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Un universitaire polonais condamné en Allemagne pour ses travaux sur l’homosexualité dans l’Église

Temps de lecture : 5 minutes

Pologne/Allemagne – La condamnation en Allemagne de Dariusz Oko, prêtre catholique, professeur ès sciences humaines et maître de conférences à l’Université pontificale Jean-Paul II de Cracovie, a fait beaucoup de bruit en Pologne. Elle fait même la couverture de trois grands hebdomadaires conservateurs cette semaine : Do Rzeczy, Sieci et Gazeta Polska. Il faut dire que la presse allemande est en pointe quand il s’agit de critiquer les supposées atteintes au pluralisme médiatique et à la liberté de la presse en Pologne. Or la condamnation de l’universitaire polonais concerne un article publié dans un magazine catholique allemand à propos de ce que d’aucuns appellent la mafia gay ou la mafia rose ou encore la mafia lavande dans l’Église catholique.

L’abbé Dariusz Oko est l’auteur de plusieurs ouvrages sur cette question, dont le plus récent, sorti en 2020, porte l’intitulé « La mafia lavande » et traite du problème de la solidarité discrète entre homosexuels actifs membres du clergé à la manière d’une véritable mafia qui occuperait des postes d’influence jusqu’au Vatican et qui serait à l’origine de beaucoup d’abus sexuels, y compris sur des mineurs. La question des cliques homosexuelles dans l’Église a d’ailleurs déjà été évoquée par le pape François et par son prédécesseur Benoît XVI qui avait été le premier à s’attaquer frontalement à ce problème. Le premier grand texte du Polonais Dariusz Oko sur la question avait pris la forme d’un long article publié en 2012 dans le magazine polonais Fronda et dans le mensuel allemand Theologisches, sous le titre « Avec le pape contre l’homohérésie ». Il y expliquait comment ses travaux sur la propagande et l’idéologie du lobby homosexuel l’avaient amené à s’apercevoir que cette idéologie était très présente au sein même de l’Église catholique « où elle prend la forme d’une homohérésie ». Il y soulignait aussi comment les médias parlent souvent abusivement de pédophilie dans l’Église pour mieux masquer le problème nettement plus fréquent de l’éphébophilie des prêtres et évêques homosexuels.

Mais c’est à l’occasion de la très progressiste « Voie synodale » (encore appelée « Chemin synodal » en français) lancée par l’Église catholique en Allemagne, que la rédaction du mensuel catholique allemand Theologisches a jugé utile d’aborder avec le spécialiste polonais de la question le problème de l’homosexualité et de l’idéologie qui l’accompagne au sein même de l’Église. L’article intitulé « De la nécessité de restreindre les cliques homosexuelles dans l’Église » semblait devenu introuvable sur le site du mensuel allemand après la condamnation fin juillet, par le tribunal de district de Cologne, de l’abbé Dariusz Oko ainsi que du prêtre allemand Johannes Stöhr, rédacteur en chef du magazine et théologien âgé de 90 ans. L’auteur polonais du texte a écopé d’une amende de 4 800 € mais a fait appel du jugement. Il risque la prison. L’article censuré par la justice allemande peut être lu en polonais dans l’hebdomadaire Gazeta Polska daté du 4 août, avec, en couverture, le titre : « Lisez l’article pour lequel les Allemands ont condamné l’abbé Oko ».

C’est un prêtre catholique allemand, l’abbé Wolfgang Rothe, qui est à l’origine de la dénonciation. Wolfgang Rothe est connu pour ses bénédictions données aux couples homosexuels et pour sa défense des revendications des organisations LGBT, y compris celle concernant le « mariage gay ». Comme le fait remarquer l’association d’avocats et juristes polonaise Ordo Iuris, vers laquelle les abbés Dariusz Oko et Johannes Stöhr se sont tournés après leur condamnation en première instance, l’abbé Wolgang Rothe, à en croire divers articles de presse (comme par exemple celui-ci), a été démis dans le passé de ses fonctions de vice-recteur d’un séminaire autrichien après la fuite dans les médias d’une photo sur laquelle il échangeait un baiser de type « french kiss » avec un séminariste, et aussi après que quelque 40 000 photos pornographiques, y compris certaines à caractère pédophile et d’autres à caractère zoophile, eurent été découvertes sur les ordinateurs du séminaire où officiait Rother.

Dans Do Rzeczy, un article intitulé « L’homomafia contre-attaque » qui met justement en avant la personne du dénonciateur traite des efforts pour censurer le père Dariusz Oko en Allemagne mais aussi d’autres universitaires qui se sont aventurés à une critique de l’homosexualité d’un point de vue catholique en Allemagne et ailleurs en Europe. L’auteur de l’article s’étonne que les simples mots de « homomafia » et « homoclique » (ou mafia homosexuelle et clique homosexuelle, comme on aurait plutôt tendance à dire en français) aient pu servir de prétexte à une condamnation en justice. Les fragments concernés de l’article incriminé, explique-t-il, « ont été présentés au tribunal comme étant des discours de haine contre les personnes pratiquant l’homosexualité ». Il parle de manipulation et cite la défense de l’abbé Dariusz Oko : « La critique de l’activité criminelle de la mafia sicilienne est-elle une incitation à la haine contre l’ensemble des Siciliens ? De la même manière, en quoi une réflexion académique sur le défi que représente le réseau criminel lié par les pratiques homosexuelles au sein de l’Église peut-il constituer une incitation à la haine contre l’ensemble des homosexuels ? »

La couverture du magazine montre un portrait du prêtre polonais recouvert du mot « censure » en allemand, présenté sous forme de tampon, avec l’intitulé : « Le père professeur Dariusz Oko condamné pour des paroles de vérité sur la mafia homosexuelle dans l’Église – Ainsi fonctionne le bâillon allemand ».

« L’abbé Dariusz Oko condamné pour avoir dit la vérité », clame la couverture de l’hebdomadaire Sieci du 2 août, avec en sous-titre : « L’auteur du livre retentissant Mafia lavande a été puni par un tribunal allemand. Il risque même la prison. Dans un entretien avec Sieci, il révèle des faits choquants et déclare : ils ne m’intimideront pas ».

L’entretien à l’intérieur du magazine porte le titre : « Je suis prêt à la prison ». La phrase mise en évidence dans le chapô est la suivante : « De la même manière que tous devaient tomber à genou devant Hitler et Staline, aujourd’hui tous doivent tomber à genou devant l’idéologie du genre. Ceux qui s’y refusent doivent être éliminés ».

À la question de savoir s’il a été surpris par sa condamnation, l’abbé Dariusz Oko répond : « Je ne suis pas surpris. D’une certaine manière, le cercle se referme. Lorsque j’ai commencé à défendre l’Église et la société contre l’idéologie homosexuelle en 2004, ma principale motivation était la nouvelle concernant le pasteur Åke Green de Suède, qui avait été accusé d’«incitation à la haine» pour un sermon critiquant l’homosexualité, basé sur la Bible et son expérience personnelle. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’une autre idéologie voulait nous contrôler, que ses adeptes recouraient à nouveau à des moyens totalitaires et que nous devions nous défendre. Je savais depuis le début que je devais compter avec le risque d’une peine de prison, et ce risque s’est maintenant concrétisé. On peut s’étonner que ça n’arrive qu’au bout de 16 ans. Ce sont des mécanismes similaires à ceux des systèmes totalitaires. Les personnes qui n’ont pas Dieu dans leur cœur et rejettent le christianisme adhéraient auparavant au socialisme bolchevique ou au national-socialisme. Et lorsque ces socialismes ont été tellement compromis qu’on ne pouvait plus y adhérer, ils ont commencé à adhérer au socialisme du genre. Sa structure et son fonctionnement sont similaires au mécanisme des socialismes précédents. Ils veulent avoir un pouvoir total sur nous, sur nos esprits. Comme dans l’Apocalypse, tous doivent adorer la bête. »