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Pfizer : la Pologne refuse de payer des vaccins qui ne seront jamais produits

Temps de lecture : 3 minutes

Pologne – Alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de siffler la fin officielle de la « pandémie de coronavirus » qui durait depuis l’hiver 2020, et qu’ici et là on commence à analyser les responsabilités des uns et des autres quant aux nombreux abus commis au nom de la sécurité sanitaire, notamment en matière de libertés publiques et individuelles, le ministre polonais de la Santé, Adam Niedzielski, a publié le 2 mai une lettre ouverte aux actionnaires de Pfizer mettant en exergue les désaccords entre le gouvernement polonais et les prétentions financières non négligeables du groupe pharmaceutique américain :

« Les trois dernières années ont été très agitées au niveau mondial. La pandémie de COVID-19 a constitué l’urgence sanitaire mondiale la plus dévastatrice de ces dernières décennies. […] La lutte contre le COVID-19 a été un effort collectif des universités, des entreprises, des gouvernements, de la communauté des travailleurs de la santé et des organisations à but non lucratif. […]

En tant qu’acteur clé de l’industrie pharmaceutique mondiale, Pfizer a réussi, grâce au soutien financier de l’UE au titre de l’instrument sanitaire d’urgence, à inventer, produire et fournir à de nombreux pays l’un des vaccins les plus largement acceptés contre le COVID-19.

[…] Il va sans dire que le profit est la meilleure incitation pour les entreprises.

Cependant, le profit dans les affaires devrait également avoir ses limites.

[…] L’urgence sanitaire a été remplacée par une crise sécuritaire et économique qui frappe les patients et les systèmes de santé, qui doivent encore faire face à la dette sanitaire causée par le COVID-19. […]

Malgré la stabilisation de la situation épidémique dans les pays de l’Union européenne, Pfizer prévoit toujours de livrer des centaines de millions de vaccins à l’Europe. C’est totalement inutile du point de vue de la santé publique,

car la plupart d’entre eux seront détruits en raison de leur durée de conservation limitée et d’une demande restreinte. Il convient de noter qu’aujourd’hui, les pays européens ne peuvent même pas utiliser ces doses pour aider d’autres pays dans le monde

à l’heure actuelle, aucun gouvernement ne souhaite accepter des vaccins COVID-19, même sous la forme d’une donation.

L’acceptation de ces vaccins entraîne une charge financière énorme, même pour les autorités des pays européens développés, ce qui empêche de répondre aux autres besoins en matière de santé.

La pandémie de COVID-19 n’est pas un simple casse-tête pour les systèmes de santé des gouvernements européens ; les effets négatifs de la pandémie représentent un véritable défi. Nous vivons aujourd’hui dans une réalité complètement différente de celle d’il y a deux ans.

Les entreprises mondiales telles que Pfizer doivent en être conscientes et assumer activement leur responsabilité sociale dans la conduite de leurs affaires.

[…] Nous avons également demandé à Pfizer de nous proposer des solutions alternatives réalistes que nous pourrions envisager.

La proposition actuelle de Pfizer prévoit une réduction des doses, mais exige toujours le paiement de frais d’annulation – la moitié du prix pour une dose qui n’a même pas été produite.

Ces frais concernent littéralement des doses non fabriquées qui n’ont pas encore été produites et ne le seront jamais, et qui ne coûteront donc pas un centime à Pfizer.

Je suis extrêmement désolé de conclure que malgré ma meilleure volonté de trouver un compromis, Pfizer n’est pas prêt à faire preuve d’un niveau de flexibilité satisfaisant et à faire des propositions réalistes pour répondre à la situation complètement changée en Europe. Au lieu de faire preuve de solidarité, l’entreprise continue à vouloir gagner de l’argent sur les fonds alloués par les États membres de l’UE uniquement pour la protection de la santé publique. […]

En tant que garant des intérêts de santé publique, j’appelle Pfizer à maintenir la confiance dans le processus de vaccination, à assumer ses responsabilités envers les citoyens de l’UE et les États membres, et à agir de bonne foi en vue d’une solution équitable pour tous… »

Il est à noter que la Pologne fait partie des sept États membres qui ont participé aux négociations, aux côtés de l’exécutif européen, pour déterminer le nombre et le coût des doses commandées aux différents laboratoires pharmaceutiques.

Le ministre Niedzielski a été quant à lui un fervent défenseur de la vaccination covid tout au long de la crise et surtout des mesures telles que le passeport sanitaire, mais a commencé à tirer la sonnette d’alarme au stade de la 3e dose, souhaitant notamment l’an dernier déjà renégocier les contrats.

Comme l’a montré le service public français, Pfizer a facturé 15,50 € la dose, puis 19,50 €, alors que chaque dose coûte 0,80 $ à produire. Des soupçons de collusions entre Ursula von der Leyen et la société Pfizer sont également au cœur de l’actualité.