Slovaquie, Bratislava – Pour sa première visite officielle à l’étranger, le nouveau Premier ministre tchèque Andrej Babiš s’est rendu à Bratislava, en Slovaquie. Avec son homologue slovaque Robert Fico, ils ont réaffirmé leur volonté, au sein du Groupe de Visegrád, de s’opposer à l’immigration. Mais pendant ce temps-là, la situation devient difficile pour Andrej Babiš à Prague.
Andrej Babiš a effectué sa première visite officielle à l’étranger en tant que Premier ministre tchèque, et c’est sans surprise dans le pays frère qu’est la Slovaquie que le milliardaire élu cet automne s’est rendu. Fait méconnu, Andrej Babiš est né à Bratislava au sein d’une famille slovaque, mais a rejoint la Tchéquie après la révolution de velours.
Pour les chefs de gouvernement tchèque et slovaque, le Groupe de Visegrád est uni et en particulier sur la question de l’immigration, les quatre pays font front commun : les quotas de migrants ne peuvent être imposés. « Personne, aucun bureaucrate de Bruxelles ne peut forcer le gouvernement slovaque à accepter des migrants, » a déclaré Robert Fico, le chef du gouvernement slovaque de centre-gauche. Pour les deux hommes, ces quotas obligatoires que Bruxelles tentent toujours d’imposer aux États membres ne peuvent pas fonctionner et sont un facteur de rupture au sein de l’UE. Ainsi, Andrej Babiš et Robert Fico ont rappelé que le V4 s’opposera en bloc contre les procédures de sanctions initiées contre la Hongrie, la Tchéquie et la Pologne.
Dans leur déclaration commune, les deux chefs de gouvernement ont ajouté que ce genre de décision devait se faire au consensus des États membres, et non à la majorité, ce qui, selon Robert Fico et Andrej Babiš, « est particulièrement erroné et dangereux vis à vis de l’Union européenne ».
Robert Fico a également rappelé que le V4 avait lancé l’idée d’aider les migrants et réfugiés notamment en Libye, ce qu’ils ont fait et font, et qu’ainsi, le V4 a prouvé par les faits sa solidarité dans ce problème.
Andrej Babiš a rajouté qu’il considérait comme très important de trouver d’autres voix se joignant à celles du V4, et a déclaré avoir bon espoir pour y parvenir, en commençant par l’Autriche. Andrej Babiš a également déclaré qu’il rentrerait très bientôt en contact avec son homologue bulgare, mais également avec Jean-Claude Juncker. « Nous devons convaincre Bruxelles d’abandonner les quotas obligatoires qui ne font aucun sens, » a déclaré le nouveau Premier ministre tchèque.
Durant cette visite officielle, les ministres de la Défense de Tchéquie et de Slovaquie ont également initié le projet de défense aérienne commune.
Des débuts difficiles pour Andrej Babiš
Déjà durant la campagne électorale, ses opposants politiques l’avaient attaqué sur ses affaires. Andrej Babiš, homme d’affaire à succès et milliardaire attiré par la politique, à l’instar de Donald Trump, s’est fait beaucoup d’ennemis face notamment à son ascension rapide.
Sa position sur l’euro a également déplu, surtout à l’ouest du continent. Andrej Babiš, économiste, homme d’affaire et entrepreneur, est en effet opposé à l’adoption par la Tchéquie de l’euro. Il ne « considère pas l’entrée dans l’eurozone, car il y voit plus de négatif que de positif ». Pour lui, la couronne tchèque est bonne pour le pays.
Les enquêtes ont commencé à pleuvoir contre lui, notamment de la part de l’office anti-corruption de l’UE, qui dit avoir trouvé des « irrégularités » dans des subventions qu’il aurait reçu. Les éléments figurent dans un rapport secret, qui appelle les officiels bruxellois à « prendre les mesures appropriées regardant ces irrégularités de versement ».
L’affaire dont il est question est celle d’une ferme et complexe hôtelier qui aurait bénéficié il y a environ 10 ans de 1,6 millions d’euros d’aides dans le cadre d’un programme de l’UE pour les régions pauvres. Or, la ferme et le complexe hôtelier appartenaient alors une des sociétés d’Andrej Babiš.
La police tchèque a demandé aux députés de voter la levée de son immunité parlementaire afin de mener l’enquête. Le vote de confiance qui aura lieu cette semaine donne Babiš perdant. Cependant, le Président Zeman – malgré l’élection présidentielle du 12 janvier – a promis de renommer Babiš comme Premier ministre si celui-ci venait à perdre.