Croatie – Ce 1er janvier 2023, la Croatie a abandonné sa monnaie nationale, le kuna (encore en usage jusqu’au 15 janvier), pour devenir le 20e État membre de la zone euro. Tandis que les officiels se réjouissent de cette nouvelle étape de l’intégration à l’Europe occidentale, quoi qu’il en coûte, les citoyens de base commencent déjà à déchanter au regard des nouveaux prix… souvent plus chers qu’avec l’ancienne devise. La conversion sa fait à 1 euro pour 7,534 kuna.
Ce lundi, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde avait salué la venue de la Croatie au sein de la zone euro : « Je souhaite la bienvenue à la Croatie dans la famille de l’euro et à la table du Conseil des gouverneurs de la BCE à Francfort. […]
La Croatie a travaillé dur pour devenir le 20e membre de la zone euro, et elle a réussi.
[…] Cela montre que l’euro est une monnaie attrayante, qui apporte de la stabilité à ses membres ».
Même son de cloche du côté du gouverneur de la banque centrale croate, Boris Vujčić : « La Croatie est le pays qui profitera le plus de son entrée dans la zone euro ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a félicité « la Croatie pour cette
double réalisation historique de l’adhésion à la zone euro et à l’espace Schengen sans frontières. »
« L’euro apportera de grands avantages économiques et sociaux à la population et aux entreprises croates. Il réduira les obstacles pour les entreprises, réduira les coûts pour les importateurs et les exportateurs, ce qui se traduira par un plus grand choix et de meilleurs prix pour les consommateurs. Avec l’adhésion à l’espace Schengen, l’adoption de l’euro donnera un coup de pouce supplémentaire au secteur crucial du tourisme de la Croatie ».
Dans la pratique cependant, avec ce changement de monnaie, tout comme on a pu le constater de nombreuses fois lors du passage à l’euro dans d’autres pays, certains prix ont immédiatement augmenté de manière forte, au point d’alerter le gouvernement croate, les autorités du pays ayant constaté pas moins de 1738 violations à loi relative au passage à l’euro.
Ainsi, le ministre de l’Économie, Davor Filipović, a appelé à une table ronde urgente avec les grandes chaînes de distribution pour discuter de ce problème grave, expliquant que
« toutes les options sont sur la table, des listes noires au gel des prix sur un large éventail de produits. Les citoyens croates et le gouvernement exigent une baisse des prix ».
Des propos que l’Association des employeurs croates considèrent comme des « menaces ».
Suite à une réunion avec les distributeurs, M. Filipović a confirmé ses propos : « Le gouvernement croate interviendra si les commerçants augmentent leurs prix en raison du passage à l’euro. […] Ce que j’ai dit aux chaînes de distribution aujourd’hui, et
ce que je dis à ceux qui vont essayer de profiter du passage à l’euro et de faire des profits aux dépens de nos citoyens, c’est qu’ils ne s’en tireront pas impunément et que le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger le niveau de vie des citoyens. »
Une hausse des prix qui est donc attribuée par les autorités aux seuls profiteurs d’une situation exceptionnelle.