Pologne – Dans l’après-midi du mardi 15 novembre, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a décidé de réunir en urgence un comité pour la sécurité nationale et les affaires de défense – composé des ministres de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères ainsi que du coordinateur des services de renseignement – suite à un missile tombé en Pologne.
Vers 15h40, une explosion a eu lieu dans le village de Przewodów (413 hab.), situé à six kilomètres de la frontière ukrainienne, dans la voïvodie de Lublin. Cette explosion, qui a tué deux citoyens polonais, est due à la chute sur un tracteur d’un missile apparemment de fabrication russe – selon les premières déclarations des autorités polonaises –, tandis que la Russie avait lancée des attaques massives sur l’Ukraine tout au long de la journée du 15 novembre, visant les infrastructures énergétiques du pays.
Le président polonais Andrzej Duda a déclaré à ce sujet dans la soirée suivant l’incident que les États-Unis, conformément aux dispositions du traité de l’Atlantique Nord, soutiendront la Pologne « avec des experts américains pour enquêter sur le tragique incident de Przewodów. […] Il s’agira d’une action conjointe et alliée. J’espère que cette question sera clarifiée en détail. »
Le gouvernement, comme le président Duda, ont tout de suite appelé au calme, à la prudence et à la retenue, indiquant qu’il était primordial de ne pas diffuser de fausses nouvelles et qu’il fallait attendre l’enquête pour savoir de quoi il retournait. En parallèle, les forces polonaises ont toutefois été mobilisées et mises en état d’alerte toute la nuit. Le président Duda a dans sa déclaration nocturne déclaré que « Pour l’instant, nous n’avons pas de preuves concluantes quant à l’auteur du tir de missile. […] Selon toute vraisemblance, il s’agissait d’un missile de fabrication russe, mais tout ceci est encore au stade des vérifications. […] Nous avons […] renforcé la préparation de certaines unités des forces armées polonaises, notamment la défense aérienne. Nos avions dans le ciel polonais seront soutenus par des appareils alliés. […] Je veux assurer tout le monde que nous agissons très calmement, prudemment, sans décisions irréfléchies. Je demande à tout le monde de rester calme. Les soldats polonais et alliés sont sur le terrain. »
De son côté, le ministre polonais des affaires étrangères Zbigniew Rau a convoqué l’ambassadeur de Russie Sergueï Andreïev pour exiger une explication sur cette affaire. La Russie, pour sa part, a nié son implication, déclarant qu’elle n’avait visé aucune cible « proche de la frontière polonaise, » sa cible la plus proche étant à 35 km de la frontière polonaise. Les canaux d’information pro-russe ont rapidement diffusé des images supposées des débris du missile, qui permettaient de conclure qu’il s’agissait d’un missile S-300 ukrainien. Quant au président ukrainien Volodymyr Zelensky, il déclarait qu’il s’agissait d’une « escalade très grave », accusant la Russie d’avoir frappé la Pologne, tandis que le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, dénonçait comme théorie du complot la thèse d’un accident provoqué par un missile de défense ukrainien.
Dans la journée du 16 novembre, la situation s’est toutefois décantée et la tension redescendue d’un degré. En effet, les débris ont été identifiés comme étant ceux d’un missile anti-aérien ukrainien, et l’explosion serait due au reste de carburant dans la roquette, selon les autorités polonaises.
Les responsables américains ont confirmé que le missile a été tiré par les forces de la DCA ukrainienne dans le but d’intercepter un des nombreux missiles russes s’étant abattu sur l’Ukraine dans la journée du mardi 15 novembre et qui visaient notamment les infrastructures énergétiques civiles du pays.
L’OTAN, qui s’est réuni dans la journée du 16 novembre pour discuter de ce grave incident, a ensuite confirmé à son tour que tout indiquait qu’il s’agissait d’un accident de la défense anti-aérienne ukrainienne causé par l’attaque massive de missiles russes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, et la Pologne a décidé qu’il n’y avait pas lieu d’activer l’article 4 du Traité de l’Atlantique Nord, qui prévoit une consultation entre pays membres lorsque l’un d’entre eux estime que son intégrité territoriale est menacée.