Pologne/Russie – Parallèlement à l’agression en cours contre l’Ukraine, et très vraisemblablement en raison du fait que Varsovie demeure le plus fidèle allié de Kiev, les autorités russes semblent multiplier les « initiatives » visant à faire monter les tensions autour de la Pologne.
La Pologne serait « une source de menace »
Ce vendredi 6 mai, lors d’une conférence de presse, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié l’attitude polonaise de « rhétorique hostile » et estimé que la Pologne pourrait bien devenir « une source de menace »… pour l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Et éventuellement une probable cible pour les forces russes par analogie en rapport avec la rhétorique russe vis-à-vis de l’Ukraine au cours des dernières années. Dans un entretien accordé précédemment à l’Associated Press, le président biélorusse Alexander Loukachenko avait même évoqué la possibilité que la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine (alliées ensemble…) puissent entrer en guerre avec la Pologne afin de préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine (!).
En réaction, l’un des porte-parole des services de sécurité polonais, Stanisław Żaryn, a tenu à mettre en garde contre le fait que
« le but des actions russes est de créer de la méfiance entre la Pologne et l’Ukraine, ainsi que de calomnier la Pologne et de la présenter comme un pays dangereux générant des conflits en Europe de l’Est ».
Désinformation sur les réseaux sociaux contre la Pologne et la Finlande
Bien entendu, la propagande et la désinformation sont massives, en particulier en temps de guerre, et de la part des deux camps. Parmi les plus récentes opérations d’influence et de propagande relevées sur les réseaux sociaux, on peut noter, ces derniers jours, une vidéo qui circulait affirmant que la Pologne s’apprêtait à intervenir contre l’armée russe dans l’ouest de l’Ukraine. D’autres vidéos prétendaient aussi montrer des convois de chars en Finlande – qui, traditionnellement neutre, envisage cependant sérieusement d’intégrer l’OTAN depuis le début de la guerre russo-ukrainienne.
Il est clair que la narration russe cherche à générer de la méfiance et de la zizanie entre la Pologne et l’Ukraine, tout comme, avec les mêmes affirmations de récupération de territoires, entre la Hongrie et l’Ukraine.
Une marche commémorative russe dans les rues de Varsovie ?
Alors que le 9 mai, la Russie célèbre la victoire de l’URSS contre l’Allemagne nationale-socialiste, l’ambassade de Russie avait prévu d’organiser une marche commémorative de la victoire de 1945 dans les rues de la capitale polonaise. Alerté par des rumeurs à ce sujet, le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski (PO, opposition progressiste) a adressé un courrier au ministre des Affaires étrangères, Zbigniew Rau, pour demander que le gouvernement n’apporte aucun soutien à une telle initiative et à « ne pas laisser l’événement se produire », sur quoi le vice-ministre des Affaires étrangères, Marcin Przydacz, a fait savoir que le gouvernement polonais
« n’avait pas l’intention d’apporter son soutien à l’ambassade de la Fédération de Russie [à ce sujet] et ne fournirait pas un tel soutien ».
Finalement, l’ambassade de Russie a certes maintenu son traditionnel dépôt de gerbe au cimetière soviétique mais a annulé son projet – somme toute provocateur dans le contexte actuel – de marche dans les rues de Varsovie.
Au cours de cette cérémonie, l’ambassadeur et une partie du personnel de l’ambassade ont été aspergés de peinture rouge par des manifestants les traitant de « fascistes ».