Varsovie rejette l’ultimatum de la Commission européenne, par Olivier Bault.
Pologne, Varsovie – Mercredi, la Commission européenne a lancé un ultimatum au gouvernement conservateur polonais, lui donnant jusqu’à lundi pour faire des propositions sur le règlement de son conflit avec son Tribunal constitutionnel. Le timing est assez surprenant, puisque des discussions entre le PiS au pouvoir et une partie de l’opposition venaient de déboucher sur de nouvelles propositions. La Commission européenne semble donc ne pas souhaiter un compromis puisqu’elle s’est rangée du côté de l’opposition libérale proche du président du Conseil européen Donald Tusk. C’est-à-dire du côté de ceux qui exerçaient le pouvoir jusqu’en octobre 2015 et qui sont à l’origine de l’actuelle crise constitutionnelle en Pologne.
La majorité parlementaire issue des élections polonaises du 25 octobre 2015 considère cela comme une ingérence intolérable de la part de Bruxelles et elle accuse la Commission d’envenimer un conflit qui ne peut trouver de solution qu’en vertu d’un accord politique entre Polonais. Un accord difficile à trouver quand les deux plus gros partis d’opposition, la Plateforme civique (PO) et Nowoczesna, comptent sur Bruxelles pour faire céder la majorité conservatrice et refusent donc tout compromis. Vendredi, la Diète polonaise votait une résolution pour soutenir l’action du gouvernement PiS et l’enjoignant de défendre fermement la souveraineté polonaise.
L’attitude de la Commission européenne est d’autant plus difficile à comprendre que la procédure de sanction pour non-respect de l’État de droit qu’elle menace d’enclencher n’a quasiment aucune chance d’aboutir. Elle nécessite en effet l’unanimité de tous les autres États membres au Conseil européen. Une unanimité impossible à obtenir, alors que la Hongrie a déjà fait savoir qu’elle voterait contre et qu’on imagine mal les autres pays du groupe de Visegrád voter en faveur de sanctions contre la Pologne.
Viktor Orbán, dont le pays est lui-même sorti victorieux de plusieurs années d’attaques de la part des institutions bruxelloises, a déclaré vendredi à la radio que Bruxelles ne gagnerait jamais cette bataille contre la Pologne. Il a qualifié la position de la Commission européenne d’injuste et a appelé Bruxelles à faire preuve de plus de respect vis-à-vis des Polonais. Le premier ministre hongrois a également déclaré refuser les diktats de bureaucrates bruxellois qui agissent aujourd’hui à l’encontre de la volonté des nations européennes.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères polonais Witold Waszczykowski s’est étonné de l’attitude de Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne chargé de l’Amélioration de la législation, des Relations inter-institutionnelles, de l’État de droit et de la Charte des droits fondamentaux. Timmermans est accusé par Waszczykowski d’avoir exprimé mardi, dans une conversation téléphonique avec le premier ministre Beata Szydło, sa satisfaction après les propositions de compromis avancées par le PiS, avant de demander le lendemain que la Commission européenne lance un ultimatum à la Pologne.