Pologne, Varsovie – Chaque année, début avril, les crimes soviétiques sur les prisonniers de guerre polonais sont commémorés.
Les premiers jours d’avril en Pologne ont une importance particulière. Durant quelques jours, les martyrs de la Seconde Guerre Mondiale sont commémorés, de même que les victimes du crash de l’avion présidentiel en 2010, emportant le président Kaczyński et de nombreux officiels. Alors que le public est généralement au courant de la « catastrophe de Smolensk » du 10 avril, du fait de sa gravité et de ses implications politiques, le martyr polonais de 1940, en particulier en Occident, est peu connu ou considéré comme peu intéressant désormais.
En 1939, la Pologne est envahie : d’abord par l’Allemagne nazie, puis en septembre par l’Union Soviétique. Près de la moitié de la Pologne se retrouve sous occupation soviétique et de ce fait, des dizaines de milliers de personnels militaires et policiers sont tombés entre les mains de l’URSS. Avant la fin 1939, tous les prisonniers ont été transférés dans des camps se trouvant dans les actuelles Biélorussie, Russie, et Ukraine. Les principaux camps de prisonniers se trouvaient près des villes de Smolensk, Kharkiv et Tver. Le 5 mars, Joseph Staline signe l’ordre d’exécution des prisonniers polonais, qui étaient des militaires, des policiers et des prêtres catholiques. Du 3 au 5 avril, les Soviétiques ont commencé les exécutions de prisonniers dans les trois camps principaux. A certains endroits, aujourd’hui en Biélorussie et en Ukraine, les exécutions durèrent jusqu’au mois de mai. Au final, 21.857 Polonais ont été assassinés d’une balle dans la nuque.
La forêt de Katyń a été un des lieux où ces massacres ont pris place, d’où la raison pour laquelle ce nom constitue aujourd’hui un symbole pour désigner les crimes soviétiques à l’égard des Polonais. C’est aussi le premier charnier d’officiers polonais découvert, en 1943, par les troupes allemandes. L’Union Soviétique affirmait alors que les officiers polonais manquant s’étaient peu après septembre échappés en Mandchourie, et que les charniers découverts n’étaient que de la propagande nazie.
Les Polonais ont du attendre 50 ans pour que la vérité soit révélée. En 1989, le gouvernement polonais a officiellement reconnu le NKVD (police secrète soviétique) comme responsable, dédouanant les Allemands. En 1992, le gouvernement russe décide de publier des documents qui prouvent la pleine responsabilité de l’Union Soviétique. En novembre 2010, la Duma russe (parlement national) approuve une déclaration dénonçant Staline et les officiels soviétiques pour avoir personnellement ordonné le massacre. Chaque début avril, la société polonaise commémore les victimes de Katyń et des autres lieux d’exécutions et de martyr, au travers de messes, de marches, ainsi que des commémorations massives dans tout le pays, voire même avec le rassemblement international des motards, dont c’est la 15e édition cette année.