Tchéquie – L’ancien Premier ministre tchèque Andrej Babiš vient d’être acquitté, ce lundi 9 janvier, par un tribunal de Prague dans l’affaire dite du « Nid de Cigognes ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouvelle tombe à pic à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle pour laquelle les sondages le donne actuellement entre 26 % et 29 %, au coude-à-coude avec le général Petr Pavel, ancien président du Comité militaire de l’OTAN.
Sur le fonds de l’affaire, le Nid de Cigognes (Farma Čapí hnízdo) est une zone de loisirs et de conférence située en Bohême centrale. Cette société, qui appartenait jusqu’en 2007 au groupe Agrofert d’Andrej Babiš, a obtenu en 2008 une subvention européenne de 50 millions de couronnes tchèques (2 millions d’euros). Or cette subvention était « destinée uniquement aux petites et moyennes entreprises ». C’est pourquoi on a soupçonné la propriété du Nid de Cigognes d’avoir été tranférée à la femme et aux enfants de Babiš dans le seul but de pouvoir bénéficier de cette subvention européenne.
Un rapport d’enquête de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) avait conclu en décembre 2017 qu’il y aurait eu une fraude « intentionnelle et préméditée », suite à quoi l’immunité parlementaire d’Andrej Babiš a été levée, ce dernier étant accusé de « fraude et d’atteinte volontaire aux intérêts financiers de l’Union européenne dans le cadre d’une conspiration criminelle ». Par la suite, la Commission européenne suspendra les subventions au groupe Agrofert et demandera le remboursement de 17,4 millions d’euros de fonds européens.
Cette affaire a connu entre-temps moult rebondissements et péripéties, dont une audition devant la Chambre des députés entre 2016 et 2018, une enquête policière et même un enlèvement présumé du propre fils d’Andrej Babiš, Andrej Babiš Jr., qui vit en Suisse et affirme à qui veut l’entendre avoir été détenu contre son gré en Crimée (annexée par la Russie depuis 2014) pour l’empêcher de témoigner.
Cet acquittement, qui survient au bon moment pour Andrej Babiš, devrait clore provisoirement ses ennuis judiciaires, bien qu’il soit mis en cause dans d’autres affaires dont le calendrier a précédemment joué en sa défaveur. Selon un dernier sondage réalisé du 5 au 8 janvier (avant cet acquittement !), Andrej Babiš serait crédité de 28,6 % pour le premier tour de la présidentielle des 13 et 14 janvier, devant le général Petr Pavel (27,8%) et l’économiste Danuše Nerudová (24,6%) en faveur de laquelle le syndicaliste Josef Středula (2,2%) vient de se désister. Danuše Nerudová a d’ailleurs attaqué frontalement Andrej Babiš en déclarant que ce dernier voulait, en se faisant élire président, « acheter cinq ans pour ne pas être en prison », des propos auxquels l’ancien Premier ministre n’a pas souhaité répondre.