Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critiques de Donald Tusk sur fond d’activisme pro-migrants

Temps de lecture : 4 minutes

Pologne – Tandis que la situation des 32 migrants bloqués du côté biélorusse de la frontière près du village polonais d’Usnarz Górny (Podlachie) continue de s’enliser – les gardes-frontières polonais leur refusant le passage en Pologne et leur collègues biélorusses les empêchant de retourner en Biélorussie – des activistes pro-migrants, encouragés par le militant et cinéaste droits-de-l’hommiste Paweł Kasprzak, ont entrepris, ce dimanche 29 août, de couper les barbelés de la clôture frontalière polonaise.

« Renversons symboliquement ces barrières » 

En raison de ce contexte de crise migratoire où les autorités biélorusses usent manifestement des migrants comme outils de représailles aux sanctions de l’Union européenne suite à la réélection fortement contestée du président Loukachenko en août 2020, le ministre polonais de la Défense Mariusz Błaszczak a annoncé la construction d’une clôture de protection de la frontière orientale polonaise sur le modèle de ce qu’a fait la Hongrie sur sa frontière sud. Jusqu’au vendredi 27 août, les six premiers kilomètres en avaient été mis en place, en plus de 150 km de barbelés posés à même le sol. Or, ce dimanche 29 août, dans la localité de Szymaki, située à une vingtaine de kilomètres au nord d’Usnarz Górny, ainsi que le rapporte le site du magazine conservateur Do Rzeczy, une dizaine de militants de l’Open Dialogue Fondation (Fundacja Otwarty Dialog), menés par l’activiste Bartosz Kramek, se sont approchés des barbelés et ont entrepris de les découper à la pince-monseigneur et d’en diffuser les images sur les réseaux sociaux.

Le cinéaste engagé Paweł Kasprzak a notamment relayé ces images sur son compte Facebook en y ajoutant le commentaire suivant :

« Il ne s’agit pas seulement d’un ‘réflexe du cœur’. Il s’agit d’une stratégie délibérée. 13 personnes déterminées et d’un courage impressionnant sont allées faire le plus grand trou possible dans la clôture de Błaszczak.

Ils ne se font pas de grandes illusions sur cette question. Ils y sont allés pour être condamnés pour destruction de biens et violation d’une installation frontalière… », suggérant que le but de cette action symbolique – puisque ne permettant pas directement le passage illégal de la frontière par des migrants – est justement d’exploiter ultérieurement la condamnation pénale attendue pour ces faits délibérés de dégradation de biens publics. De son côté, Bartosz Kramek avait exhorté dans le quotidien progressiste Gazeta Wyborcza à « encourager la destruction des barbelés à la frontière » et présenté son action comme de la « désobéissance civile » : « Allons-y et renversons symboliquement ces barrières – comme le propose le créateur du mouvement Citoyens de la République de Pologne [Obywatele RP], Paweł Kasprzak. Protestons – activement et résolument, dans un esprit de désobéissance civile. Les barrières ne sont que dans les esprits ».

Réaction ferme du gouvernement

Comme on pouvait s’y attendre, les treize personnes – douze Polonais et un Néerlandais – ayant participé à cette action illégale ont été arrêtées peu après par les gardes-frontières polonais et le ministre de l’Intérieur Mariusz Kamiński (PiS) a déclaré que ceux-ci « supporteront toutes les conséquences pénales de leurs actes […] La situation à notre frontière est absolument inacceptable.

Les auteurs qui ont brisé la clôture ont été arrêtés par les gardes-frontières et encourront toutes les conséquences pénales de leurs actes. Nous réagirons à ce genre d’actes avec une pleine détermination »,

tandis que le vice-ministre de l’Intérieur, Maciej Wąsik, ajoutait de son côté : « Les gardes-frontières ont arrêté un groupe de 13 personnes en train de détruire les infrastructures à la frontière polono-biélorusse. Parmi les détenus se trouve Bartosz Kramek, qui a appelé à un tel acte dans Gazeta Wyborcza […]

Il n’y aura aucune indulgence pour le soutien à la guerre hybride de Loukachenko. Les auteurs seront présentés au procureur ». 

Tusk critique les « réactions tardives » du gouvernement

C’est dans ce contexte – mais néanmoins avant cette action de dégradation – que l’ancien premier ministre libéral Donald Tusk, président de la Plateforme civique (PO), avait publié le mercredi 25 août une déclaration critiquant l’action du gouvernement de Mateusz Morawiecki vis-à-vis de cette crise migratoire provoquée par la Biélorussie : « Nous sommes tous préoccupés par la situation à notre frontière orientale. Malheureusement, cette inquiétude est justifiée.

Tout d’abord, nous sommes très touchés par la crise humanitaire et la situation dramatique des 30 personnes qui campent à notre frontière, dont des femmes et des enfants.

[…] Ce sentiment d’impuissance de la part de nos autorités est d’autant plus justifié qu’après tout, nous savons très bien que des milliers de migrants ont franchi illégalement la frontière polonaise ces dernières semaines, comme l’ont confirmé des responsables gouvernementaux […] Alors, que faut-il faire aujourd’hui ? Comment pouvons-nous prévenir cette évolution négative, voire dramatique ? Nous devons construire un consensus national autour de ces deux dimensions fondamentales de cette crise. Tout d’abord, je pense que nous voulons tous aider ceux qui souffrent, et je parle spécifiquement de ce groupe de 30 personnes.

Il n’est pas possible que le gouvernement d’un grand pays européen soit incapable de fournir des médicaments et un sandwich à une mère et son enfant à notre frontière. 

Deuxièmement, et c’est un problème d’une grande importance politique, nous devons être en mesure d’assurer la sécurité de nos frontières, et nous avons là aussi un sentiment d’impuissance et de désarroi de notre gouvernement et de ses réactions tardives face à la crise migratoire croissante. […] Le gouvernement, mais aussi nous tous, avons la responsabilité de parler sérieusement et de manière responsable de la manière de prévenir cette crise, d’aider les personnes et de sécuriser nos frontières […] Aujourd’hui, en fait, il n’y a que des victimes de cette crise encore minime, et ces victimes sont les personnes qui souffrent à la frontière, les soldats et les gardes-frontières dont la réputation a été mise à mal, notamment par les actions inconsidérées des autorités. 

Nous sommes tous victimes, car nous sommes de plus en plus divisés, et j’attends donc du gouvernement et du président polonais qu’ils prennent des mesures immédiates pour établir un consensus et un accord national autour de ces problèmes ».