Pologne – Invité de l’émission « Rozmowy Piasecki » sur la chaîne d’information TVN24, le ministre polonais de la Santé, Adam Niedzielski, a annoncé ce mardi 19 avril que la Pologne avait fait joué la clause de force majeure pour se retirer du contrat liant les autorités du pays à BioNTech/Pfizer au sujet de la livraison de doses de vaccins contre le Covid.
En effet, en raison de l’amélioration de la situation de l’épidémie, la Pologne se retrouve avec des surstocks de vaccins et des difficultés pour les écouler : « C’est en fait l’un des principaux problèmes lorsqu’on parle de la situation du Covid.
Au départ, nous avons commencé à donner ou à vendre ces vaccins aux pays qui n’y avaient pas accès. Nous avons réussi à donner ou à vendre près de 30 millions de ces produits. La situation épidémique mondiale s’est tellement améliorée qu’il n’y a plus de demande ».
« Un manque total de flexibilité de la part des fabricants »
La Pologne a alors, dans un premier temps, « demandé à la Commission européenne, ainsi qu’aux principaux […] fabricants de vaccins, d’échelonner les livraisons […] prévues en grand nombre dans les prochains trimestres, […] pour donner plus de flexibilité […] à ces contrats. […]
Nous voulions étaler cet approvisionnement sur 10 ans et payer à réception des vaccins. Malheureusement, nous avons rencontré un manque total de flexibilité de la part des fabricants.
[…] À la fin de la semaine dernière, nous avons utilisé la clause de force majeure.
Nous avons informé la Commission européenne et le principal fabricant de vaccins que nous refusions d’accepter les vaccins pour l’instant et que nous refusions d’en effectuer les paiements »,
a expliqué M. Niedzielski qui a admis entamer de la sorte un « conflit juridique » avec BioNTech/Pfizer, tandis que des discussions vont également s’engager avec les autres fabricants : « Si nous ne voyons pas de flexibilité de l’autre côté, nous devrons utiliser les instruments juridiques les plus stricts ».
« La Commission comprend la position difficile de la Pologne »
Du côté de la Commission européenne, son porte-parole Stefan De Keersmaecker a expliqué que
« les États membres sont liés par des obligations contractuelles, mais la Commission comprend la position difficile dans laquelle se trouve la Pologne »,
en raison de l’accueil de plusieurs millions de réfugiés ukrainiens au cours des dernières semaines tandis que BioNTech et Pfizer se sont refusés à tout commentaire particulier.
Pour ce qui est de l’épidémie en général, le ministre polonais de la Santé estime que
« ce n’est pas la fin du Covid, il nous accompagnera tout le temps, […] mais nous pouvons nous sentir beaucoup plus à l’aise, car nous avons de vrais outils pour nous battre. […] Nous sommes [désormais] mieux à même de nous en occuper ».
Par ailleurs, M. Niedzielski a également annoncé dans la foulée que
la Pologne avait adopté une validité pour une durée indéterminée pour les passeports vaccinaux des personnes ayant reçu trois doses de vaccin anti-covid.