Slovaquie – Un peu plus de trois semaines après les élections du 30 septembre, et après quelques jours de tiraillements autour de son refus d’un ministre présenté par le Parti national slovaque (SNS, social-conservateur), la présidente slovaque Zuzana Čaputová a fini par nommer le nouveau gouvernement de Robert Fico qui associe les deux partis sociaux-démocrates Smer-SD et Hlas-SD au SNS.
Le chef de file du Smer-SD Robert Fico retrouve le poste de Premier ministre, une fonction qu’il avait déjà occupé de 2006 à 2010, puis de 2012 à 2018 – à l’époque, il avait cédé la place à Peter Pellegrini, qui est devenu depuis le président du Hlas-SD après une scission du Smer-SD.
Six ministres pour le Smer, sept pour le Hlas et trois pour le SNS
Le Smer-SD dispose désormais de six ministres : Robert Kaliňák, ministre de la Défense ; Ladislav Kamenický, ministre des Finances ; Richard Takáč, ministre de l’Agriculture ; Boris Susko, ministre de la Justice ; Jozef Raz, ministre des Transports ; et Juraj Blanár, ministre des Affaires étrangères.
L’autre parti social-démocrate, le Hlas-SD de Peter Pellegrini, a quant à lui obtenu sept portefeuilles : Peter Kmec, vice-Premier ministre chargé du plan de relance ; Erik Tomáš, ministre du Travail ; Zuzana Dolinková, ministre de la Santé ; Richard Raši, ministre des Investissements et de l’Informatisation ; Denisa Saková, ministre de l’Économie ; Tomáš Drucker, ministre de l’Éducation ; et Matúš Šutaj Eštok, ministre de l’Intérieur.
Enfin, le Parti national slovaque (SNS) s’est vu attribuer trois ministères : Ján Krišanda, ministre du Tourisme et des Sports ; Martina Šimkovičová, ministre de la Culture ; et Tomáš Taraba, ministre de l’Environnement.
Certains ministres ont déjà occupé de hautes fonctions
On notera que certains de ces ministres ne sont pas des nouveaux venus. Ainsi Robert Kaliňák (Smer), député depuis 2002, a été vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur de 2012 à 2018 dans les gouvernements Fico II et III ; Ladislav Kamenický (Smer) a déjà été ministre des Finances de 2019 à 2020 dans le gouvernement de Peter Pellegrini ; Juraj Blanár (Smer) a été gouverneur de la région de Žilina (nord du pays) ; Richard Raši (Hlas) a été maire de Košice (Cassovie), la deuxième ville du pays ; Denisa Saková (Hlas) a été ministre de l’Intérieur de 2018 à 2020 ; Tomáš Drucker (Hlas) a été ministre de la Santé de 2016 à 2018, puis ministre de l’Intérieur en mars/avril 2018, tandis que Ján Krišanda (SNS) est vice-président du Parti national slovaque.
Pellegrini prend la présidence du parlement
Par ailleurs, le président du Hlas-SD et ancien Premier ministre, Peter Pellegrini, a été élu président du Conseil National, le parlement slovaque, par 131 voix (sur 150 ), un poste auquel il succède à Boris Kollár, le président du mouvement Sme Rodina.
La Slovaquie désormais plus proche de la Hongrie de Viktor Orbán
Le retour du social-démocrate Robert Fico au poste de premier ministre à la tête d’une coalition d’une gauche sociale-démocrate qualifiée de « populiste » par les grands médias occidentaux et d’un parti nationaliste, comme dans les années 2010, laisse augurer d’un rapprochement de la Slovaquie avec la Hongrie. Fico affiche en effet des positions proches de celles du Hongrois Viktor Orbán aussi bien en ce qui concerne la fourniture d’armes à l’Ukraine, à laquelle il s’oppose et qu’il vient de suspendre, que la relocalisation des migrants voulue par l’UE et aussi le projet de réforme des traités européens comportant, entre autres choses, la suppression du droit de veto au Conseil européen dans certains domaines clés pour la souveraineté des États membres de l’UE.
Fico a même dit mardi dernier à la télévision publique slovaque RTVS que si ce veto est supprimé, « faire partie de l’UE perd son sens ». Les positions de Fico et Pellegrini ont valu à leurs partis respectifs de se faire suspendre du Parti socialiste européen (PSE) après leur victoire aux élections slovaques de septembre. Les sociaux-démocrates slovaques ne partageraient plus, selon le communiqué du PSE en ce sens, « les valeurs de la famille du PSE ». Ce sera un allié bienvenu pour la Hongrie sur ces questions à un moment où la Pologne s’apprête à adopter une ligne plus alignée sur Bruxelles, Berlin et Paris après les élections du 15 octobre, même si Donald Tusk, qui est le candidat au poste de premier ministre de la nouvelle majorité en Pologne, s’est dit mercredi hostile à la réforme des traités de l’UE après le vote à la commission des affaires constitutionnelles (AFCO) du Parlement européen en faveur du rapport du groupe mené par l’eurofédéraliste belge Guy Verhofstadt sur une telle réforme.