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Élargissement de l’OTAN : la Hongrie exige le respect de la part de la Finlande et de la Suède

Temps de lecture : 3 minutes

Hongrie – Conséquence directe de l’invasion russe de l’Ukraine, la Finlande et la Suède – traditionnellement neutres – ont décidé de demander leur adhésion à l’OTAN. Celle-ci dépend entre autres du feu vert de Budapest qui semble faire traîner les choses volontairement depuis quelques temps.

Ainsi, au courant du mois de février, lorsque le président du groupe parlementaire du Fidesz au Parlement hongrois, Máté Kocsis, a annoncé la présentation prochaine devant les députés de la ratification de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, ce dernier a concédé que le groupe gouvernemental était divisé sur cette question :

« L’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN a fait l’objet d’un sérieux débat.

Nombreux sont ceux qui se sont plaints que les hommes politiques de ces pays ont insulté la Hongrie ces dernières années

de manière grossière, infondée et souvent vulgaire, et qu’ils demandent maintenant des faveurs. […]

Les hommes politiques des pays concernés doivent se rendre compte d’une chose : ce qu’ils ont fait et refait ces dernières années contre la Hongrie, les accusations infondées qu’ils ont lancées, n’est pas correct. Et peut-être que cela ne fonctionnera pas non plus à l’avenir de faire des allégations irresponsables et insultantes sur un pays partenaire et de lui demander ensuite une faveur. »

C’est notamment pour cette raison que les parlementaires du Fidesz ont demandé au président du Parlement hongrois, László Kövér, d’envoyer une délégation dans ces deux pays, afin d’éclaircir la situation.

De son côté, le ministre hongrois des Affaires étrangère, Péter Szijjártó, avait partagé le même sentiment :

« Comment pouvez-vous vous attendre à un processus décisionnel rapide, équitable et juste alors que

nous entendons constamment dire ces derniers temps qu’il n’y a pas de démocratie en Hongrie, que l’État de droit n’y est pas garanti,

qu’il n’y a pas de liberté des médias, que l’indépendance du pouvoir judiciaire n’est pas garantie ? »

Entretemps, les débats au sujet de la ratification ont débuté le 1er mars au Parlement de Budapest, tandis que l’eurodéputé Ernő Schaller-Baross (Fidesz) expliquait que « l’objectif premier de la délégation de l’Assemblée nationale [hongroise] était d’exiger

plus de respect pour la Hongrie, le peuple hongrois, les électeurs hongrois,

et en même temps d’exiger plus de respect pour les faits. […]

En Hongrie, la démocratie [n’était] pas toute prête, nous avons dû nous battre pour l’obtenir.

[…] Nous avons également fait comprendre à nos partenaires que lorsque des opinions émergent sur l’existence d’un système répressif dans notre pays, ils doivent savoir que le Fidesz a en fait été fondé contre une dictature. »

De son côté, le ministre hongrois de la Défense, Kristóf Szalay-Bobrovniczky, qui s’est entretenu avec ses homologues suédois et finlandais, Pal Jonson et Antti Kaikkonen, a rappelé que

« le gouvernement hongrois soutient l’adhésion de [la Finlande et de la Suède] depuis le tout début, »

tout en appuyant la revendication hongroise :

« La Finlande de même que la Suède sont un atout remarquable pour améliorer la force de l’OTAN. Le gouvernement hongrois soutient l’adhésion de la Finlande à l’OTAN.

Néanmoins, en tant qu’allié engagé, la Hongrie demande plus de respect de la part des politiciens finlandais… »

Rappelons que la Finlande et la Suède ont officiellement demandé leur adhésion à l’OTAN le 18 mai 2022 en raison de leur crainte d’une agression russe à leur égard, selon les autorités. Le traité d’adhésion doit être ratifié par les parlements nationaux des trente États membres de l’Alliance. La Hongrie et la Turquie ne l’ont pas encore fait.

Pour Ferenc Almássy, dans un récent entretien pour TV Libertés, la Hongrie est dans une situation difficile actuellement, profitant ainsi de la situation pour négocier, notamment pour accéder aux fonds européens auxquelles elle a le droit mais qui sont bloqués pour des raisons politiques par les institutions de l’UE. De plus, en se faisant désirer pour sa signature, la Hongrie « pourrait bien faire une faveur à Erdogan, à la Turquie, […] et tant que la Hongrie ne signe pas, les regards ne sont pas tournés vers la Turquie, ce qui lui fait gagner du temps », compte tenu que la Turquie aura des élections législatives le 14 mai prochain, dans un contexte difficile pour le président sortant Erdogan.