Par Olivier Bault.
Pologne – C’est avec cette rentrée scolaire qu’entre en vigueur la réforme de l’éducation annoncée de longue date par le parti conservateur Droit et Justice (PiS) puisque c’était un élément du programme électoral qui l’a porté au pouvoir à l’automne 2015. Désormais, il n’y a plus de collèges en Pologne. Le pays est revenu au système en vigueur jusqu’en 1998 : 8 ans d’école primaire et 4 ans de lycée d’enseignement général ou technique (au lieu de 6 ans d’école primaire, 3 ans de collège et 3 ans de lycée). Malgré les protestations du syndicat d’enseignants ZNP, de gauche, qui avait déjà protesté contre la création des collèges en 1999, et celles du KOD qui est de toutes les manifestations contre le PiS, de nombreux professionnels de l’éducation et de nombreux parents sont favorables à cette réforme.
J’ajouterais à titre personnel que la direction et les enseignants de l’école privée catholique fréquentée par mes propres enfants à Varsovie y sont massivement favorables malgré les problèmes logistiques et organisationnels que ce changement majeur leur cause, puisque cet établissement scolaire regroupait une école primaire hors contrat et un collège sous contrat. Il y aura certainement de nombreux couacs, comme il y en avait eu en 1999, du fait de cette réorganisation et de ses conséquences logistiques. Alors pourquoi vouloir supprimer les collèges créés il y a 18 ans ? Tout simplement parce que les collégiens se retrouvaient à l’âge le plus bête dans un milieu où ils ne connaissaient pas forcément grand monde et avec de nouveaux enseignants qui ne savaient rien d’eux. Cela posait de gros problèmes de discipline (et parfois de drogue, délinquance, etc.), ce qui ne permettait pas d’avoir les conditions d’enseignement les plus favorables. Dans un pays comme la Pologne où les enfants sont d’autant plus respectés qu’ils sont petits, avec une école primaire qui dure jusqu’au lycée, la présence d’élèves plus jeunes a un effet généralement bénéfique sur le comportement des élèves à l’âge du collège. Autre atout majeur, ils sont pour la plupart connus du corps enseignant depuis les plus petites classes, ce qui est également un élément favorisant le respect et la compréhension mutuels, et donc la discipline et de bonnes conditions d’enseignement.
Autre changement important, mais qui survient généralement avec l’arrivée de tout nouveau gouvernement (la Pologne ne fait pas exception dans ce domaine), les programmes scolaires ont été revus. Lors de cette rentrée 2017, seule l’école primaire est concernée. Les lycées devront attendre la rentrée 2019. L’enseignement de l’histoire est remis à l’honneur, avec un retour à une organisation chronologique plutôt que thématique et avec un accent plus important mis sur l’histoire de la Pologne. L’histoire des « soldats maudits », ces résistants polonais de la Seconde guerre mondiale qui ont continué leur lutte contre l’occupant soviétique et le régime communiste jusqu’au début des années 60, fait son apparition dans les manuels scolaires. L’histoire est aussi à nouveau une matière séparée des sciences sociales. Contrairement à ce qui a été dit par certains médias français, Lech Walesa n’a pas disparu des manuels. Il n’est pas nommément mentionné dans les nouveaux programmes, mais il ne l’était pas non plus dans les anciens : c’est l’histoire du syndicat Solidarité qui apparaît en toute logique dans ces programmes puisqu’il s’agit uniquement d’un cadre général laissant beaucoup de liberté aux professeurs. Contrairement à ce que prétendent aussi certains médias français, la théorie de l’évolution n’a pas disparu des programmes de biologie : c’est une des huit grandes thématiques abordées en biologie dans le nouveau cursus du primaire. Par rapport aux anciens programmes qui avaient été mis en place par les gouvernements « libéraux » au pouvoir de 2007 à 2015, certaines œuvres classiques majeures sont remises à l’honneur en cours de polonais et une place plus importante est donnée aux mathématiques et aux langues étrangères.
Il manque par contre un volet important à la réforme de la ministre de l’Éducation Anna Zalewska : l’instauration d’un système de sanctions disciplinaires totalement inexistant dans les écoles polonaises. En cela, le PiS ne respecte pas sa promesse puisqu’il se disait favorable à la mise en place d’un tel système avant les élections de 2015.