Le dimanche 13 mars, une manifestation de nationalistes paramilitaires ukrainiens a eu lieu dans les rues de Oujhorod, dans l’ouest de l’Ukraine, non loin de la frontière hongroise. Des slogans anti-hongrois ont été scandés, et les politiciens hongrois y ont réagi.
Ukraine, Oujhorod – Le 13 mars, dans la capitale de l’oblast (région) de Subscarpatie, environ 300 personnes ont pris part à la manifestation de commémoration de l’indépendance de l’état de Carpatho-Ukraine, qui a été déclaré le 14 mars 1939 par Avgustyn Voloshyn, et a pris fin dans la nuit du 15 au 16 mars de la même année, du fait de l’invasion par les troupes hongroises.
Les manifestants étaient principalement des organisations Sich et Secteur Droit, ou bien des paramilitaires en uniformes des unités de combat Azov et Aïdar, actuellement combattant au Donbass, dans l’Est de l’Ukraine. Durant la manifestation, des slogans tels que « au couteau sur les Hongrois ! » ont été scandés par la foule, au centre d’Oujhorod. 7% de la population de la ville est toujours actuellement hongroise.
L’oblast de Subcarpatie est la partie la plus occidentale d’Ukraine, et est toujours peuplée de plus de 150 000 Hongrois, qui constituent ainsi la principale minorité locale, représentant 12,1% de la population régionale. Le député européen Andrea Bacskor de la coalition Fidesz-KDNP a réagi a cet événement provocateur en demandant aux autorités ukrainiennes de réagir fermement à l’égard des responsables d’incitations à la haine et d’appels au meurtre. Elle a ajouté que de tels événements extrémistes nuisent au jugement que l’Union Européenne porte sur l’Ukraine et freinent le processus de démocratisation du pays.
Le député Jobbik du parlement hongrois István Szávay, vice-président de son parti, a déclaré qu’il trouvait honteux que de tels événements puissent se dérouler en Ukraine sans conséquences pour ceux qui menacent des minorités locales, dans une Ukraine qui cherche à intégrer l’Union Européenne. Le Jobbik attend de la diplomatie hongroise qu’elle prenne les mesures nécessaires auprès du gouvernement ukrainien pour aider et protéger la minorité hongroise d’Ukraine, a-t-il ajouté.
L’oblast de Subcarpatie était une région hongroise de 895 à 1920, date à laquelle le traité de Trianon a donné la région à la nouvelle Tchécoslovaquie. La région avait alors une population fortement hétérogène, avec 56% de Ruthènes, 30% de Hongrois, 10% d’Allemands. En 1939, la Hongrie récupère toute la région. En 1945, la région intègre la République Soviétique Socialiste d’Ukraine, elle-même partie intégrante de l’URSS. Après la chute du régime communiste, la région vote son autonomie en 1991, mais celle-ci ne lui a jamais été octroyée par les autorités ukrainiennes.