Par Olivier Bault.
Article originellement publié dans Présent.
Pologne – Comme on pouvait s’y attendre, les libéraux, et notamment ceux de la Plateforme civique (PO) de Donald Tusk, n’auront même pas attendu l’enterrement du maire de Gdansk assassiné le 13 janvier pour essayer d’en rendre le gouvernement du PiS responsable. Celui-ci aurait, selon certains politiciens de la PO et des médias du même bord, créé depuis trois ans un climat de haine qui devait forcément finir par déboucher sur un assassinat politique. Le PiS et la télévision publique seraient en outre coupables d’avoir orchestré une véritable chasse à l’homme contre le maire Paweł Adamowicz en l’accusant indûment de corruption.
Sauf que les premières enquêtes sur l’enrichissement suspect d’Adamowicz dataient de 2012 et qu’il avait officiellement été mis en accusation par le parquet pour des « oublis » dans ses déclarations de patrimoine en mars 2015, et donc avant l’arrivée du PiS au pouvoir. Et sauf qu’Adamowicz avait quitté la PO et que celle-ci avait présenté un candidat contre lui au premier tour des dernières élections municipales de l’automne dernier. Un candidat (un fils de Lech Walesa) qui ne se gênait pas pour l’attaquer sur ces soupçons de corruption pendant la campagne, même si la PO avait ensuite soutenu Adamowicz au deuxième tour contre le candidat du PiS.
Abstraction faite des motivations toujours troubles du tueur, fraîchement sorti de prison et soigné depuis plusieurs années pour des problèmes de schizophrénie paranoïde, il y aurait par ailleurs quelques mots à dire sur ce fameux « climat de haine » censé régner en Pologne depuis seulement trois ans.
C’est en effet à partir de 2005 et non pas de 2015 que le PiS et la PO pressentis à l’époque pour former une coalition de droite après une période de gouvernements sociaux-démocrates dominés par les post-communistes sont rapidement devenus ennemis. Et si l’on entend depuis maintenant plus de 13 ans (et non pas 3) des propos excessifs, parfois méprisants, voire haineux, de la part des politiques et des médias des deux bords, force est de constater que les libéraux ont développé vis-à-vis du PiS, sous l’impulsion de Donald Tusk puis de ses successeurs et avec l’aide des grands médias privés « amis » puis de la télévision publique dont ils prirent le contrôle en 2010-11, une véritable stratégie à la fois de diabolisation sur le modèle de ce qu’a connu le FN en France, et de discrédit par le mépris. Avec la victoire du PiS aux élections de 2015, cette stratégie s’est transformée en opposition « totale » en vertu de laquelle les libéraux s’efforcent de donner aux Polonais et aux Européens l’impression que la Pologne gouvernée par le PiS serait une sorte de dictature méritant d’être renversée par tous les moyens.
Si climat de haine il y a aujourd’hui en Pologne, les libéraux, et Donald Tusk en tête, en sont donc grandement responsables. Une illustration de cet état de fait nous est apportée par les résultats d’un sondage publiés cette semaine. Réalisé entre le 24 septembre et le 28 novembre 2018 par le Centre des études sur les préjugés de l’Université de Varsovie, ce sondage montre que les partisans des partis d’opposition nourrissent nettement plus de haine vis-à-vis des partisans du PiS que ces derniers à leur égard, et que les libéraux ont plus tendance à déshumaniser les conservateurs que l’inverse.
Mais est-ce vraiment spécifique à la Pologne ?
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