Tchéquie – Dans une vidéo publiée le 5 novembre 2023 sur son compte Facebook, dont la presse allemande et tchèque s’est fait l’écho, le Premier ministre tchèque Petr Fiala montré par l’exemple que de nombreux produits alimentaires sont anormalement plus chers en République tchèque qu’en Allemagne voisine.
Pour ce faire, le chef du gouvernement tchèque – qui mène une campagne en faveur de la baisse des prix des denrées en Tchéquie – est tout d’abord allé faire ses courses dans la petite ville du Haut-Palatinat (Bavière), à Waldsassen, à cinq kilomètres de la frontière, avant de faire la même chose dans la ville tchèque de Cheb, également proche de la frontière. Il a notamment acheté du ketchup, du chocolat, du beurre, du Coca-Cola, des œufs, du lait, des tomates et du Nutella.
« En République tchèque, tout est soit plus cher, soit vendu dans des emballages plus petits »
Résultat des courses, ses emplettes bavaroises lui ont exactement coûté 492 couronnes (20 euros), alors que les mêmes produits (identiques ou comparables) – parfois même avec des contenus moindres ! – lui sont revenus à 552 couronnes (22,40 euros) en Tchéquie, soit 12,2% plus cher ! Sa conclusion est sans appel : « en République tchèque, tout est soit plus cher, soit vendu dans des emballages plus petits ! »
D’ailleurs, comme Bild l’a fait remarquer, de nombreux consommateurs tchèques des régions frontalières ont changé leurs habitudes : « de plus en plus de Tchèques vont faire leurs courses en Allemagne ».
Cependant, comme le souligne Novinky, en théorie, selon les données officielles d’Eurostat pour la fin de l’année 2022 (il y a un an !), le niveau de prix des denrées alimentaires pour l’ensemble de la République tchèque était évalué à un indice de 97, alors qu’il était de 107 en Allemagne (un indice de 100 correspondant au prix moyen des denrées alimentaires dans l’UE).
Des prix moins chers en Allemagne, en Pologne et en Slovaquie
Dans la pratique, comme le Premier ministre tchèque l’a démontré par l’exemple, les statistiques européennes ne correspondent donc pas toujours au vécu des citoyens. Ainsi Novinky s’est aussi intéressé à ce qu’il en était pour d’autres produits et a dû notamment constater, par exemple, que le lit Idanäs coûtait 12 210 couronnes (495 euros) chez Ikea en Slovaquie mais 15 990 couronnes (649 euros) en République tchèque et qu’un rince-bouche coûtait deux fois moins cher dans une pharmacie polonaise que dans une officine tchèque.
Une opération de rattrapage
Cette opération de communication marque la volonté du gouvernement de centre-droit d’améliorer son image sur le plan économique alors que débute progressivement la campagne pour les élections européennes de juin 2024. Fervent soutien de l’Ukraine et des sanctions contre la Russie, le gouvernement de Petr Fiala a été énormément critiqué pour les conséquences assumées de ce choix géopolitique, à savoir une hausse considérable des prix de l’énergie pour les particuliers et une accentuation importante de l’inflation pendant plus d’un an, faisant du gouvernement Fiala le plus impopulaire depuis dix ans et la crise gouvernementale de 2013 (avec un scandale de corruption qui avait poussé le gouvernement d’alors à la démission).
Toutefois, cet état de fait concernant les différences de prix ne concerne pas que la Tchéquie, ne date pas de cette année et relève de problèmes structurels relatifs aux marchés européens.