stationnement d’armes nucléaires russes en Biélorussie ?
Les trois présidents se sont également déclarés préoccupés par le possible stationnement d’armes nucléaires russes en Biélorussie, le président Duda mettant cela en relation avec la recrudescence des activités militaires russes dans le district de Kaliningrad (l’ancienne Prusse orientale) situé au nord-est de la Pologne :
« Si une situation devait se produire dans laquelle une partie de l’arsenal nucléaire russe serait déplacée en direction de l’Europe occidentale et de l’OTAN, il s’agirait d’une nouvelle manifestation évidente d’agression.
Après tout ce que nous voyons quotidiennement dans la région de Kaliningrad, par exemple, où le potentiel militaire russe ne cesse de croître ».
Sur ce sujet, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que « toutes les options seront considérées si l’OTAN refuse de discuter de garanties de sécurité ».