Hongrie/Pologne – L’agression russe contre l’Ukraine et les attitudes divergentes des gouvernements hongrois et polonais à ce sujet ont fortement affecté les relations polono-hongroises – traditionnellement excellentes – au cours des dernières semaines. Tandis que les autorités polonaises constituent le véritable fer de lance du soutien à l’Ukraine dans l’Union européenne, la Hongrie, elle, se retranche essentiellement derrière la défense de ses propres intérêts nationaux.
Des tensions dues à des approches différentes du conflit russo-ukrainien
Cette différence d’attitude entre Budapest et Varsovie avait notamment conduit à l’annulation de la visite du président hongrois János Áder, initialement prévue pour le 23 mars à Bochnia (Petite-Pologne), où il devait y inaugurer un monument en compagnie de son homologue polonais Andrzej Duda. De même, le 25 mars, le vice-Premier ministre polonais et président du PiS, Jarosław Kaczyński, avait officiellement exprimé à la radio son fort mécontentement à l’égard de l’attitude des dirigeants hongrois vis-à-vis de la guerre en Ukraine.
Initiative de Katalin Novák pour relancer les bonnes relations avec la Pologne
C’est dans ce contexte que la nouvelle présidente hongroise, Katalin Novák, dans son discours inaugural prononcé le 14 mai sur la place Kossuth devant le Parlement à Budapest, a pris l’initiative d’annoncer que son premier voyage officiel à l’étranger la mènerait, le mardi 17 mai, « à Varsovie pour [y] rencontrer le président de la Pologne », Andrzej Duda, qui a bien évidemment répondu favorablement à cette demande, les relations polono-hongroises constituant une priorité aussi bien à Varsovie qu’à Budapest.
À l’occasion de cette visite, le président polonais Andrzej Duda s’est déclaré « très heureux d’accueillir la présidente [hongroise] lors de sa première visite dans notre pays […] immédiatement après sa prestation de serment. […]
Le fait que la présidente ait décidé d’orienter de facto ses premiers pas ici, […] à Varsovie, pour me rencontrer, est un signe que l’amitié entre la Pologne et la Hongrie, entre les présidents polonais et hongrois se poursuivra – qu’il y a une telle volonté de la part de la présidente que j’accepte avec une grande joie.
La Pologne et la Hongrie partagent des « valeurs similaires »
Je peux dire sans hésiter que nous sommes des gens qui viennent d’un monde de valeurs similaires, d’idéaux similaires. […] Nous poursuivrons probablement une politique similaire dans nos pays ».
Andrzej Duda et Katalin Novák ont également évoqué les divergences de points de vue entre Varsovie et Budapest liées « à la guerre en Ukraine, à l’invasion russe de l’Ukraine et à tout ce que cet assaut a causé dans un monde qui semblait ordonné. Je dois admettre que […] la situation de la Pologne est en quelque sorte politiquement beaucoup plus simple que la situation de la Hongrie. Les liens de la Hongrie avec la Russie – y compris ceux de nature fondamentale pour l’économie hongroise – sont très forts et très difficiles à changer rapidement, ce qui est beaucoup plus simple en Pologne aujourd’hui. […]
Il sera très difficile pour la Hongrie de mener des activités de diversification, qui impliquent de gros investissements, si les fonds de relance européens sont bloqués pour la Hongrie, du reste comme pour la Pologne.
[…] Nous avons également discuté de la question de l’aide à l’Ukraine, principalement de l’aide humanitaire, ainsi que de l’aide aux réfugiés ukrainiens qui viennent dans nos deux pays ».
De son côté, Katalin Novák a souligné que
« la Pologne a un président et un gouvernement avec lesquels nous partageons et promouvons des valeurs communes »
et confirmé que le dialogue avait bien repris au plus haut niveau entre les deux pays alliés au sein du V4 : « La journée a été longue mais productive.
Je me suis rendue [à Varsovie] en tant qu’amie, mais je suis rentrée en tant qu’alliée du président Duda ».