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Guerilla, Trianon et un français fier d’être très lu en Hongrie

Le Magyar Nemzet est le principal quotidien imprimé de Hongrie. Fondé en 1938, le Magyar Nemzet (Nation hongroise) est un journal de référence pour les conservateurs et est sur une ligne proche du gouvernement de Viktor Orbán.

Temps de lecture : 9 minutes

Article paru dans le Magyar Nemzet le 19 décembre 2020.

Pour Laurent Obertone, auteur de Guerilla, la France est aujourd’hui un baril de poudre

La cause principale des attentats terroristes en France est l’immigration, qui explique aussi, pour l’essentiel, la détérioration de la sécurité publique – déclare, dans cet entretien exclusif accordé à Magyar Nemzet, Laurent Obertone, dont le dernier livre vient de paraître en Hongrie. Écrivain parmi les plus vendus en France, il explique, avec une sincérité au vitriol, comment, dans la patrie de la liberté et des droits de l’homme, on opprime aujourd’hui ceux qui pensent mal. Concernant la Hongrie, il affirme sans détours que les Hongrois peuvent être fiers d’avoir réussi à ne pas commettre les mêmes erreurs que l’Occident dans le domaine migratoire, et d’avoir résisté au chantage de l’Union européenne. « En termes diplomatiques – ajoute-t-il –, c’est une option couteuse, dont il faut payer le prix, mais c’est le prix de l’indépendance et de la souveraineté ». Laurent Obertone nous a aussi confié ses réflexions sur le dictat de Trianon, qui vient de fêter son centième anniversaire.


 

– Laurent Obertone est votre pseudonyme. Qu’est-ce qui amène un français d’aujourd’hui à cacher sa véritable identité ? En Hongrie, dès les bancs de l’école, on apprend que la France est un pays exemple de démocratie, la patrie de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, où personne n’a rien à craindre, et où tout un chacun peut exprimer son opinion, ses réflexions.

– C’est ce que la France semble être, mais sous le vernis des apparences, la réalité est complètement différente. Nous sommes déjà nombreux à avoir appris que, pour quiconque s’occupe de sujets dérangeants et dangereux du point de vue des sphères libérales, la prudence est de mise. Il faut penser à protéger sa famille et sa vie privée. C’est ce que j’ai fait. Cela dit, l’emploi d’un pseudonyme n’équivaut pas à une occultation totale : partout où on m’invite, j’apparais à visage découvert.

– Vous est-il arrivé de recevoir des menaces en raison de vos ouvrages ?

– Oui, et même plusieurs fois. Cela a notamment été le cas lorsque j’ai écrit un livre sur l’état de la sécurité publique en France. J’y ai notamment montré quel rôle joue l’immigration dans l’apparition de cette situation catastrophique. Mes affirmations étaient étayées et sourcées. Résultat : dans les médias libéraux mainstream, j’ai fait l’objet d’attaques hystériques, sans le moindre argument. Et c’est devenu une habitude.

Dès que quelqu’un ne leur plaît pas, ils essaieront de le faire taire, et d’ignorer purement et simplement les faits auxquels ils ne savent que répondre.

– Dans le premier volume de Guérilla, un policier abat un délinquant toxicomane, la vidéo fait le tour d’Internet et, au bout de quelques jours – voire de quelques heures –, on voit se produire des émeutes, des lynchages, des assassinats : la société française s’effondre. Ce récit est-il destiné à rester une fiction, ou pensez-vous que le jour pourrait venir, où ce que vous avez décrit pourrait réellement arriver ? Il suffirait vraiment d’un coup de feu ? La société française serait dans un état à ce point critique ?

– Peu de gens le savent, parce que les médias le taisent, mais il est rare qu’il s’écoule une semaine sans un événement qui nous fasse passer très près d’un tel scénario. Tôt ou tard, le jour viendra où on n’en restera pas là, où un policier sera obligé d’utiliser son arme en légitime défense. Et à ce moment-là, il est fort probable que le contrôle nous échappe.

Dans les cités françaises, il y a des émeutes tous les soirs, que les médias, bien entendu, ne montrent pas. Il s’agit, pour l’instant, de mouvements qui ne sont pas encore coordonnés.

Mais il suffirait que les médias mettent en avant une bavure policière, et le baril de poudre pourrait exploser à tout instant.

Cet écrivain français est contraint de publier sous pseudonyme

– Vous avez commencé par écrire des rapports, des essais, puis vous êtes revenu avec un roman, intitulé Guerilla. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce livre ? L’expérience du quotidien en France ? Vouliez-vous faire connaître la direction qu’ont prise les processus socio-politiques, et les conséquences qu’ils pourraient avoir ? Etes-vous un prophète, ou juste un curieux ?

– C’est simplement la curiosité qui m’a guidé. Cela fait longtemps que je vois ce qui cloche, et que la situation se détériore de jour en jour. C’est un processus effrayant qui a démarré, et qui nous conduit au chaos. Certains lecteurs ont dit que j’étais un « visionnaire », mais moi, je suis juste un type qui regarde autour de lui et qui décrit ce qu’il voit. Au lieu de chercher à occulter le réel, comme les médias français mainstream, moi, j’énonce une vérité évidente, et cela suffit à donner l’impression que je serais doué de je ne sais quels pouvoirs extralucides …

– Au vu des événements provoqués en Amérique par la mort de George Floyd – le mouvement Black Lives Matter, les destructions de statues, l’effacement du passé –, ceux qui ont lu votre livre ont sûrement tous repensé au même mot : guérilla. C’est un livre sur la France, mais les processus que vous décrivez semblent être mondiaux.

– Tout à fait. Tous les États multiculturels sont confrontés à ces situations extrêmement explosives. Elles ne peuvent que s’aggraver du fait des conflits immanquablement provoqués par la coexistence de communautés différentes, qui amène les gens à perdre confiance en autrui. C’est à peine si des sociétés aussi hétérogènes méritent encore le nom de société.

– La France est soumise à une domination sans partage des médias libéraux. Quelle est la situation des médias de droite ? Vos réflexions, vos écrits – les vôtres, et ceux des intellectuels de droite qui vous ressemblent – sont-ils en mesure d’atteindre un public ? Je songe surtout au public des jeunes.

– Pas vraiment. Les médias de droite ont été exclus et acculés par les grandes entreprises médiatiques, les médias « officiels ». Quelques-uns, bien entendu, essaient de tenir le front, par exemple la revue Valeurs Actuelles. Ils ont aussi un journaliste très populaire en la personne d’Éric Zemmour, connu pour se dispenser des habitudes verbales de la correction politique. Mais ce sont des exceptions.

Dans l’ensemble, ceux qui ne rentrent pas dans le rang, n’écrivent pas ce que les libéraux exigent d’eux, ceux-là seront étiquetés, calomniés, soumis à divers chantages (à travers les membres de leur famille et/ou leur employeur), et finalement rayés de la carte médiatique.

– En 2010, en compagnie de Michel Houellebecq, vous avez été l’hôte du président Nicolas Sarkozy, pour un dîner à huis-clos. Houellebecq est aussi un écrivain très lu en Hongrie. Il est réputé avoir un caractère difficile. Comment se fait-il que ce soit à vous qu’il ait demandé de l’accompagner à ce dîner ?

– Houellebecq venait alors de recevoir le plus envié des prix littéraires français : le Goncourt. Il m’a choisi parce que mes travaux de cette époque l’intéressaient. Il m’a présenté à Sarkozy comme « le grand polémiste de demain ». Pour ma part, je serais assez content de ne pas avoir à « polémiquer » en permanence, mais l’époque que nous vivons ne me laisse pas vraiment d’autre choix …

– De votre point de vue, qu’est-ce qui constitue la menace la plus grave : la présence de l’Islam, la rapide croissance de leur population ou la mentalité défaitiste de la société libérale ?

– Le plus grand problème, c’est nous ! Nous acceptons tout, et confions notre sort à un État malhonnête, assistons sans rien faire à la destruction du système judiciaire et au monopole des médias libéraux, ni plus ni moins que nous assistons passivement à la conquête islamique et à l’immigration. Les Français devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour imposer leur volonté à la clique de déracinés qui gouverne en leur nom.

– Les personnages de vos romans font l’effet de stéréotypes : au début, on a l’impression qu’ils sont exagérés, que vous avez forcé le trait, mais, pour peu qu’on jette un œil aux réseaux sociaux, on se rend compte qu’un commentaire sur deux semble avoir été écrit par le personnage de Guerilla que vous avez appelé Zoé, ou par tel ou tel de ses semblables. Avez-vous intentionnellement créé des personnages-symboles, ou vous êtes-vous souvent inspiré de la vie réelle ?

– Ces personnages sont parfaitement réels, car la vie politique française pullule d’acteurs stéréotypés : le politicien, le journaliste, l’étudiant ou l’activiste – ils tiennent tous le discours auquel on doit s’attendre. C’est ce que nous appelons la communauté des lâches. Pour peindre cette fresque de notre époque, tout ce que j’ai eu à faire, c’est de les observer.

– Le second volume de Guerilla, intitulé Le temps des barbares, est sorti en traduction hongroise précisément le 29 octobre, au moment où avait lieu à la basilique Notre-Dame de Nice un attentat terroriste au cours duquel des islamistes ont décapité une chrétienne. Que pensez-vous de la vague de terreur de ces derniers temps en Europe ?

– Je dois constater que, même en comparaison des attentats précédents, les médias ont oublié cette attaque encore plus rapidement. En France, on parlait plus du policier qui avait renversé un migrant à Paris que des trois français massacrés à l’église de Nice. Lorsque le professeur de lycée Samuel Paty a été décapité, ils ont mis tout ça sur le compte de caricatures, ou de notre passé colonial. Peu importe que la même chose se soit produite en Autriche et en Suisse quelques jours plus tard. Le déni continue. Il y a quelques années, les médias libéraux français nous assuraient que les terroristes ne pouvaient pas se mêler aux migrants. Or, il s’avère que chacune des trois dernières attaques perpétrées sur le sol français a été commise par un migrant.

Les services secrets considèrent officiellement plus de quatre mille migrants dangereux comme des terroristes potentiels. De plus, plusieurs centaines d’entre eux sont présents illégalement sur le territoire ! En général, presque tous les terroristes sont issus de l’immigration. Statistiquement, l’immigration est la principale cause de terrorisme, et la principale raison de la détérioration de la sécurité publique.

– Dans Le temps des barbares, c’est une société combattant déjà pour sa survie, et les épreuves qu’elle traverse, que vous nous dépeignez. En période d’effondrement, les villes deviennent un enfer sans eau, sans électricité, sans ambulance ni police. La campagne est livrée à la prédation des bandes. En vous lisant, je me suis dit que Guerilla pouvait aussi servir de manuel de survie. Était-ce votre intention ?

– Oui, je veux attirer l’attention sur l’étendue de notre dépendance. Nous nous sommes trop habitués à déléguer nos responsabilités. La société nous fournit tout, mais en réalité, ce système est fragile, surtout en cas de cataclysme. Lorsque l’effondrement commencera, les citoyens seront laissés à eux-mêmes dans des conditions épouvantables. Et personne n’est préparé à cela.

– Connaissez-vous la Hongrie ? Que pensez-vous de notre pays ? Saviez-vous qu’il y a de plus en plus d’occidentaux – de français, de hollandais, d’allemands – qui s’installent chez nous ?

– Cela ne me surprend pas !

La Hongrie est un pays époustouflant – un pays qui n’a pas commis les erreurs de l’Occident, et semble avoir gardé la raison, résistant même aux chantages de l’Union européenne. En termes diplomatiques, c’est une option couteuse, dont il faut payer le prix, mais c’est le prix de l’indépendance et de la souveraineté.

C’est d’un pays comme celui-ci qu’ont envie mes compatriotes, qui sentent bien qu’ils comptent pour rien aux yeux de leurs propres dirigeants.

– Ici, en Hongrie, on commémore cette année les cent ans du traité de Trianon. Au terme de la Première Guerre mondiale, en 1920, c’est ce dictat, adopté avec la complicité de la France, qui a fait perdre à notre pays les deux tiers de son territoire, et un tiers de sa population de langue hongroise. Quand il est question des Français, ici, c’est toujours la première idée qui nous vient en tête. En aviez-vous entendu parler ? Qu’en pensez-vous ?

– C’est un épisode terrible de notre histoire. Tout ce que nous pouvons faire, nous autres Français, c’est de comprendre la légitime aigreur des Hongrois à cet égard.

J’imagine que ce n’est pas le peuple français que les Hongrois blâment (lui n’aurait jamais rien fait de tel), mais les politiciens qui nous dirigent – et ça, c’est une autre histoire…

– D’un point de vue moral, l’Union européenne est d’ores et déjà scindée : la Pologne et la Hongrie – et, plus généralement, le Groupe de Visegrád, et l’Europe centre-orientale – sont devenus la nouvelle « dissidence », qui refuse de faire allégeance aux doctrines sociétales libérales – droits LGBT, mariage gay, immigration, société ouverte etc.. A votre avis, sur quoi peuvent déboucher ces processus ? Pensez-vous qu’à l’Ouest il soit encore possible de renverser la tendance ?

– Le camp « progressiste » a à sa disposition l’effrayante force de frappe des médias libéraux, le système financier international, les entreprises multinationales, le monde de la culture, ainsi que la majorité des États et des géants technologiques. Cependant, les citoyens commencent, de leur côté, à ouvrir les yeux, si bien que le match sera serré. Je suis convaincu que rien n’est encore perdu : l’opinion publique pourrait basculer dans notre camp très rapidement.

Notre plus grand ennemi, c’est nous-mêmes : notre conformisme, notre résignation, notre manque de foi…

Si nous acceptons que tout est perdu et que nous ne faisons rien pour y remédier, la défaite est inévitable. Mais de nos jours, de plus en plus de Français en ont assez ; ils prennent brusquement conscience de leurs problèmes et se décident à changer le cours des choses.

– En Hongrie, les deux volumes de votre roman Guerilla ont beaucoup de succès. À votre avis, qu’est-ce qui prédispose les Hongrois à prêter attention à ce que vous dites ?

– Les Hongrois s’intéressent à ce qui se passe à l’Ouest, et ils ont raison. A l’heure actuelle, nous autres Français constituons le meilleur exemple de toutes les erreurs qu’on peut commettre.

En ce qui me concerne, je suis très fier d’être beaucoup lu dans un pays comme la Hongrie : un pays qui a les pieds sur terre.


Un éditeur hongrois présent dans tous les pays du Groupe de Visegrád

Magyar Nemzet découvre aussi à cette occasion que c’est l’éditeur hongrois de Guerilla qui fait aussi paraître l’ouvrage de Laurent Obertone en Tchéquie, en Slovaquie et en Pologne.

En notre qualité d’éditeur hongrois – nous dit Kárpátia Stúdió – il y a longtemps que nous aurions voulu être présents aussi dans ces trois pays, contribuant ainsi aussi à la reconnaissance internationale de notre pays, dans la mesure où c’est la première présence culturelle de ce type qui relève de la collaboration au sein du Groupe de Visegrád. Sur la scène politique mondiale, la Hongrie est l’une des principales locomotives de l’opposition à l’immigration illégale, et elle joue un rôle encore plus important dans la coopération au sein du Groupe de Visegrád. Ces efforts trouvent un complément adéquat dans des produits culturels qui, en partant de faits réels, attirent l’attention sur les dangers de l’immigration.

En Hongrie, la première partie du roman Guerilla (Le jour où tout s’embrasa) a été publiée par Kárpátia Stúdió en octobre 2019. Le volume a atteint quatre éditions successives en assez peu de temps. La traduction hongroise de la deuxième partie, intitulée Le temps des barbares, est parue en octobre 2020. Ces livres montrent avec une étonnante force descriptive l’issue possible de la trajectoire sur laquelle des politiciens irresponsables ont placé les pays d’Europe occidentale.

Et pourtant, les scènes les plus effrayantes du roman ne sont pas des évocations de la violence et de la destruction, mais celles où apparaissent les représentants d’une société passée par le lavage de cerveau libéral – les antifas, les extrémistes des droits de l’Homme, l’extrême-gauche. Eux, même confrontés à l’effondrement final qui se déchaîne sous leurs yeux, restent incapables de comprendre ce qu’ils ont fait à l’Europe.

 

Tamás Pataki

Traduit du hongrois par le Visegrád Post