Slovaquie – La présidente slovaque Zuzana Čaputová n’est manifestement pas la seule à s’inquiéter de ce que les deux mouvements sociaux-démocrates (Smer et Hlas) des deux anciens Premiers ministres Robert Fico et Peter Pellegrini caracolent en tête des sondages à quelques mois des élections législatives anticipées prévues pour le 30 septembre prochain. En effet, nulle autre que l’OTAN, anticipant qu’un éventuel gouvernement dirigé par Robert Fico poursuivrait une ligne sensiblement différente au sujet de la guerre en Ukraine, prévoit de mener une campagne intitulé « Pourquoi l’Ukraine est importante » afin de « sensibiliser la Slovaquie à l’importance d’un soutien continu à l’Ukraine, à la manière dont [ce soutien] est lié à la sécurité de la Slovaquie et au rôle de l’OTAN dans la sécurisation de [la Slovaquie] ».
Pour la bête noire des milieux atlantistes en Slovaquie, l’affaire est entendue, il s’agit de
« détourner les électeurs de Smer de leur opinion sur l’Ukraine et les rallier à la partie de la nation qui soutient l’armement ».
De son côté, le ministre des Affaires étrangère du gouvernement intérimaire, Miroslav Wlachovský, nommé au mois de mai par Zuzana Čaputová, affirme ne pas considérer « cette campagne comme problématique ou contraire aux intérêts de la Slovaquie », tandis que le ministère slovaque de la Défense fait savoir que « l’OTAN mène des activités de sensibilisation sur des sujets spécifiques dans les pays membres, sur la base de sondages d’opinion.
Il s’agit d’activités tout à fait normales menées par de nombreuses organisations qui cherchent à expliquer au public l’importance de sujets d’intérêt social. »
Interrogé à ce sujet par un journaliste slovaque lors d’une conférence conjointe avec le Premier ministre par intérim, Ľudovít Ódor, le 6 juin à Bratislava, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a également abondé dans ce sens :
« L’OTAN mène différentes campagnes d’information dans différents pays alliés. C’est une chose normale, nous l’avons fait à de très nombreuses reprises, y compris en Slovaquie […] C’est quelque chose que nous faisons en pleine coordination avec les autorités nationales et, bien sûr,
l’OTAN est là pour protéger la démocratie, pour protéger la liberté et l’ouverture.
Nous n’entrerons jamais dans les questions de politique intérieure, mais nous sommes là pour protéger le droit de chaque nation à avoir ses propres processus démocratiques. »
Aussi bien Robert Fico que Peter Pellegrini sont très critiques de la ligne actuelle vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Les deux hommes politiques, anciennement proches et désormais farouchement concurrents, n’hésitent pas à se montrer critiques de l’OTAN et de l’engagement occidental en faveur de l’Ukraine, après avoir été critiques des politiques covidistes.
En Hongrie, très récemment, une campagne de ce genre, financée par les États-Unis, avait provoqué un tollé.