Slovaquie – Les capacités des hôpitaux du pays étant durablement dépassées, Bratislava ayant demandé de l’aide à ses voisins européens, le gouvernement slovaque, fidèle à la stratégie vaccinale pour sortir de la crise, a décidé de suivre l’exemple de la Hongrie et d’acheter deux millions de doses du vaccin russe Sputnik V – disponible – sans que n’arrive le feu vert de Bruxelles. Le président, Zuzana Čaputová, n’est pas d’accord avec cette décision.
« Une situation sans précédent »
Après s’être entretenu le 2 mars avec la responsable de l’Inspection slovaque des médicaments (SÚKL), Zuzana Batová, au sujet de l’utilisation du vaccin russe Sputnik V que les services sanitaires slovaques n’ont pas encore pu tester – « situation sans précédent » selon Mme Batová –, le président slovaque a déclaré que « l’utilisation du vaccin russe n’est pas une expression de courage ou de succès diplomatique […].
Cela peut être davantage considéré comme une dérogation aux règles adoptées dans le domaine de la santé qui garantissent les normes de sécurité les plus élevées pour les citoyens ».
« Nous entendons depuis des semaines que lorsqu’il s’agit de vaccins, nous ne devons pas nous engager dans des jeux géopolitiques, et puis, lorsque le vaccin Sputnik V arrive en Slovaquie, il reçoit un accueil merveilleux » explique-t-elle en faisant allusion au fait que le premier ministre, Igor Matovič, a été réceptionner en personne la première cargaison de vaccins russes sur l’aéroport de Košice, alors qu’il n’en fit rien pour les vaccins occidentaux, tandis que des tensions ont également éclaté au sein de la coalition du fait de l’attitude de cavalier solitaire de M. Matovič sur cette question.
« Une solution alternative était indispensable »
De son côté, Igor Matovič défend son initiative de manière assez pragmatique :
« L’achat de vaccins en Russie était nécessaire car il n’y a pas assez de vaccins en provenance de Bruxelles […],
la situation épidémiologique dans le pays, le grand nombre de morts et le nombre de patients soignés dans les hôpitaux, rendent indispensable une solution alternative ».
La Slovaquie contourne les directives européennes
Ce faisant, la présidente du parti Za L’udí et vice-premier ministre, Veronika Remišová, a pour sa part déploré qu’avec l’autorisation du ministre de la Santé, la Slovaquie contournait les directives de la politique pharmaceutique européenne commune stipulant que seuls soient utilisés les vaccins approuvés par l’Agence européenne des médicaments (AEM) tandis que le ministre des Affaires étrangères, Ivan Korčok (SaS), parlait du vaccin Sputnik V comme d’un « instrument de guerre hybride » dirigé contre l’Occident.
Par contre, le vice-premier ministre tchèque Jan Hamáček a annoncé mardi que la Tchéquie ferait également l’acquisition de vaccins russes, car « cela offrira une opportunité à ceux qui [le] veulent ».