Hongrie – En dépit des conflits récurrents envenimant les relations entre la Hongrie et l’Union européenne, il existe des questions sur lesquelles des rapprochements et des accords peuvent être obtenus, comme tout dernièrement au sujet de l’élargissement de la centrale nucléaire de Paks.
Ainsi, comme le ministre hongrois des Affaires étrangères et des Relations économiques extérieures, Péter Szijjártó, l’a communiqué ce jeudi 25 mai dans une vidéo tournée sur le tarmac de l’aéroport de Budapest et publiée sur son compte Facebook, la Commission européenne vient d’approuver les modifications négociées en avril à Moscou du contrat pour l’élargissement de cette centrale :
« La modification du contrat et le feu vert de l’UE permettront aux unités de Paks d’être opérationnelles au début de la prochaine décennie, les règles nucléaires les plus strictes étant appliquées pendant la construction. […]
Ce nouvel investissement à Paks garantira la sécurité à long terme de l’approvisionnement énergétique de la Hongrie. »
Selon le ministre, cela accélérera la construction de Paks 2.
La décision pour la Hongrie de se doter d’une centrale nucléaire remonte à 1966, alors que János Kádár était au pouvoir. La centrale est devenue pleinement opérationnelle en 1987, avec quatre réacteurs de type VVER-440/V213 d’une puissance totale de 2000MW aujourd’hui. En 2022, la centrale nucléaire de Paks a produit 44,7 % de l’électricité de Hongrie, et est ainsi la première source d’électricité pour le pays. Ses quatre réacteurs arriveront en fin de vie entre 2032 et 2037.
En 2014, Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a signé un accord avec le Président russe Vladimir Poutine pour construire deux nouveaux réacteurs de type VVER-1200, sous l’égide de l’énergéticien russe Rosatom, produisant chacun 1200 MW.
Le projet a pris du retard, notamment l’année dernière du fait des sanctions de l’Union européenne contre la Russie votées – y compris par la Hongrie, malgré son opposition de principe – suite à « l’opération spéciale » lancée contre l’Ukraine en février 2022. Cette situation a nécessité la renégociation du contrat, dont la modification a été signée en avril 2023 et vient donc d’être acceptée par la Commission européenne.
Paks 2 devait être opérationnel en 2025-2026. Le gouvernement allemand, où les Verts ont une influence importante, tente de bloquer le projet, en empêchant Siemens Energy de délivrer des éléments. Cela a poussé la Hongrie à couper les ponts avec Siemens, auprès de qui elle ne se fournira plus à l’avenir, notamment en trains.
Mais la conséquence la plus notable reste le rapprochement avec la France et le consortium Framatome, qui a obtenu le feu vert de Paris, pour une plus grande implication des Français dans la centrale nucléaire hongroise afin de contourner les blocages de l’Allemagne.