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Cette fois, la route des Balkans est déjà fermée

Temps de lecture : 2 minutes

Par Olivier Bault.

Article originellement paru en français dans le quotidien Présent.

Europe centrale et Balkans – Faut-il craindre un nouveau tsunami migratoire comme en 2015 ?

Il n’est pas inutile de rappeler les mots du directeur de Frontex lui-même dans une déclaration aux sénateurs français faite en juin 2016. Pour Fabrice Leggeri, la très forte réduction du nombre d’arrivées par la route de la Méditerranée orientale au début de l’année 2016 était due au « double effet de la fermeture des frontières sur la route des Balkans et de l’entrée en vigueur, le 20 mars, de l’accord passé entre l’UE et la Turquie». Or la fermeture des frontières nationales dans les Balkans était consécutive, par effet dominos, à la fermeture des frontières de l’Autriche en février 2016 appuyée par une action commune du V4 (Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie) en soutien aux pays des Balkans, peu avant l’accord signé en mars avec la Turquie.

À l’époque, Berlin avait critiqué la décision de Vienne. Aujourd’hui, l’Allemagne a changé d’attitude et le porte-parole du gouvernement de Merkel a redit lundi que la route de l’UE est et restera fermée, contrairement à ce que les autorités turques font croire aux « migrants ». « Mutti Merkel » ne demande pas non plus à la Grèce d’ouvrir ses frontières comme elle l’avait fait vis-à-vis de la Hongrie en 2015-16, même si son gouvernement est critiqué par des personnalités de droite et du centre, de l’AfD au FDP en passant par la CDU, estimant qu’il devrait être encore plus ferme dans ses déclarations et dans son soutien à la Grèce et à la Bulgarie.

La Bulgarie n’est certes pas encore affectée, mais elle a malgré tout déployé 300 soldats et 50 gardes-frontière supplémentaires le long de ses 259 kilomètres de frontière avec la Turquie, équipés d’une clôture (qui date d’avant la fameuse clôture frontalière hongroise si critiquée). Le ministère de la Défense bulgare envisage de détacher encore un millier de soldats de plus.

La Hongrie, qui était déjà sous pression en raison des « migrants » déjà amassés sur la route des Balkans avant le nouvel assaut organisé par la Turquie, va encore plus loin : elle a annoncé comme la Grèce la suspension des demandes d’asile, en interdisant l’accès à ses centres fermés pour demandeurs d’asile pour les nouveaux requérants. Les autorités hongroises brandissent le risque de propagation du coronavirus, nombre de demandeurs d’asile provenant de pays à risque (Afghanistan, territoires palestiniens, Iran…).

De même l’Autriche a, par la voix du chancelier Sebastian Kurz, confirmé que les « migrants » qui parviendront à sa frontière seront stoppés. Son ministre de l’Intérieur Karl Nehammer a également exprimé son soutien aux efforts de la Hongrie et de la Croatie en vue de sécuriser leurs frontières respectives. La Croatie, qui laissait passer les « migrants » en 2015, ne peut plus en faire autant aujourd’hui, la Slovénie ayant elle aussi dressé une clôture sur sa frontière septentrionale. Le premier ministre croate Andrej Plenkovic a promis lundi que, cette fois, son pays ferait tout pour protéger sa partie de la frontière extérieure de l’UE.  La Serbie, qui laissait elle aussi les « migrants » traverser son territoire en 2015, a par conséquent annoncé qu’elle allait elle aussi renforcer ses contrôles aux frontières.