Par Alexandre Árpád Szigethy.
Mise à jour du 22 février 2017 : Budapest a officiellement renoncé à sa candidature aux Jeux Olympiques de 2024, suite à l’action décrite dans l’article et aux éléments indiquant qu’elle arriverait en troisième place, derrière Los Angeles et Paris.
Hongrie, Budapest – Comme Paris et Los Angeles, Budapest est une ville – encore – officiellement candidate pour accueillir les jeux olympiques de 2024. L’initiative est fortement soutenue par un gouvernement Orbán qui se voit toujours au pouvoir à la cérémonie d’ouverture. Or, depuis plusieurs semaines, le mouvement « Momentum » (qui signifie « Moment » et non « élan » comme -mal – traduit dans l’article paru à ce sujet dans Libération le 17 février) collecte des signatures afin de lancer un référendum qui s’opposerait à la tenue des jeux en Hongrie. En ce 17 février 2017, ce mouvement dépasse les 200.000 signatures requises pour entamer cette procédure. L’opposition jubile.
Certes, mais quelle opposition ? Dès le début du « premier » (si l’on fait abstraction de son véritable premier mandat entre 1998 et 2002) mandat de Viktor Orbán en 2010, ce dernier et son gouvernement affichent une couleur plus ouvertement patriote et moins conforme aux attentes de Bruxelles et aux paradigmes libéraux. Comme c’était à prévoir, ce gouvernement ne plaisant pas à de nombreux groupes d’intérêts – essentiellement étrangers – la politique intérieure et extérieure hongroise seront les théâtres du début d’une guerre qui va se jouer sur une multitude de champs de batailles et sur autant de fronts.
L’opposition libérale sous sa forme traditionnellement et purement politique (comprendre ici les partis d’oppositions tels que MSZP, DK, Együtt, Liberálisok…) étant progressivement réduite à néant, c’est à un nouveau type de combat politique que le gouvernement va devoir s’habituer. Des batailles rangées de la chambre des députés dans le parlement, c’est au tour de la guérilla virtuelle sur les réseaux sociaux, et parfois « concrète » sous la forme d’affiches et de manifestations dans Budapest.
Car même s’ils sont soutenus par les partis de l’opposition de gauche libérale, ce sont néanmoins les fameuses « ONG Soros » qui donnent le la.
En effet, elles sont toutes actrices d’une même troupe de théâtre, issues de la même nébuleuse libérale-libertaire qui se pose systématiquement en championne d’une démocratie à géométrie variables dont elle détiendrait le monopole moral.
Que ce soit pour s’opposer à la nouvelle constitution, défendre les droits des homosexuels (qui n’avaient jamais été mis en danger par ailleurs), ceux des « minorités » (terme joker applicable aux communautés sympathisantes), combattre la « corruption » (terme joker applicable aux procédés dérangeants), soutenir l’immigration illégale et massive, s’opposer au référendum sur le refus de l’imposition par Bruxelles des quotas de migrants, et maintenant les jeux olympiques, il y a toujours le même arrière-goût de sauce Soros et des réseaux de l’Open Society.
Prenons pour exemple le parti satirique du « chien à deux queues ». Il y a quelques années, lorsqu’ils étaient encore drôles, c’était une bande de copains qui s’amusait à coller des petites affiches format A5 en noir et blanc dans la ville en période d’élection. Les messages étaient « Bière gratuite et vie éternelle pour tous ! », « Votez pour nous ! On vous promet qu’on va rien voler, regardez comme on est mignons ! », « Déplaçons l’île Marguerite entre le pont Marguerite et le pont des chaînes ; ça aura plus de gueule ! »… Bref, de l’humour satirique mais de l’humour seulement. Dans le cadre du référendum mentionnée plus haut concernant l’imposition de quotas de migrants, cette bande de comiques s’est découvert une mission démocratique et soudainement les moyens d’afficher en format 3×4 mètres et en couleurs. Le ton est toujours satirique, mais ouvertement antigouvernemental surtout méprisant à l’égard des millions d’électeurs de droite taxés d’ignorance et de xénophobie.
On les retrouve ces dernières semaines, improvisés experts en gestion budgétaire urbaine et en infrastructures sportives, mais toujours chevaliers blancs de la démocratie ; leur slogan « Avant d’organiser des Jeux Olympiques, on ferait mieux d’organiser une démocratie ! »
L’affaire des Jeux s’inscrit donc dans une logique à plus long terme de confrontation permanente, d’un jeu de chat et de la souris entre un gouvernement conservateur et des groupuscules libéraux, pour la plupart financés et téléguidés par des entités étrangères dont les intérêts coïncident rarement avec les revendications patriotiques dont Viktor Orbán se fait le chantre.