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Les pays du V4 veulent des États-nations forts qui soutiennent les familles

Temps de lecture : 7 minutes

Article publié sur le site de l’institut Századvég le 10 mars 2021.

Cette année, l’alliance des pays du Groupe de Visegrád – Hongrie, Pologne, Slovaquie et Tchéquie – fête son trentième anniversaire. Le sommet-anniversaire, qui s’est déroulé à Cracovie, en présence du Président du Conseil européen Charles Michel, a montré l’importance de cette coopération.

Groupe de Visegrád – En plus des avantages mutuels que permet cette alliance, il est important de souligner que, ces dernières années, les pays du V4 sont devenus des acteurs déterminants de la politique européenne, et des défenseurs efficaces des intérêts de la région.

La présente analyse s’appuie sur une enquête d’opinion menée dans les 27 États-membres de l’UE, la Grande-Bretagne, la Norvège et la Suisse, dans le cadre du « Projet Europe » de l’institut Századvég. Elle s’intéresse à l’opinion des citoyens du Groupe de Visegrád sur l’avenir de l’Union européenne, à la gestion de l’immigration clandestine, ainsi qu’à celle du soutien aux familles et des encouragements à la natalité.

Les pays du Groupe de Visegrád sont optimistes quant à l’avenir

L’étude en question permet de constater que les pays du V4 font plus confiance aux institutions de l’Union et voient l’avenir de la communauté européenne d’un œil plus positif que, d’une part, la moyenne européenne et, d’autre part, la population des États-membres fondateurs. L’enquête montre que plus des trois quarts (76%) des sondés dans les pays du V4 font confiance à l’Union européenne, alors que ce taux est de 66% dans les États fondateurs et dans ceux dont l’adhésion date du XXème siècle. Par ailleurs, dans les pays fondateurs et dans ceux ayant adhéré au siècle dernier, en cas de référendum, 65% des sondés voteraient pour rester dans l’Union, tandis que ce taux est de 75% dans les pays du Groupe de Visegrád. Il est intéressant de noter que l’opinion publique européenne se rapproche d’année en année de la position des citoyens du V4 : en 2017, 64% des sondés de l’UE et de Grande-Bretagne auraient voté pour que leur pays reste membre de l’UE ; en 2018 et en 2019, il étaient 65%, et 67% en 2020.

Il faut aussi noter que, dans les États fondateurs et ceux dont l’adhésion date du XXème siècle, 55% des sondés pensent que la situation économique va se dégrader dans les années à venir, alors que 21% des sondés pensent qu’elle ne changera pas. En parallèle, dans les pays du V4, la proportion des sondés prédisant une dégradation de la situation économique n’est que de 49%, et celle des sondés s’attendant à une stagnation, de 25%. Pour compléter ce tableau, ajoutons que, dans les pays du V4, les sondés qui pensent que leurs enfants et les générations suivantes vivront mieux qu’eux-mêmes sont 37%, soit plus de deux fois la proportion de ceux qui professent la même opinion dans les pays fondateurs ou ayant adhéré au siècle dernier (18%).

À votre avis, vos enfants ou les générations suivantes vivront…? Mieux ; Pareillement ; Moins bien ; NSP. De haut en bas, UE des 27 et Royaume-Uni ; États fondateurs ou dont l’adhésion date du XXème siècle ; V4.

Parmi les pays du V4, les Hongrois (42%) et les Polonais (40%) sont les plus confiants quant au bien-être des générations futures.

Sur ce point aussi, il faut observer que l’opinion publique européenne se rapproche d’année en année de celle des pays du V4 : en 2019, dans l’Union et en Grande-Bretagne, 49% des sondés pensaient que leurs enfants allaient moins bien vivre qu’eux, alors qu’en 2020, cette proportion n’était plus que de 42%.

Le rejet des quotas de migrants est significatif dans les pays du V4

La pression migratoire accrue qui s’exerce sur l’Europe depuis l’été 2015 ne devrait pas perdre en intensité dans les années qui viennent. L’étude montre que les citoyens du V4 ont une perception réaliste des causes véritables de l’immigration clandestine, tandis que l’opinion des Européens se rapproche progressivement de celle des pays du V4. 57% des sondés européens et 68% des sondés du V4 pensent que la majorité des migrants arrivent dans l’Union européenne dans l’espoir de bénéficier d’aides financières et sociales, tandis que 37% des sondés de l’UE et de Grande-Bretagne, et 26% des sondés du V4 pensent que les migrants viennent en Europe parce qu’ils ne sont pas en sécurité dans leur pays d’origine. Il est important de rappeler qu’en 2016, la majorité des Européens (51%) voyait encore dans le manque de sécurité des pays d’origine la cause des migrations massives vers notre continent, ce chiffre étant tombé à 42% en 2017.

Êtes-vous plutôt d’accord ou en désaccord avec le projet suivant ? Le projet de système de quotas de l’UE permettrait de répartir les migrants entre les États membres. En vert, oui, en rouge, non, en blanc, NSP. De bas en haut : UE des 27 et Royaume-Uni, États fondateurs ou dont l’adhésion date du XXème siècle, V4.

La question du système des quotas de répartition de migrants par Bruxelles donne aussi lieu à un clivage entre les États-membres d’Europe de l’Ouest et ceux d’Europe centrale. La proportion des sondés soutenant le système des quotas est la plus élevée dans les pays fondateurs ou dont l’adhésion date du XXème siècle (59%), alors qu’elle est la plus basse (28%) dans les pays du V4.

Dans les États fondateurs et ceux dont l’adhésion date du XXème siècle, la proportion de sondés rejetant le plan de répartition des migrants est de 23%, alors qu’elle est de 56% dans les pays du V4.

Cette divergence est corrélée à une autre différence : la conservation du visage traditionnel de l’Europe et de son caractère chrétien est une priorité dans les pays du V4. D’après l’enquête en question, 53% des sondés dans les États fondateurs et ceux dont l’adhésion date du XXème siècle pensent que l’Europe doit protéger sa culture et ses traditions chrétiennes, alors que cette proportion est de 59% dans les pays du Groupe de Visegrád.

Un dépassement des traditions chrétiennes pour aller vers plus de laïcité serait soutenu par 37% des sondés dans les États fondateurs et ceux dont l’adhésion date du XXème siècle, et par 32% des sondés dans les pays du V4.

Êtes-vous plutôt d’accord ou en désaccord avec l’affirmation suivante ? Les ressources de votre pays doivent être allouées au soutien des familles autochtones, au lieu de financer l’immigration. En vert, oui, en rouge, non, en blanc, NSP. De haut en bas : UE des 27 et Royaume-Uni, États fondateurs ou dont l’adhésion date du XXème siècle, V4.

Depuis plusieurs années, l’Union européenne fait face à des difficultés démographiques et économiques, dont les possibles solutions font l’objet de polémiques permanentes dans le débat public européen. D’après l’enquête en question, plus de trois quarts (78%) des sondés dans le V4 sont d’accord pour que les États comptent sur leurs propres ressources, en finançant les familles autochtones plutôt que l’immigration, alors que cette proportion n’est que de 65% dans les États fondateurs et ceux dont l’adhésion date du XXème siècle. De plus, 72% des sondés du V4, contre 55% des sondés des États fondateurs et de ceux dont l’adhésion date du XXème siècle, pensent que la solution au problème de la décroissance démographique ne doit pas venir d’une incitation à l’immigration, mais de l’augmentation du nombre des naissances. Il apparaît donc que les Hongrois, les Polonais, les Slovaques et les Tchèques n’entendent pas affronter les défis démographiques qui apparaissent, et les défis économiques qui leur sont liés, en favorisant l’immigration de masse, mais par une stimulation de la natalité.

Plutôt que d’accorder un pouvoir excessif à Bruxelles, les pays du V4 restent fidèles à la souveraineté nationale

Autre question déterminante concernant l’avenir de l’Union européenne : savoir si, dans les années à venir, la coopération européenne ira en direction d’une intensification de la concentration du pouvoir à Bruxelles, ou dans le sens d’une protection de la souveraineté des États-membres. D’après l’étude en question, les pays du V4 sont plus attachés que la moyenne européenne au respect de la souveraineté nationale, à l’encontre de l’extension des pouvoirs de Bruxelles.

Parmi les affirmations suivantes, quelle est celle qui est la proche de votre opinion ? En vert, Les États membres devraient avoir plus de pouvoir que l’UE, en rouge, l’UE devrait avoir plus de pouvoir que les États-membres, en blanc, NSP. De haut en bas : UE des 27 et Royaume-Uni, États fondateurs ou dont l’adhésion date du XXème siècle, V4.

34% des sondés de l’UE et de Grande-Bretagne, contre 30% des sondés du V4, pensent qu’il faudrait donner plus de pouvoir à Bruxelles qu’aux États-membres, alors que

la proportion de ceux souhaitant donner plus de pouvoirs aux États-membres est de 49% en général, contre 54% dans les pays du V4.

Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que les pays du V4 voient dans le cadre de l’État-nation une solide garantie pour faire valoir leurs intérêts nationaux et régionaux.


L’étude « Project Europe »

Dans la première moitié de l’année 2016, la fondation Századvég a mené une enquête d’opinion publique couvrant les 28 États-membres de l’Union européenne, dans le but d’analyser les opinions des citoyens de l’UE concernant les enjeux qui en affecteront le plus l’avenir. Seule dans son genre, « Project28 » a mené le sondage le plus large possible sur un panel de 1 000 adultes sélectionnés au hasard dans chaque pays, soit un total de 28 000. Parmi les principaux objectifs de l’analyse : se doter d’une compréhension du sentiment de prospérité de la société et de son attitude face aux performances de l’UE, à la crise migratoire et au terrorisme grandissant. La fondation Századvég, commanditée par le gouvernement hongrois, a reconduit cette étude en 2017, 2018 et 2019, en continuant à se concentrer sur les sujets les plus déterminants du discours politique et social européen.

En 2020, ce sondage, désormais baptisé « Project Europe », sera poursuivi, dans le but d’évaluer l’attitude de la population à l’égard des plus importants des enjeux publics qui affectent notre continent. Outre le sentiment de prospérité de la société, les performances de l’Union européenne et les attitudes par rapport à la crise migratoire, en phase avec l’actualité des défis affectant l’Europe, les thématiques dominantes du sondage de cette année étaient la pandémie de coronavirus, le changement climatique et l’antisémitisme. En plus des États-membres de l’Union européenne, l’étude de 2020 a aussi couvert le Royaume-Uni, la Norvège et la Suisse, interrogeant un total de 30 000 adultes, sélectionnés au hasard en utilisant la méthode CATI.

Traduit de l’anglais par le Visegrád Post