La gauche européenne – gauche allemande en tête – s’en prend à nouveau à la Hongrie, sur un ton inqualifiable. Le dernier en date de ses prétextes, c’est que la Hongrie a refusé de signer une déclaration commune – totalement dénuée de poids et de sérieux politique – concernant Hongkong. Nous avons en effet refusé – et quand bien même on nous soumettrait encore cent fois cette déclaration, nous en refuserions encore cent fois la signature.
Le point de vue de la Hongrie, c’est qu’il est temps de mettre fin à cette pratique bruxelloise qui consiste à épuiser toutes ses énergies à fabriquer et brandir des déclarations. Nous pouvons comprendre que tel ou tel Etat-membre, pour des raisons de politique intérieure, souhaite pouvoir exhiber un papier portant le logo de l’UE. Mais même cette pratique doit avoir ses limites. Ces dernières années, cette politique étrangère commune orientée par des préoccupations de politique intérieure nous a amenés à faire de la diplomatie européenne la risée du monde. Après huit déclarations communes européennes balayées d’un revers de la main – et c’est notamment le sort que leur a réservé la Chine –, la neuvième ne pourra que provoquer de nouveaux ricanements. Nous avons l’air de pitoyables tigres de papier, et nos déclarations sans conséquences nous rendent universellement ridicules.
Il serait temps que les grandes décisions stratégiques passent des mains des bureaucrates de la politique étrangère fabricatrice de déclarations à celles des véritables dirigeants de l’Europe et des véritables formateurs de politique étrangère : les chefs d’Etat et de gouvernements, tels qu’on les a récemment vu agir au Conseil européen, à propos de la Russie.
S’agissant de la politique chinoise de l’Europe, nous pensons qu’il faut éviter la dérive en cours de la politique mondiale vers une nouvelle période de guerre froide politico-culturelle.
Un redémarrage de la guerre froide va à l’encontre des intérêts de l’Europe, de l’Europe centrale et de la Hongrie. Ce dont nous avons besoin, c’est de développement – de développement vert et numérique. Nous avons besoin de coopération, d’investissements, de relations commerciales et scientifico-culturelles, et non de boycotts, de sanctions ou de leçons de morale à prendre ou à donner.
Comme elle l’a fait jusqu’à présent, la Hongrie continuera à faire tout ce qu’elle peut pour favoriser le développement de la coopération internationale. Nous comptons bien faire usage des droits que nous garantissent les traités européens, procéder dans l’esprit d’une coopération loyale, et travailler en vue de restaurer le poids et le prestige de la politique étrangère européenne. Nous soutenons les initiatives en faveur de la création d’une souveraineté stratégique et d’une autonomie de l’Europe. Mais pour ce faire, il faut d’abord et avant tout freiner la délirante course en avant de la gauche européenne en matière de politique étrangère.
Viktor Orbán
Premier ministre de la Hongrie
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Traduit du hongrois par le Visegrád Post