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Pourquoi la Pologne renonce à l’hélicoptère Caracal

Temps de lecture : 2 minutes

Par Olivier Bault.

Après la décision de la Pologne, annoncée le 5 octobre, de ne pas acheter 50 hélicoptères Caracal du constructeur Airbus Helicopters, les réactions côtés français ont été quelque peu exagérées. Car contrairement à ce qui a été dit, il n’y a pas eu rupture du contrat ni annulation de la commande, puisque le constructeur français avait uniquement été choisi au printemps 2015, à l’issue d’un appel d’offres, pour la phase des négociations exclusives et des vérifications techniques. Aucune commande n’avait donc encore été passée.

Tout le monde savait que la victoire du PiS aux élections d’octobre 2015 risquait de remettre en cause la signature de ce contrat. Dans l’opposition, ce parti avait été très critique et avait appelé le gouvernement PO-PSL précédent à ne pas prendre un engagement d’une telle importance à quelques mois des élections. Pour ses détracteurs, le choix du Caracal était tout à fait contraire aux intérêts polonais. En effet, alors qu’Airbus Helicopters promettait uniquement d’assembler environ la moitié de ses hélicoptères en Pologne, sur une chaîne de montage à créer, ses concurrents malheureux, l’Américain Sikorsky qui proposait le Black Hawk et l’Anglo-Italien Augusta-Westland avec son modèle AW149, ont déjà des usines dans ce pays et s’engageaient à fabriquer l’intégralité des hélicoptères commandés sur place.

Des voix s’élevaient également pour souligner l’absurdité d’une commande portant sur l’achat de 50 hélicoptères de la taille du Caracal, plus cher à l’achat mais aussi à l’exploitation que le Black Hawk, pour tous les types de missions, y compris celles qui pourraient se satisfaire d’hélicoptères plus petits. D’aucuns faisaient aussi remarquer que la Pologne achetait 50 Caracal pour 2,5 Mds €, soit à peu près le même prix que 109 Black Hawk récemment achetés par la Turquie et partiellement fabriqués en Pologne. Le ministre de la Défense polonais Antoni Macierewicz a d’ailleurs annoncé la semaine dernière, quelques jours après l’annonce de la fin des négociations avec Airbus Helicopters, la livraison aux forces armées polonaises, sans appel d’offres, de 2 Black Hawk avant la fin de l’année et de 8 autres l’année prochaine.

Dans ce contexte, la réaction du président François Hollande et du gouvernement français est surprenante. Outre les critiques acerbes à l’égard des Polonais, le président français et son ministre de la Défense ont reporté sine die leur visite qui était prévue à Varsovie pour le 13 octobre. Et quand l’ambassade de Pologne à Paris a été informée par courrier que sa délégation au salon Euronaval 2016 en France se verrait priver de son statut de délégation officielle, on frisait carrément l’infantilisme.

Ceci alors que la Pologne s’annonce comme le plus gros marché pour les fabricants d’armement dans la région Europe centrale et orientale pour les années à venir. Elle veut notamment acquérir des hélicoptères d’attaque et des sous-marins, deux types d’armements qui ne sont pas déjà fabriqués sur son territoire et pour lesquels les constructeurs français ont donc toutes leurs chances.

Car il est faux de prétendre, comme le font certains, que la Pologne n’achète de toute façon qu’américain. Depuis son accession à l’OTAN, Varsovie a en effet acquis, entre autres matériels, des avions de transport espagnols Casa, des chars allemands Léopard et des transports de troupes blindés finlandais, qui ont constitué le deuxième plus gros contrat d’armement après les F-16 américains.

Article publié originellement sur Présent.