Article paru dans le Magyar Nemzet le 6 août 2020.
Katalin Cseh exige des fonds européens pour la presse d’opposition.
La presse hongroise est très diverse, et, pour la plupart des titres, franchement critique à l’encontre du gouvernement. La recommandation de Katalin Cseh n’a donc pas d’autre objet que celui de réclamer que la souveraineté hongroise soit limitée de l’extérieur, afin que la gauche hongroise, sous la houlette de Ferenc Gyurcsány et du Momentum, puisse arriver au pouvoir – a déclaré à Magyar Nemzet le directeur des relations publiques du FIDESZ, commentant le fait que cette eurodéputée élue sous les couleurs du Momentum réclame des fonds européens pour financer la presse d’opposition hongroise. Confiant lui aussi ses réflexions à Magyar Nemzet, Örs Farkas, porte-parole du gouvernement, a souligné que c’est aux gouvernements démocratiquement élus des Etats-membres de décider de l’usage des fonds européens.
« L’UE doit elle aussi dépenser de l’argent pour soutenir la liberté de la presse en Hongrie » – écrit Katalin Cseh dans l’éditorial qu’a publié Politico. D’après cette eurodéputée du parti Momentum, en provoquant le départ de Szabolcs Dull, rédacteur en chef du site Index, les oligarques alliés à Viktor Orbán étouffent le dernier bastion de la presse hongroise indépendante. Et si Bruxelles décide d’assister à cela sans rien faire, l’UE se sera rendue complice de l’indigne liquidation des restes de la liberté d’expression en Hongrie. Par contre, si ce qui reste de presse autonome continue à présenter un intérêt pour la communauté, l’UE doit participer à son financement – affirme Katalin Cseh, qui, sur sa page d’un réseau social, enfonce le clou : « Si l’élite politique européenne de centre-gauche ne veut pas se rendre complice de la liquidation de la liberté de la presse en Hongrie, le moment est venu pour elle d’agir : qu’on exclue enfin le FIDESZ du Parti Populaire Européen (PPE), afin qu’il soit enfin empêché d’opposer un obstacle aux actions communes de l’Union ! » Dans son article de Politico, mademoiselle Cseh s’abstient tout naturellement de mentionner le fait que l’explosion en vol du site Index est avant tout la conséquence de conflits internes à la gauche hongroise, et que Szabolcs Dull a en réalité été congédié pour violation du secret commercial, après quoi son premier soin a été d’avoir une conversation avec Klára Dobrev.
Elle a aussi omis de rapporter qu’après des mois passés à travailler au corps son lectorat de gauche libérale en serinant le slogan « il n’y en a pas d’autre », les journalistes qui viennent de quitter Index font maintenant campagne sur Facebook sous le slogan « il y en aura un autre » – c’est-à-dire que tout semble indiquer qu’il s’agit en réalité d’un « scandale » prémédité et sciemment mis en scène. Quant au rédacteur en chef du site Átlátszó.hu (« transparent.hu »), Tamás Bodoky, qu’on peut difficilement soupçonner de sympathie pour le gouvernement hongrois actuel, il a récemment déclaré que : « Dans cette histoire d’Index, il est certain que la concurrence – à savoir non seulement 444, mais peut-être aussi HVG et 24.hu – a bien dû souffler un peu sur les braises du conflit, parce qu’en cas d’effondrement ou de recul du site Index, d’un point de vue commercial, ils ont tout à y gagner. »
La gauche hongroise compte sur l’aide étrangère pour prendre le pouvoir
– « Ce n’est pas la première fois que la gauche hongroise réclame de l’aide de l’étranger pour pouvoir gagner les élections : elle le fait souvent – a déclaré à Magyar Nemzet István Hollik, directeur des relations publiques du FIDESZ. – Une fois de plus, la politique partisane prend le pas sur l’intérêt national, car Katalin Cseh sait aussi bien que nous que la Hongrie respecte la liberté de la presse : tout un chacun a la liberté d’écrire ce qu’il veut. – La presse hongroise est très diverse, et, pour la plupart des titres, franchement critique à l’encontre du gouvernement. La recommandation de Katalin Cseh n’a donc pas d’autre objet que celui de réclamer que la souveraineté hongroise soit limitée de l’extérieur, afin que la gauche hongroise, sous la houlette de Ferenc Gyurcsány et du Momentum, puisse arriver au pouvoir. » – « Le gouvernement hongrois pense que c’est aux gouvernements démocratiquement élus des Etats-membres de décider de l’usage des fonds européens. » – nous a confié Örs Farkas, porte-parole du Centre d’Information du Gouvernement, qui ajoute que : « Cela fait des années que la gauche s’essaie à ce petit jeu ; ils trouvent toujours un prétexte exploitable dans l’espoir d’arriver à leurs fins – le dernier en date étant cette affaire du site Index, avec laquelle le gouvernement n’a pourtant rien à voir.
Nouveau soutien au mécanisme de l’état de droit
« L’éditorial de Katalin Cseh n’a en vérité pas pour objet la liberté de la presse, en dépit des efforts de son auteur en vue d’en donner l’impression. Quand bien même elle construit son argumentaire sur les évènements qui ont récemment concerné le site Index, le lecteur s’aperçoit vite qu’il s’agit en réalité d’un nouveau soutien apporté au mécanisme de l’état de droit, maquillé en campagne pour la liberté de la presse » – déclare à Magyar Nemzet Rezső Krisztián Erdélyi. Cet analyste de l’institut de sondage Nézőpont souligne que l’argumentaire en faveur de la liberté de la presse, selon lequel l’affaire entourant le site Index a fait tomber l’un des derniers bastions de la presse hongroise indépendante, cède rapidement la place à des rengaines plus classiques : celle de la fermeture « politiquement motivée » de l’Université d’Europe centrale (CEU), ou encore le débat entourant l’attribution – bel et bien politique, quant à elle – des subventions du Fonds norvégien. « Il est également révélateur qu’elle classe l’attribution de subsides qu’elle croit nécessaires à l’existence d’une presse hongroise indépendante dans la même catégorie que le retrait de fonds à celles des villes polonaises qui rejettent l’idéologie LGBTQ » – ajoute Rezső Krisztián Erdélyi. Selon lui, Katalin Cseh est elle-même obligée d’admettre qu’il existe d’ores et déjà des ressources pour l’obtention desquelles certains médias peuvent s’adresser directement à l’UE, et qu’elles ont même été augmentées du fait de l’épidémie. « Cependant – poursuit l’analyste – elle omet de poser une question fondamentale : si un média est incapable de survivre sur le marché, est-il raisonnable de le placer sous respirateur artificiel aux frais du contribuable européen ? Elle se contredit également en faisant d’une part mine de s’inquiéter de la liberté de la presse, tout en déclarant d’autre part que la solution consisterait en un mécanisme qui placerait automatiquement les fonds sous le contrôle direct de l’UE en cas de violation des exigences – dont le détail n’a jamais été défini – de l’état de droit. »
On veut punir les « récalcitrants » en vertu de concepts brumeux
Selon Rezső Krisztián Erdélyi, il s’agit bien plutôt de punir, en vertu de concepts jamais clarifiés, les États-membres qui adoptent une position différente de celle de Bruxelles, que ce soit sur la question des frontières, de la famille ou de toute valeur soumise à ces attaques constantes. – « Cependant, il convient de rappeler que l’UE est une confédération d’États-membres. En conséquence, la décision finale sur les questions les plus importantes doit être prise par les dirigeants élus des États. Si l’Union veut distribuer de l’argent à des acteurs d’un niveau inférieur ou supérieur à celui des États, qu’il s’agisse de médias ou d’organisations internationales de la société dite civile, elle peut d’ores et déjà le faire : pour s’en assurer, il suffit de feuilleter le bilan financier de toute ONG d’une certaine taille. En revanche, l’argumentation de Katalin Cseh et d’une partie importante de l’opposition hongroise va à l’encontre de cette idée : le projet consistant à monopoliser au profit d’une élite libérale déconnectée du réel, sous prétexte du soi-disant non-respect de critères ambigus relatifs à l’état de droit, les sommes destinées au développement des États-membres signifierait la fin de l’Union européenne sous sa forme actuelle ».
« Le Momentum poursuit la pratique, devenue habituelle ces derniers temps, qui consiste à inciter Bruxelles à s’en prendre à la Hongrie » – c’est ainsi que Balázs Hidvéghi, député FIDESZ au PE, réagit à l’article de Katalin Cseh dans Politico. Répondant à nos questions, il explique : « L’affaire Index n’est qu’un épisode de plus dans une série, mise en scène par l’opposition, qui est décidée à noircir le gouvernement hongrois par tous les moyens existants. Ils prétendent que les normes démocratiques sont violées en Hongrie, alors que c’est le contraire qui est vrai. Nous avons l’un des niveaux de soutien électoral les plus élevés d’Europe et gérons le pays avec succès. Notre récent combat contre le coronavirus en constitue également un excellent exemple. » Concernant le souhait, exprimé par Cseh, de voir le FIDESZ exclu du PPE, Hidvéghi répond : « Il est évident qu’il est de l’intérêt de la gauche d’affaiblir le PPE, et d’y aggraver les conflits internes. » Selon lui, l’article de Katalin Cseh s’inscrit également dans cette perspective.
Traduit du hongrois par le Visegrád Post