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Turów : Morawiecki et Fiala ont trouvé un accord

Temps de lecture : 4 minutes

Tchéquie/Pologne – Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s’est rendu ce jeudi 3 février à Prague pour y participer à la phase finale des pourparlers au sujet du conflit opposant la Pologne et la Tchéquie à propos de la mine à ciel ouvert polonaise de Turów, proche des frontières allemande et tchèque. Au final, M. Morawiecki et son homologue tchèque, Petr Fiala, sont parvenus à un accord permettant de résoudre ce différend à l’amiable. 

En effet, selon le communiqué publié par la chancellerie du Premier ministre polonais sur Twitter :

« Le Premier ministre Mateusz Morawiecki et le Premier ministre tchèque Petr Fiala ont signé un accord entre le gouvernement de la République de Pologne et le gouvernement de la République tchèque sur la coopération dans le traitement des impacts sur le territoire de la République tchèque résultant de l’exploitation de la mine de lignite à ciel ouvert de Turów ». 

« La République tchèque retirera sa plainte »

« J’espère et je suis convaincu que, conformément à notre accord, la République tchèque retirera sa plainte à la Cour de Justice dans un délai très court, aujourd’hui ou demain», a déclaré le chef du gouvernement polonais lors de la conférence de presse, tandis que Petr Fiala abondait dans le même sens :

« C’était notre première rencontre en tant que premiers ministres. Je pense que nous avons réussi à faire beaucoup et nous avons réussi à faire un énorme bond en avant dans notre relation

[…] Nous avons eu des discussions très poussées avec la Pologne, avec un objectif en tête – parvenir à un accord qui serait bénéfique pour nos citoyens […]

Nous sommes extrêmement heureux d’avoir réussi à atteindre cet objectif et nous venons de signer un accord entre les gouvernements tchèque et polonais concernant la mine de Turów. C’est un énorme succès, nous avons réussi à lever un obstacle, un rocher, qui pesait sur notre relation ».

Une barrière souterraine, un remblai en terre et 45 millions d’euros 

Sur le fond, la Pologne s’est engagée à achever la construction d’une barrière qui empêcherait l’écoulement des eaux souterraines de la République tchèque vers la Pologne ainsi que d’ériger un remblai en terre permettant de protéger les zones frontalières contre la pollution de l’air, le bruit et la poussière. De même, dorénavant, l’impact de ces nuisances environnementales sera surveillé de façon régulière. De plus, la Pologne paiera 35 millions d’indemnisation à la partie tchèque, tandis que la fondation PGE [la société exploitant la mine de Turów, ndlr.] versera 10 millions à la région frontalière tchèque de Liberec. Ce faisant le site de Turów – d’une importance stratégique pour l’économie polonaise – pourra continuer à fonctionner. Enfin, cet accord fera l’objet d’une surveillance de l’Union européenne pour une durée de cinq ans. Comme l’a précisé le Premier ministre tchèque, « dès que les fonds seront transférés, la République tchèque retirera sa plainte » auprès de la CJUE

Cet accord instaure un bon climat entre les gouvernements tchèque et polonais 

Par ailleurs, et à en croire Petr Fiala lui-même, ce premier succès dans les relations entre le gouvernement polonais de Mateusz Morawiecki avec le nouveau gouvernement tchèque issu des élections de l’automne 2021, pourrait augurer d’une poursuite des traditionnelles bonnes relations entre les deux pays. M. Fiala a en effet déclaré :

« Je dois admettre qu’après nos premiers échanges, j’ai l’impression que nous avons des positions très similaires sur de nombreux sujets. Je suis convaincu que la coopération entre la Pologne et la République tchèque sera bénéfique pour nos citoyens, pour les habitants de l’Europe centrale et pour toute notre région ».

Les riverains ne sont pas tous satisfaits 

Cet accord ne fait toutefois pas que des heureux. Selon Milan Starec, un habitant d’Uhelná na Liberecku (un village tchèque sur la frontière), cité ce jeudi 3 février par Novinky.cz, « de nouvelles données hydrogéologiques fournies par le service géologique tchèque montrent que la nappe phréatique continue de baisser. Et ce, malgré le fait que la barrière souterraine – la seule mesure de protection des eaux souterraines envisagée dans l’accord – soit presque terminée.

Il s’avère que cette barrière est située plusieurs kilomètres plus loin qu’elle ne devrait l’être, et que l’eau coule autour d’elle et déborde

[…] Le gouvernement tchèque a approuvé à la hâte et en secret un accord brut parce qu’il n’a apparemment pas le temps de se conformer à la loi […]

ils nous ont non seulement vendus, mais ils nous ont aussi vendus à bas prix ». 

Une opinion que partagent plusieurs organisations écologistes, dont Greenpeace. 

Des critiques en Pologne également 

De leur côté, plusieurs opposants polonais – dont Szymon Hołownia (Polska 2050) et Adam Bielan (Parti républicain) – font valoir que la Pologne, outre les 45 millions d’euros d’indemnisation prévus par le présent accord, devra aussi payer l’astreinte journalière infligée par la CJUE (soit 68,5 millions d’euros cumulés à la date de l’accord entre Polonais et Tchèques) en raison du refus de la Pologne de se conformer à l’ordonnance provisoire de suspension de l’activité de la mine de Turów en attendant le jugement sur le fond. Le ministre polonais de l’Environnement, Anna Moskwa, a indiqué que le gouvernement polonais demandera l’annulation de ces amendes.

« Nous ne paierons certainement pas les astreintes qui auraient été facturées jusqu’au jour de la délivrance du jugement.

Quant à la pénalité pour la période écoulée, nous allons demander qu’elle ne soit pas appliquée », a-t-elle déclaré sur Polsat News.