Entretien avec Tereza Hyťhová, député tchèque du parti Trikolora : « Le V4 représente l’avenir en matière de coopération à tous les niveaux car nous devons intégrer le fait que l’UE puisse disparaître un jour ».
Tereza Hyťhová est député au Parlement tchèque depuis 2017, d’abord sous étiquette SPD, puis depuis juillet 2020, en tant que membre de Trikolora, le nouveau parti patriotique et eurosceptique de Václav Klaus junior, le fils de l’ancien président Václav Klaus. Elle est candidate aux élections législatives tchèques les 8 et 9 octobre prochains sous les couleurs de la coalition Trikolora, Svobodní, Soukromníci. Elle a accepté de nous accorder un entretien exclusif dans la région d’Ústí nad Labem où elle est tête de liste et pourrait rafler le meilleur score national pour ce jeune parti.
Hostilité à la narration covidienne, possible fin de l’UE, défense de la monnaie nationale, renforcement du groupe de Visegrád, libertarisme économique, rejet de l’immigration : Alimuddin Usmani passe en revue les principaux points du programme de Trikolora, le parti de droite émergent en Tchéquie, que la plupart des sondages donnent, à échelle nationale, en dessous du seuil de 5% à quelques jours des élections. Cependant, un récent sondage donne Trikolora à 7%.
Alimuddin Usmani : Tereza Hyťhová, quel est le programme de votre parti Trikolora ?
Tereza Hyťhová : Au sein de notre coalition Trikolora, Svobodní, Soukromníci, nous souhaitons défendre la souveraineté de la République tchèque et sommes contre l’adoption de l’euro. Nous souhaitons également défendre les valeurs familiales et sommes contre la multiplicité du genre. Il n’est notamment pas nécessaire qu’il y ait 50 identités de genre. Nous prônons l’idée d’un état svelte et de citoyens prospères, c’est-à-dire que nous voulons que les gens disposent d’un salaire avec le moins de déductions fiscales possibles.
Nous avons pour projet de baisser les impôts et de proposer un impôt à taux unique de 15%.
Ainsi, il y aura plus d’argent dans les caisses, à l’instar de l’exemple irlandais qui possède un impôt à taux unique de 12,5%. Ce pays connaît un taux de croissance du PIB le plus élevé d’Europe.
Nous nous opposons également farouchement au totalitarisme covidiste qui dure ici depuis un an et demi.
Nous voulons protéger nos enfants contre cette atrocité, c’est-à-dire que nous ne permettrons pas que nos enfants soient testés en masse dans les écoles ou qu’on leur impose le port du masque. De manière générale, nous voulons mettre fin à ces mesures absurdes, pas seulement dans les écoles mais aussi dans toute la République tchèque.
Parmi les points clés de notre programme je peux également dire que nous sommes en faveur de la suppression de l’enregistrement électronique des ventes [transmission en ligne des données de ventes à un service web des autorités fiscales, ndlr] ou bien de la suppression de l’école inclusive [intégration des enfants avec divers handicaps dans les classes ordinaires, ndlr] contre laquelle j’avais proposé une loi. Nous ne soutenons résolument pas le pacte vert pour l’Europe parce qu’il n’est pas opportun en ce moment d’alourdir le budget de l’État avec des mesures absurdes qui viennent de Bruxelles et qui ne feront que taper au porte-monnaie des citoyens.
Il n’est pas souhaitable de taxer l’essence pour dissuader les citoyens de rouler en voiture
et de ne permettre qu’au président de disposer de ce privilège. Telles sont les priorités de base de notre programme.
Alimuddin Usmani : Quelles sont vos espérances pour ces élections législatives ? Certains sondages vous donnent en dessous du seuil de 5%, tandis qu’un autre vous prédit un score de 7%.
Tereza Hyťhová : En tant que tête de liste pour la région d’Ústí nad Labem je crois à un résultat à deux chiffres mais de toute évidence nous allons franchir la barre des 5%. En effet, lors de ces derniers mois, la plupart des sondages nous prédisaient un résultat de 5%, ce qui nous permettrait d’être représentés au Parlement. Je pense que nous allons faire bien mieux car notre programme, qui prône un retour à la vie normale et la liberté pour tous les citoyens, parle à un nombre bien plus élevé que 5% des gens. Chaque voix compte évidemment mais je pense, à l’instar de notre présidente Zuzana Majerová Zahradníková, que nous allons faire un résultat à deux chiffres.
Alimuddin Usmani : Quel est votre avis sur Andrej Babiš et son parti ANO ?
Tereza Hyťhová : Ce parti, en tant qu’électrice, ne m’a jamais inspirée et c’est la raison pour laquelle je suis à Trikolora. De manière générale, ANO a fait de grandes promesses il y a quatre ans, quand j’étais déjà candidate au Parlement. Très peu de ces promesses ont été en réalité honorées. La plupart des acquis actuels en République tchèque ne sont assurément pas imputables au parti ANO. Le fait qu’Andrej Babiš en personne soit impliqué dans divers scandales politico-financiers et qu’il donne une mauvaise image de la République tchèque est préjudiciable et personne ne souhaite avoir un Premier ministre mis en cause par la justice. Je suis satisfaite que dans notre parti nous n’ayons pas des gens qui soient inculpés par la justice ou qui magouillent avec des subventions. J’espère que les gens évalueront correctement le bilan de ces quatre années de pouvoir aux mains de Babiš et du parti ANO. Il y a un fossé entre les promesses et les réalisations effectives. Il serait temps de penser à un changement réel plutôt qu’à de nouvelles promesses en l’air pour les quatre années à venir.
Alimuddin Usmani: Pourquoi est-ce important pour vous de préserver la couronne tchèque ?
Tereza Hyťhová : Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord,
nous sommes Tchèques et je souhaite que nous ayons un pays souverain qui maîtrise sa politique monétaire. Adopter l’euro signifierait un renoncement automatique à cette dernière.
Par ailleurs, une adhésion à l’euro impliquerait des frais immédiats que personne n’est en mesure d’évaluer correctement. Ces frais seront en tout cas énormes et ce seront les contribuables qui passeront à la caisse. Il y aurait une autre conséquence si l’on adoptait l’euro, à savoir une hausse de l’inflation. À la fin de cette année, elle devrait déjà être de 5 ou 6%. Nous ne souhaitons pas que la République tchèque se soumette à Bruxelles et pour cela il est toujours préférable d’avoir sa propre monnaie. D’un point de vue économique ce n’est pas bénéfique. Si l’on regarde l’exemple de notre voisin slovaque, les citoyens n’ont pas plus d’argent dans leur porte-monnaie qu’avant l’adoption de l’euro. Il est impératif de préserver la couronne tchèque et de rejeter l’euro car personne n’est en mesure de prédire l’avenir de l’Union européenne dans quelques années.
Alimuddin Usmani: Que pensez-vous de la coopération avec le V4 ?
Tereza Hyťhová : C’est très simple, ceci fait également partie de notre programme.
Nous souhaitons avoir une coopération étroite sur le plan économique et politique avec le V4.
Comme je l’ai soulignée dans la réponse précédente, nous ne souhaitons pas nous soumettre à Bruxelles et refusons tout diktat de l’Union européenne. Nous souhaitons coopérer avec des états qui nous sont proches et c’est résolument le cas de ceux du V4 et de quelques autres.
Le V4 représente l’avenir en matière de coopération à tous les niveaux car nous devons intégrer le fait que l’UE puisse disparaître un jour
et nous ne souhaitons pas être isolés au sein de l’Europe centrale, ce serait absurde. Par ailleurs, cette coopération étroite avec le V4 a été fructueuse à de nombreux moments dans le passé.
Alimuddin Usmani: Si vous étiez au pouvoir, que feriez-vous des mesures liées au Covid-19 ?
Tereza Hyťhová : Tout d’abord, la loi sur la pandémie serait abolie. Cette loi totalitaire retire des droits et des libertés aux citoyens. Elle empêche également la liberté de commerce, nous ne voulons plus qu’il y ait des entraves au commerce. Nous ne voulons plus que les citoyens soient affectés dans leur vie quotidienne. Et si cela devait être le cas, alors il faudrait que ce soit de la manière la plus minimale possible et surtout pas de l’ampleur avec laquelle le gouvernement a changé la vie quotidienne des gens de manière si négative. Nous voulons que les gens respirent, c’est-à-dire sans masque. Nous voulons qu’ils puissent travailler, avoir accès à l’éducation, en un mot avoir une vie libre.
Ces lois sur le Covid empêchent justement les gens de vivre normalement. C’est pourquoi il est nécessaire de les abolir immédiatement. Nous ne voulons surtout pas des confinements, les gens ont exprimé très clairement leur rejet de ceux-ci. Notre formation n’a jamais voté en faveur du confinement, de l’état d’urgence ou de la loi sur la pandémie.
J’avais demandé une réouverture immédiate des écoles. Hormis l’accès à l’éducation, au commerce, il y a également l’accès à la culture que je peux encore mentionner. C’est un domaine qui a été passablement affecté par les lois sur le Covid. Les théâtres et les cinémas ont été fermés. Nous ne souhaitons plus que les gens soient privés de divertissement. Nous souhaitons simplement un retour à la vie normale et au monde d’avant.
Alimuddin Usmani: Pour l’instant, la République tchèque a été relativement épargnée par la vague migratoire. Pensez-vous que ça pourrait changer ?
Tereza Hyťhová : Je pense que le mieux est d’anticiper dans ce domaine. Nous savons ce qui se passe en Afghanistan et dans d’autres pays et il est probable que des vagues et des crises migratoires surviennent prochainement.
Nous refusons toute répartition de migrants. L’Union européenne ne doit pas imposer des quotas de migrants aux pays membres. Nous sommes catégoriquement contre cette imposition, chaque État doit pouvoir choisir tout seul.
La République tchèque doit se prononcer clairement contre l’immigration illégale, il faut que nos frontières soient défendues. Après tout, historiquement, les châteaux forts avaient pour fonction de se protéger des invasions étrangères. Chacun se préoccupait de protéger son fief afin de protéger ses habitants et ses citoyens. C’est ce que nous souhaitons également. Nous voulons renforcer les frontières tchèques et les contrôles afin que les migrants illégaux ne se baladent pas dans notre pays. Or, aujourd’hui, même si on n’en parle pas vraiment, il y a des centaines de migrants illégaux sur notre territoire. Il faut en priorité s’occuper du bien-être de nos citoyens et ensuite nous pouvons venir en aide aux autres. De nombreuses personnes m’interpellent en me demandant si je n’ai pas de compassion pour ces migrants. Je leur réponds que j’ai de la compassion pour les gens qui vivent des situations de guerre ou sous la terreur mais je pense qu’il n’est pas possible d’accueillir tous ces gens, d’autant plus qu’ils viennent de cultures, de religions et de traditions très différentes des nôtres. Il est possible de venir en aide à ces gens mais de préférence dans les endroits où ils vivent ou dans des pays limitrophes où ils sont en sécurité. Nous ne pouvons résolument pas importer des cultures si différentes en Europe. Ce ne serait pas une bonne chose. La priorité doit rester à destination de nos citoyens.