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La dynamique géopolitique du Moyen-Orient est en constante évolution, influencée par des alliances stratégiques et des partenariats militaires. Depuis des décennies, les États-Unis et l’Europe ont été les principaux fournisseurs de matériel et d’expertise militaire aux pays arabes. Cependant, une nouvelle tendance semble émerger : l’influence croissante de la Chine dans les armées arabes. Cette évolution pourrait-elle redessiner le paysage militaire de la région et ouvrir la voie à une coalition militaire arabe soutenue par la Chine ?
L’influence croissante de la Chine dans les armées arabes
Ces dernières années, la Chine a considérablement renforcé sa présence dans le secteur militaire des pays arabes. Des systèmes d’armes chinois tels que les missiles balistiques DF-3 et DF-21 sont désormais en service en Arabie Saoudite. De plus, le royaume utilise des drones armés Wing Loong II chinois dans le cadre de ses opérations au Yémen. Les Émirats Arabes Unis, quant à eux, ont adopté le drone CH-4, similaire au MQ-9 Reaper américain, et ont également acquis des systèmes d’artillerie fabriqués par Norinco.
L’Égypte n’est pas en reste, ayant importé des drones Wing Loong, des équipements radar et des corvettes de missiles fabriqués en Chine pour renforcer ses capacités militaires. Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), les exportations d’armes chinoises vers le Moyen-Orient ont augmenté depuis 2015, en particulier dans le domaine des UAV et des systèmes de missiles, en raison de coûts relativement bas et de livraisons rapides.
Un « OTAN arabe » : une nouvelle configuration militaire ?
La perspective d’une coalition militaire arabe, parfois qualifiée de « OTAN arabe », pourrait transformer la défense régionale. Un tel ensemble se concentrerait probablement sur la défense aérienne et antimissile, en intégrant des radars d’alerte précoce et des systèmes de missiles sol-air à longue portée. Les systèmes sans pilote, notamment les drones, joueraient un rôle crucial dans la surveillance et les missions de frappe.
La sécurité navale serait également un domaine clé, avec le partage de systèmes de défense côtière et l’utilisation de batteries de missiles sur les navires pour protéger les intérêts maritimes. Un commandement et un contrôle robustes nécessiteraient des réseaux sécurisés pour assurer une communication claire et une coordination pendant les opérations. Les entreprises de défense chinoises, offrant déjà des solutions complètes dans ces domaines, pourraient devenir des fournisseurs potentiels si les États arabes poursuivent une standardisation de leurs systèmes.
Les tentatives passées d’intégration militaire arabe
L’idée d’une coopération militaire arabe n’est pas nouvelle. Dans les années 1950, la Ligue arabe avait formé le Conseil de défense conjoint, mais des désaccords internes ont conduit à son échec. En 2015, l’Égypte avait proposé la création d’une force militaire arabe conjointe pour faire face aux crises au Yémen et en Libye. Bien que l’idée ait reçu un soutien initial, des désaccords sur le leadership et le financement ont entravé sa réalisation.
La différence aujourd’hui réside dans les fournisseurs externes. Contrairement aux efforts passés, la Chine propose une gamme complète de matériel, des drones aux radars en passant par les actifs navals, pouvant servir de base technologique à une force partagée. Cependant, même si les dirigeants approuvent le concept d’une alliance militaire arabe, le matériel n’est qu’un aspect du défi.
Les défis à venir pour une coalition militaire arabe
Pour fonctionner efficacement, une coalition militaire arabe nécessiterait des doctrines communes, des cycles de formation et des systèmes logistiques intégrés. Historiquement, les tentatives d’intégration de la défense régionale ont souvent échoué en raison de ces obstacles non techniques. Pourtant, face à des menaces croissantes allant des frappes de missiles aux essaims de drones, le besoin d’une plateforme de sécurité partagée est de plus en plus pressant.
La Chine, avec son catalogue croissant de systèmes prêts à l’exportation et sa volonté d’inclure la formation et le financement, offre aux États arabes une boîte à outils prête à l’emploi s’ils choisissent d’aller de l’avant. Mais l’intégration de ces systèmes dans une coalition régionale nécessite une coordination politique et militaire de haut niveau.
Alors que la région du Moyen-Orient continue de naviguer dans un paysage géopolitique complexe, la perspective d’une coalition militaire arabe soutenue par la Chine soulève des questions importantes. Comment ces pays parviendront-ils à surmonter les défis d’intégration et de coordination ? Quels impacts cela pourrait-il avoir sur l’équilibre des pouvoirs dans la région ?
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