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Vers un désamour entre Kiev et Varsovie ?

Temps de lecture : 3 minutes

Pologne/Ukraine Comme nous le relations le 14 septembre, la Pologne a décidé – comme d’ailleurs la Hongrie et la Slovaquie – de prolonger l’interdiction d’importation pour les céréales ukrainiennes au-delà du 15 septembre, l’Union européenne ayant tacitement décidé de ne pas le faire. En réponse, les autorités de Kiev ont fait savoir qu’elle poursuivrait les trois pays concernés devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Une offre de compromis assortie de menaces

C’est ainsi que ce mardi 19 septembre, le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal a proposé un compromis :

« Notre gouvernement propose un scénario de compromis à l’UE et aux pays voisins.

Nous avons déjà soumis à la Commission européenne un plan d’action pour le contrôle des produits agricoles destinés à l’exportation depuis l’Ukraine. »

Cette carotte est cependant assortie d’un bâton… car M. Chmyhal a également prévenu ses voisins que

« si aucun accord ne peut être conclu, l’Ukraine continuera de poursuivre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie devant l’OMC

pour des restrictions unilatérales sur les produits agricoles ukrainiens ». Ajoutant, qui plus est, selon Ekonomitchna Pravda : « Si la Pologne et la Hongrie n’acceptent pas les mesures convenues avec la Commission européenne et ne lèvent pas leurs interdictions unilatérales sur nos marchandises,

nous déciderons d’interdire les importations de certaines catégories de marchandises en provenance de ces pays vers l’Ukraine. »

Dans la foulée, le vice-ministre ukrainien de l’Économie, Taras Kachka, a déclaré au quotidien polonais Rzeczpospolita que l’Ukraine avait décidé d’interdire l’importation de fruits et légumes polonais afin de convaincre la Pologne de « prendre du recul et d’accepter le mécanisme d’autorisation du commerce des céréales développé en coopération avec l’UE, et dont l’Ukraine est responsable ».

Morawiecki prévient Kiev

De son côté, le ministre polonais de l’Agriculture a déclaré ce mardi que les autorités polonaises « n’abandonnerons pas, car c’est dans l’intérêt des agriculteurs polonais, et pour nous, c’est la chose la plus importante. »

Enfin, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a une nouvelle fois haussé le ton en direction de Kiev :

« Je préviens les autorités ukrainiennes : si elles attisent le conflit, nous ajouterons d’autres produits à la liste des produits interdits à l’importation en Pologne. »

Suite au dépôt de plainte de l’Ukraine auprès de l’OMC, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie ont signifié à la Commission européenne qu’elles « ne participeraient pas aux travaux de la plate-forme de coordination de la CE pour les céréales ukrainiennes ».

Sentiment de trahison en Pologne

Par ailleurs, un autre signe, interprété par de nombreux observateurs comme celui d’un net et soudain refroidissement des relations polono-ukrainiennes, le président polonais Andrzej Duda aurait annulé la rencontre qu’il devait avoir à New-York avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. D’autres sources polonaises expliquent que la partie ukrainienne a communiqué à ce sujet qu’une telle rencontre n’avait pas été prévue, laissant entendre que l’annulation de la rencontre venait d’eux.

Le président polonais a fait savoir qu’il n’excluait pas un report de cette rencontre, mais les deux chefs d’État ne se verront donc pas à New-York. À noter également, l’absence remarquée de Zelensky – qui s’était retiré avant que l’envoyé russe ne prenne la parole – lors du discours du président polonais Duda.

« L’Ukraine se comporte comme une personne qui se noie, essayant de s’accrocher à tout ce qu’elle peut… mais nous avons le droit de nous défendre contre ce qui nous nuit, »

a expliqué à la presse le président polonais Andrzej Duda.

Volodymyr Zelensky a également accusé à demi-mots la Pologne dans sa tribune aux Nations-Unies de faire le jeu de la Russie, en expliquant, à propos du corridor de grain ukrainien, qu’il est « inquiétant de constater que certains en Europe jouent la solidarité dans un théâtre politique, transformant le dossier du grain en véritable thriller. Ils semblent jouer leur propre partition. En réalité, ils contribuent à préparer le terrain pour un acteur moscovite ».

Si la Hongrie est habituée aux attaques de cette nature de la part de Zelensky, la Pologne, elle, est en plein émoi, et les publications dans la presse et les réseaux sociaux témoignent d’un véritable sentiment de trahison chez certains Polonais.

Enfin, ce mercredi 20 septembre, dans un entretien accordé à Polsat, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré que

la Pologne « ne transfère plus d’armes à l’Ukraine, nous nous armons maintenant nous-mêmes avec les armements les plus modernes. »