Pologne – Interrogé par la télévision publique allemande ZDF ce dimanche 6 août, le chef de file du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber, a tenu, au sujet du PiS polonais, des propos controversés qui ont suscité de très vives réactions du côté de Varsovie.
Expliquant pourquoi il envisageait de coopérer avec le Premier ministre italien Georgia Meloni (Fratelli d’Italia) tout en continuant de rejeter tout contact avec l’AfD [Alternative pour l’Allemagne], M. Weber – qui est membre de la CSU, l’aile bavaroise du parti chrétien-démocrate allemand CDU/CSU – a énoncé trois principes selon lesquels une coopération pouvait être, ou non, possible : « Le mur coupe-feu doit être clairement défini. Trois principes s’appliquent à l’Europe.
Tout partenaire avec lequel nous travaillons en tant que chrétiens-démocrates, en tant que parti de l’Europe, doit premièrement être favorable à l’Ukraine,
ce qui est évident à l’époque où nous nous trouvons. Deuxièmement,
chaque parti doit vouloir contribuer à façonner [l’UE] de manière positive et ne pas vouloir l’abolir,
comme le souhaite en fait l’AfD. Et troisièmement,
chaque parti doit accepter l’État de droit. C’est le mur du feu face aux représentants du PiS en Pologne, qui attaquent systématiquement l’État de droit et les médias libres.
Pour nous, il n’y a pas d’hésitation sur ces trois principes. Celui qui accepte cela peut être un partenaire démocratique […] et
tous les autres qui ne respectent pas cela, comme l’AfD en Allemagne, comme Le Pen en France ou le PiS en Pologne, sont pour nous des adversaires et nous les combattrons. »
Ces déclarations ont tout naturellement provoqué l’indignation au sein de la coalition de la Droite Unie, au pouvoir à Varsovie depuis 2015, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki réagissant très vivement dans une vidéo publiée sur X (ex-Twitter) dans laquelle il propose à Weber d’en débattre publiquement à la télévision polonaise :
« En tant que Premier ministre du gouvernement polonais, qui représente la majorité parlementaire issue d’élections démocratiques,
je ne permettrai pas que les choix des Polonais soient vilipendées de la sorte.
Manfred Weber, le chef allemand du parti auquel appartient la Plate-forme civique, a cité dimanche Droit et Justice [le PiS, ndlr.] parmi les groupements qu’ils combattront. Il nous a qualifiés d’ennemis. Il s’agit là d’une autre déclaration de ce type. C’en est assez. […]
Si les Allemands admettent ouvertement qu’ils vont interférer dans les élections polonaises, qu’ils le fassent à visage découvert.
Monsieur Weber, n’utilisez pas votre acolyte Donald Tusk. S’il vous plaît, tenez-vous à disposition pour débattre.
Vous nous accusez d’enfreindre les règles démocratiques ? Dites-le à des millions de Polonais lors d’un affrontement télévisé. Je vous invite à un débat le 2 octobre.
Nous sommes prêts à discuter des détails d’un tel affrontement dans les prochains jours. »