Pologne – Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a annoncé ce vendredi 18 mars son intention de mettre en place ce qu’il a appelé un « bouclier anti-Poutine » dans le but de « dérussifier » l’économie polonaise.
« Dérussification de l’économie polonaise »
Dans le cadre d’une conférence de presse, Mateusz Morawiecki a rappelé que l’invasion de l’Ukraine par la Russie provoquait « d’énormes turbulences économiques, d’énormes problèmes », mais que son gouvernement souhaitait que les Polonais en sortent « plus forts [et] plus résistants » :
« Nous procéderons à la dérussification de l’économie polonaise. […] Le gouvernement a décidé de mettre en place un bouclier anti-Poutine ».
Subventions pour les engrais
Le premier volet de ces mesures consistera notamment en une baisse des prix alimentaires élevés et davantage d’investissements dans l’indépendance énergétique de la Pologne.
« Nous devons agir à la source, là où les agriculteurs supportent les coûts les plus élevés. […] C’est pourquoi les engrais, en tant que l’un des composants du processus de production alimentaire, seront le premier élément du bouclier anti-Poutine ».
En conséquence, les agriculteurs recevront une subvention de 500 zlotys (105 euros) par hectare pour les terres cultivées et de 250 zlotys par hectare pour les pâturages et prairies – dans la limite respective de 50 ha.
Réduction de la dépendance énergétique polonaise
Enfin, le Premier ministre polonais a insisté sur la nécessité de réduire la dépendance énergétique de la Pologne :
« Le chantage au gaz, l’utilisation des ressources énergétiques comme élément de guerre… sont des actions que nous devons combattre sur de nombreux fronts.
[…] En empêchant la possibilité d’un chantage de Poutine, nous introduirons de facto des prix du gaz plus bas. […] Tout cela contribuera à la dé-russification de l’économie polonaise et européenne. […] Tout cela coûtera de l’argent, mais c’est le prix à payer pour que l’Europe soit ou ne soit pas ».
Confiscation des biens et avoirs russes en Pologne
Par ailleurs, Mateusz Morawiecki a également annoncé son intention – en concertation avec l’opposition – d’étudier « comment la Pologne pourrait geler et confisquer les biens russes situés dans [le] pays » : « D’une part,
il existe des limites constitutionnelles à une telle action, liées au droit de propriété, et d’autre part, de plus en plus de Polonais ne comprennent pas pourquoi, puisque les Italiens confisquent les yachts des oligarques russes, nous ne pouvons pas mener une telle action dans notre pays.
Nous voulons mener ce processus par le biais de la Diète, et nous avons décidé que l’opposition devait y être associée. […] Il y a des actifs immobiliers et financiers, c’est-à-dire des actions d’entreprises que nous devrions saisir. […] En tout cas, notre camp y est fortement favorable ».
La Konfederacja dénonce les « privilèges » accordés aux réfugiés ukrainiens
Parallèlement, l’accueil massif des réfugiés ukrainiens – plus de deux millions depuis le début de la guerre le 24 février – commence à provoquer des divergences sur la droite de l’échiquier politique. C’est ainsi que les dirigeants de la Konfederacja (alliance de nationalistes et libertariens) ont dénoncé les « privilèges » accordés aux réfugiés ukrainiens, le député Krzysztof Bosak déclarant notamment sur Twitter :
« Oui à l’aide, non aux privilèges ! L’excès de zèle du gouvernement et de certaines institutions crée un sentiment d’injustice. Non seulement chez les Polonais, mais aussi chez les Ukrainiens qui sont arrivés plus tôt. Il faut faire preuve de prudence ! ».
Krzysztof Bosak a expliqué que ce que les réfugiés devaient recevoir de la Pologne devait se limiter à
« un toit au-dessus de leur tête, des produits de nettoyage, de la nourriture [et] des soins médicaux ».
Cette fausse note dans le consensus autour de la solidarité vis-à-vis de l’Ukraine a cependant provoqué quelques réactions hostiles, les médias ayant ainsi décidé de boycotter purement et simplement la conférence de presse de la Konfederacja à ce sujet.