Par Olivier Bault.
Pologne, Helenów – Pressés entre la pression énergétique et militaire de Moscou à l’est et la pression économique et idéologique de Bruxelles, Berlin et Paris à l’ouest, douze pays d’Europe centrale et orientale prennent part à l’Initiative des Trois Mers (mer Baltique, mer Adriatique et mer Noire) visant à renforcer la coopération et les infrastructures régionales dans le domaine du transport, des télécommunications, de l’énergie et de l’environnement. Le 4 mai dernier, le chef du Cabinet du président polonais Andrzej Duda rencontrait près de Varsovie les conseillers pour les Affaires étrangères des présidents des pays des Trois Mers : les pays du Groupe de Visegrád (V4 : Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie), les Pays baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie), et aussi l’Autriche, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovénie et la Croatie. Il s’agissait de préparer le sommet que tiendront ces pays à Wrocław, dans le sud-ouest de la Pologne, en juillet prochain, après le sommet de Dubrovnik, en Croatie, l’année dernière.
Le message que veulent lancer les pays participants, selon le chef du Cabinet d’Andrzej Duda, va toutefois dans le sens de l’intégration et la solidarité de l’Union européenne dans son ensemble. En ce qui concerne les infrastructures, il s’agit notamment de renforcer les liaisons nord-sud jusqu’ici négligées au bénéfice des liaisons ouest-est.
L’Initiative des Trois Mers est au centre de la politique étrangère polonaise depuis l’arrivée au pouvoir à Varsovie des conservateurs (PiS). Déjà entre les deux guerres mondiales, la Pologne avait rêvé d’une grande Fédération « entre mers » (Międzymorze) des pays d’Europe centrale et orientale pour résister ensemble à la suprématie de la Russie soviétique et de l’Allemagne. Si ce projet puisait son inspiration dans l’histoire de la République des Deux nations, union du Royaume de Pologne et du Grand-Duché de Lituanie qui s’étendait à son apogée (vers 1600) de la Baltique à la mer Noire, les conditions géopolitiques des années 20 et 30 n’ont pas permis de le concrétiser. C’est une fois élu en 2015 que le président polonais Andrzej Duda a relancé l’idée, cette fois dans le cadre d’une coopération renforcée au sein de l’Union européenne, avec la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic.
On ne sait pas encore si le président américain Donald Trump assistera au sommet de Wrocław mais il y a été invité.