Éditorial de Paweł Lisicki, rédacteur en chef de l’influent hebdomadaire conservateur polonais Do Rzeczy, publié – en polonais – dans le numéro du 22 mai 2017 sous le titre « Kto tu jest solidarny » (Qui est solidaire ici).
Traduit du polonais par Olivier Bault.
On aurait pu croire que le problème de l’accueil des réfugiés n’existe plus. Les dernières déclarations de la Commission européen européenne montrent toutefois qu’il n’en est pas ainsi. « La Hongrie, la Pologne et l’Autriche sont les seuls pays à ne pas avoir accueilli une seule personne dans le cadre de la relocalisation. Cela constitue une violation de leurs engagements vis-à-vis de la Grèce et de l’Italie et du principe de partage équitable des responsabilités », a annoncé la Commission il y a quelques jours. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, s’est exprimé de manière encore plus ferme. Selon lui, le gouvernement polonais se soustrait à la solidarité européenne en n’accueillant aucun réfugié dans le cadre du programme de relocalisation. L’ancien premier ministre polonais est même allé plus loin, puisqu’il a menacé la Pologne de « conséquences ». Personne n’a autant le mot « solidarité » à la bouche que les partisans de la relocalisation. À les entendre, la Pologne, la Hongrie et l’Autriche se sont avérés être des pays particulièrement égoïstes, motivés exclusivement par leurs intérêts étroits. Les éditorialistes favorables au projet de relocalisation parlent de honte, de déshonneur et de manque de compassion. Non moins émouvants sont les appels de ceux qui pointent un doigt accusateur vers Varsovie en clamant : comment est-ce possible que le pays qui a donné naissance au syndicat Solidarité puisse être à ce point privé d’empathie ?
La solidarité, c’est quand des gens ou des États sont prêts à porter ensemble des fardeaux. Mais peut-on vraiment invoquer ce principe de solidarité pour la politique d’immigration actuelle ? Ces appels à la solidarité ne masquent-ils pas au contraire le souhait de faire porter par plus faibles que soi les conséquences de sa propre incompétence ? Car qui, je vous le demande, porte la responsabilité de cette stupide politique des frontières ouvertes aux immigrants arrivant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ? Qui donc a invité en Europe ces centaines de milliers, ces millions d’immigrants ? Les Polonais ? Certes, les aléas de la géographie font que c’est en Italie et en Grèce que se trouvent aujourd’hui la majorité des immigrés clandestins. Néanmoins, les gouvernements italien et grec se défendent-ils vraiment contre cet afflux d’immigrants ? Les navires de la garde côtière italienne renvoient-ils les embarcations chargées de clandestins ? Le gouvernement italien lutte-t-il vraiment contre les violations du droit par les ONG qui mènent souvent ouvertement une véritable opération de transfert des « réfugiés » en Europe ? Bruxelles fait-elle preuve de détermination dans la défense des frontières européennes ?
Si toutes ces conditions étaient respectées, si vraiment l’objectif principal de Bruxelles était la protection des frontières et la défense de la civilisation occidentale, alors les leaders politiques européens auraient le droit d’exiger notre solidarité. Mais ce n’est pas le cas ! Le seul dirigeant sérieux dont le pays a été directement exposé à l’afflux d’immigrants étrangers et qui a vraiment cherché à protéger ses frontières, c’est le Hongrois Viktor Orbán. Et quelle a été la réaction des leaders européens ? Ils l’ont accusé de chauvinisme, de nationalisme et de xénophobie.
Ce n’est donc pas la solidarité qui est en jeu ici. Il s’agit de pouvoir faire payer ses propres erreurs aux autres. Il s’agit aussi d’une politique d’immigration consciente dont le but est que se développent d’importantes minorités musulmanes dans tous les États européens, y compris en Pologne. Le but n’est pas de défendre notre culture, notre civilisation, mais de la transformer, de créer dans tous les pays de l’Union européenne des sociétés multiculturelles. Accepter la relocalisation même de seulement quelques milliers de demandeurs d’asile, ce serait le premier pas vers la réalisation de cet objectif.
La solidarité, ce n’est pas payer les dettes des autres ni céder aux plus forts. Si le gouvernement polonais refuse de céder aux pressions de Bruxelles, cela montre justement qu’il traite sérieusement son devoir de solidarité. De solidarité avec les générations passées de Polonais et avec ses propres citoyens. Et aussi avec les Européens qui rejettent le projet utopique de la gauche et qui veulent conserver ce qu’il leur reste de leur identité chrétienne.
Paweł Lisicki