Hongrie – Quelques milliers de militants homosexuels ont manifesté hier ce lundi 14 juin en début de soirée sur la place Kossuth devant le parlement hongrois à Budapest pour protester contre la loi anti-pédophiles qui a été débattue et adoptée ce mardi 15 juin…
Opposition bigarrée à la loi anti-pédophiles
Les slogans des participants à cette manifestation à laquelle avaient appelé diverses associations, dont Amnesty International Hongrie, Budapest Pride, la Background Society, l’Association des lesbiennes Labrisz, le Comité hongrois d’Helsinki, la communauté Prizma et la Fondation pour les familles arc-en-ciel, ont grandement rivalisé de créativité. C’est ainsi qu’on pouvait lire « familles aimantes au lieu des mariages forcés », « La réalité ne peut pas être interdite », « Peut-être que votre fils est ici aussi », « L’amour appartient à tout le monde », voire même des jeux de mots du style « Pedofidesz », car selon les organisateurs de cette action de protestation, « Les députés du gouvernement ont présenté des propositions d’exclusion et haineuses visant à éliminer complétement les personnes LGBTQI de l’espace public et à interdire les programmes scolaires vitaux qui aident les jeunes à accéder à l’information et au soutien… »
LMP, MSZP, Párbeszéd et DK ont choisi de boycotter le vote
Une position claire que l’opposition de gauche a fait sienne. Le LMP (Verts), le MSZP (socialistes) et Párbeszéd (gauchistes) ont ainsi déclaré dans un communiqué commun : « l’Assemblée nationale veut voter des lois qui ne servent pas du tout les intérêts de la Hongrie et du peuple hongrois, mais incitent à la haine [des personnes LGBT], les méprisent et les stigmatisent, c’est pourquoi les factions LMP, MSZP et Párbeszéd boycottent les votes [qui auront lieu ce] mardi. Ils n’y participeront pas ». Un boycott auquel la Coalition démocratique (Demokratikus Koalíció, DK) de l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány a décidé de s’associer, estimant que
« le projet de loi du Fidesz concerne l’incitation, la stigmatisation, l’intimidation et la haine contre les personnes LGBTQ ».
De son côté, le Jobbik, principal parti de l’opposition – anciennement d’extrême-droite devenu centriste – a fait savoir qu’il voterait en faveur de la loi présentée par le Fidesz, tout en promettant de l’amender en temps et en heure.
Renforcement de la protection des mineurs
Cette loi de « renforcement des mesures contre les délinquants pédophiles et modifiant certaines lois pour protéger les enfants », déposée par le président du groupe parlementaire du Fidesz Máté Kocsis, vise notamment à mettre en place un registre national « consultable des personnes ayant commis des infractions sexuelles contre des enfants » dont le but est d’ « empêcher les pédophiles de se rapprocher à nouveau des enfants » et donc de prévenir la récidive. Comme M. Kocsis l’a déclaré, l’idée directrice de cette loi est que
« les enfants ont besoin d’être protégés et [que] les agresseurs doivent être frappés plus durement » : « Il n’y a aucune excuse pour les actes pédophiles. Ils doivent faire l’objet de représailles avec les peines les plus sévères, quelle que soit la manière dont ils sont commis ».
Interdire la propagande homosexuelle à destination des enfants
La loi que le Fidesz a fait adopter aujourd’hui prévoit ainsi de durcir les peines pour les actes
- commis à l’encontre d’enfants de moins de douze ans,
- commis par des fonctionnaires
- commis avec harcèlement et/ou violence
- commis par des récidivistes.
De même les personnes condamnées pour pédophilie seront désormais exclues de toutes les professions ou emplois liés d’une manière ou d’une autre aux activités sportives, de divertissement ou de loisirs des enfants.
Mais ce qui a suscité le boycott de l’opposition et la mobilisation de la militance LGBT, c’est que, pour protéger les mineurs, cette loi vise aussi à interdire et réprimer la propagande homosexuelle à destination des enfants. Ainsi, la promotion et l’affichage – y compris de manière indirecte par la publicité –, vis-à-vis de mineurs, de l’homosexualité ou des pratiques de « changement de sexe » seront interdits. En conséquence, toute propagande LGBT sera totalement exclue des établissements scolaires.