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Sommet de Bratislava : une Union divisée

Temps de lecture : 4 minutes

Slovaquie, Bratislava – Les dirigeants des États membres de l’UE se sont réunis le vendredi 16 Septembre pour discuter de l’avenir de l’UE sans le Royaume-Uni. Mais, alors que l’existence même de l’UE est en jeu, les dirigeants européens ont échoué à faire preuve d’unité. Des désaccords sur la question migratoire entre les membres de l’Ouest et de l’Est, et sur le budget entre les membres du Sud et du Nord ont continué de creuser des lignes de fracture.

Peu étaient ceux qui espèrent des changements réels à cette réunion non officielle des 27. Toutefois, on pourrait espérer d’un tel événement qu’il soit utile. En fin de compte, le sommet de Bratislava a été utile que pour mieux reconnaître certaines lignes de fracture entre les gouvernements et les politiques européennes.

Le château de Bratislava où s'est déroulée la rencontre le 16 septembre 2016.
Le château de Bratislava où s’est déroulée la rencontre le 16 septembre 2016.

La réunion a été organisée par la Slovaquie, qui préside actuellement le Conseil de l’UE. C’est la première fois que les dirigeants européens se sont réunis sans le Royaume-Uni pour discuter de l’avenir de l’Union européenne. Le trio de tête européen – Allemagne, France et Italie – n’a pas réussi à montrer l’exemple pour l’unité puisque le premier ministre italien a refusé de prendre part à la conférence de presse commune avec Angela Merkel et François Hollande, car selon Mateo Renzi, l’Europe doit abandonner l’austérité et que, lorsqu’il est question d’excédent commercial: «l’Allemagne ne respecte pas les règles », a rapporté la Repubblica.

En revanche, le groupe Visegrád a tenu une conférence de presse conjointe et a tenu bon lors de la réunion. Le V4 a fait une déclaration au sommet de Bratislava, dont ses messages clés étaient les suivants:

Moins de puissance pour Bruxelles, plus pour les parlements nationaux : il est nécessaire de renforcer le rôle des parlements nationaux et insister sur le respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité. Grâce à cela, l’Union sera mieux équipée pour légiférer et entreprendre des actions qui ont une valeur ajoutée pour les citoyens européens.

Ne pas ignorer les petits pays : il est nécessaire de trouver une solution qui permettra à tous les pays de se sentir à l’aise dans l’UE. Pour cette raison, les pays du Visegrád insistent sur le fait que l’intégration européenne est un projet commun et toutes les négociations devraient donc être inclusives et ouvertes à tous les États membres.

Oui à une coopération de défense de l’UE, mais pour l’instant, l’OTAN d’abord : nous devons renforcer la coopération pratique en matière de défense pour lui donner plus de substance sans dupliquer l’OTAN et mettre en œuvre sans tarder la Stratégie globale (de l’Union européenne, ndlr) avec un effort particulier pour rendre les éléments clés de la politique commune de sécurité et de défense véritablement fonctionnels. Le Conseil européen du mois de décembre devrait se prononcer sur le plan de mise en œuvre à cet égard.

La libre circulation est la raison pour laquelle les pays du Visegrád ont rejoint l’UE : une Union efficace a besoin d’améliorer la communication sur les avantages du marché unique et sur le véritable potentiel de ses quatre libertés, en particulier la libre circulation des personnes. Le marché unique est un projet d’intégration, ce qui profite à tous les pays de l’UE. Cela est toutefois pris aujourd’hui pour acquis. Il est nécessaire d’informer plus efficacement l’opinion publique sur les apports positifs du marché intérieur tout en améliorant l’application de ses règles afin d’éliminer le protectionnisme intra-UE.

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L’idée d’une armée européenne a également été discutée. Le président de la République française François Hollande, en pensant à la possibilité d’un retrait des USA en cas d’élection de Donald Trump, a encouragé à avancer sur ce projet. L’Europe pourrait tenir sur ses deux pieds, si besoin est, a-t-il dit. « Si les États-Unis font le choix de s’éloigner, l’Europe doit être capable de se défendre par elle-même, » a déclaré Hollande.

Pour conclure la journée, les dirigeants européens ont annoncé avoir une «feuille de route» pour les six prochains mois afin de regagner la confiance du public en l’Union européenne après le Brexit. « Nous avons une proposition de feuille de route pour des mesures concrètes afin de redonner confiance aux citoyens dans le fonctionnement de l’UE », a déclaré le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka.

Parmi les signes de dissidence, Viktor Orbán, malgré les avertissements du président de l’UE Tusk, a attaqué Bruxelles en affirmant que la politique d’immigration européenne était « auto-destructrice et naïve ». Aucun compromis n’a été atteint à Bratislava,et seul Orbán, a parlé de cet événement comme un échec. Il a soutenu la Bulgarie comme promis pour sa demande de 160 millions €, et a ensuite ajouté que les dirigeants des nations européennes le long de la route migratoire des Balkans – y compris l’Autriche et l’Allemagne – se réuniront à Vienne le 24 septembre pour trouver une voie à suivre.

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