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Le forint est victime d’une attaque spéculative

Le Magyar Nemzet est le principal quotidien imprimé de Hongrie. Fondé en 1938, le Magyar Nemzet (Nation hongroise) est un journal de référence pour les conservateurs et est sur une ligne proche du gouvernement de Viktor Orbán.

Temps de lecture : 2 minutes

Article paru dans le Magyar Nemzet le 7 mars 2022.

– Le forint hongrois est victime des sanctions imposées par Bruxelles : ces restrictions infligent dès à présent des pertes considérables à l’économie hongroise – a déclaré lundi Márton Nagy, conseiller principal du Premier ministre en matière d’économie, lors d’un point d’information. Il affirme que l’extension des sanctions au secteur énergétique – dont on fait planer la menace – représente le pire des dangers guettant le forint et les Hongrois. De tout cela, d’après Márton Nagy, il s’ensuit que ceux qui demandent l’extension des sanctions veulent faire payer aux Hongrois le prix de la guerre. C’est là une mesure que le gouvernement hongrois ne soutiendra à aucune tribune internationale. Márton Nagy a aussi précisé que

« le nombre des obligations d’État détenues par des étrangers n’a pas diminué – autre signe indiquant que le forint est victime d’une attaque spéculative, étant donné que la confiance des investisseurs n’a pas fléchi.

S’agissant des sanctions déjà adoptées en raison de la guerre russo-ukrainienne, et de celles qui risquent encore d’être adoptées, on constate sans l’ombre d’un doute que, dans la situation de fragilité des marchés financiers créée par l’incertitude causée par ces dernières, le gouvernement, en collaboration étroite avec la Banque Nationale de Hongrie (MNB / BNH), coordonne les actions, observe les événements et mobilise tous les instruments placés à sa disposition. Le relèvement des taux directeurs de la semaine dernière faisait déjà partie de ce processus, et on peut supposer que le gouvernement et la BNH réfléchissent à la mise au point d’un plan d’action permettant, le cas échéant, de parer aux conséquences négatives d’éventuels développements ultérieurs.

Le cours du forint ne reflète pas les données fondamentales de l’économie hongroise. En revanche, le boomerang des sanctions adoptées par l’Occident contre la Russie est revenu sans attendre, et c’est de ce retour de bâton que nous souffrons à présent.

C’est le cas des banques russes déconnectées du système SWIFT, du blocage des réserves de change de la banque centrale russe et du patrimoine à l’étranger de particuliers de nationalité russe, ou encore du fait que plusieurs producteurs russes ont été ajoutés à la liste des entreprises sanctionnées. A quoi s’ajoute que de très nombreuses entreprises quittent la Russie, pour ainsi dire pour des raisons de prestige, chose qui modifie considérablement la situation internationale du commerce et de l’économie. Or tout cela influence les marchés financiers de notre région tout entière : on voit que le zloty polonais et la couronne tchèque s’affaiblissent dans les mêmes proportions que le forint.

Quant à la question de la sécurité énergétique, sur laquelle Márton Nagy a mis l’accent, il est avéré que, pour la Hongrie, garantir cette sécurité est un objectif prioritaire, y compris d’un point de vue économique. Il a été affirmé à plusieurs reprises que le gouvernement hongrois ne cèdera pas sur ce point : il n’acceptera pas de sanctions susceptibles de remettre cette sécurité en cause, et donc d’avoir un impact supplémentaire sur l’économie et sur le cours du forint. Le gouvernement lutte donc pour ne pas permettre l’apparition d’une crise de l’énergie. Les États-Unis et le Royaume Uni auront beau se rendre éventuellement indépendants du pétrole russe – pour les premiers – et du gaz russe – pour le second –, c’est là une option que ni le gouvernement hongrois, ni aucun autre État européen ne peut se permettre. Le fait que les déclarations en ce sens n’ont, au niveau international, guère reçu d’échos favorables n’a rien d’un hasard, étant donné que près de la moitié (40%) du gaz consommé en Europe est d’origine russe. Et la situation du pétrole est plus ou moins la même.

Une chose est certaine : plus la guerre se prolongera, plus la question des sanctions énergétiques restera longtemps sur la table.

En cas de cessation du conflit, il est certes fort probable que les sanctions déjà adoptées restent en vigueur, mais la fin des combats représenterait, dans cette perspective aussi, un réel soulagement, dans la mesure où les questions énergétiques échapperaient alors à cette zone de danger.

Orsolya Somogyi

Traduit du hongrois par le Visegrád Post