Pologne/Hongrie – Que ce soit au sujet des migrants, de l’état de droit, de l’homosexualisme, etc., certains dirigeants européens semblent avoir comme unique préoccupation d’imposer à tout prix leur vision « progressiste » à l’ensemble des pays de l’Union, et notamment aux pays majoritairement conservateurs que sont la Hongrie et la Pologne. Ainsi la questions desdits « droits LGBT » est à nouveau à l’ordre du jour.
« le défenseur des droits est le dernier bastion »
Dans un entretien publié ce mardi 9 mars par le quotidien polonais Dziennik Gazeta Prawna, la vice-présidente de la Commission européenne chargée des Valeurs et de la Transparence, Věra Jourová, s’en est à nouveau pris au gouvernement polonais de Mateusz Morawiecki. Dans un tour d’horizon des conflits entre Bruxelles et Varsovie, ou plutôt des divers angles d’attaques de l’UE contre la Pologne, Mme Jourová a tout d’abord évoqué la question du défenseur des droits : « Certains experts polonais [des parlementaires de l’opposition, ndlr.] me disent que
le défenseur des droits est le dernier bastion sur lequel peuvent compter ceux qui recherchent un traitement honnête de leur dossier, sans préjugés et sous l’influence du discours politique. C’est pourquoi j’ai décidé de m’impliquer dans cette affaire en envoyant une lettre aux autorités polonaises »,
a-t-elle déclaré, rappelant au passage qu’à son point de vue, le droit européen primait en tout état de cause sur le droit des États membres – comme si ces derniers n’étaient plus des États souverains mais de simples États fédérés (comme la Bavière au sein de l’Allemagne fédérale). Cette question lui permet d’aborder celle de l’état de droit – dont Bruxelles a une conception différente de celle de certains États membres à qui la Commission tente là aussi d’imposer ses vues : « Lorsqu’on me demande parfois comment résoudre le problème de l’état de droit en Pologne et en Hongrie, je souligne les outils dont dispose la Commission », des « outils » dont elle se targue d’avoir déjà usé :
« Nous avons déjà les outils pour réagir dans de telles situations. L’année dernière, les fonds destinés à six municipalités polonaises qui avaient de telles résolutions ont été bloqués.
C’est une règle contraignante. L’argent européen va à des projets non discriminatoires » a-t-elle expliqué, reconnaissant cependant certaines limites à ses compétences – tout en les déplorant – sur la question – actuellement montée en épingle par ailleurs – de l’avortement – qu’elle considère également comme un « droit » : « Les manifestations sont provoquées par des lois en vertu desquelles l’UE n’a aucune compétence. Je ne peux pas ouvrir d’enquête à ce sujet. Et je dis cela avec regret, car en tant que femme du 21ème siècle, je dois dire que la loi sur l’avortement en Pologne n’est pas contre l’avortement, elle est contre les gens, les femmes et les hommes », affirme-t-elle.
« Les droits LGBTIQ sont des droits humains »
C’est dans ce contexte que la prochaine session plénière du Parlement européen doit se pencher sur la question des « droits » LGBTIQ en Pologne et en Hongrie, les députés devant notamment débattre d’une résolution parlementaire condamnant la déclaration polonaise de « zones sans LGBTI » – une dénomination à vrai dire inexacte puisque si une centaine de collectivités polonaises (communes ou arrondissements) se sont déclarées « libres d’idéologie LGBT », elles ne se sont aucunement déclarées « zones sans LGBT », comme le député européen polonais Patryk Jaki (PiS) l’a rappelé récemment dans un entretien accordé au magazine wPolityce. À ce sujet, un représentant du groupe des Verts a notamment déclaré :
« Tout le monde devrait jouir de la même liberté de vivre et de montrer publiquement son orientation sexuelle, son identité de genre, son expression de genre et ses caractéristiques sexuelles sans crainte de discrimination ou de persécution […]. Les droits LGBTIQ sont des droits humains.
L’égalité de traitement et la non-discrimination sont des droits inscrits dans les traités de l’UE et dans la Charte des droits fondamentaux ». Tandis que le député socialiste maltais Cyrus Engerer explique qu’avec « cette résolution, nous entendons apporter notre soutien à la dénonciation de l’atroce création de « zones sans LGBTI » en Pologne, une action qui risque de ramener l’Europe à ses âges les plus sombres. […]
Dans cette résolution, nous exigeons que le Conseil et la Commission prennent des mesures contre tout gouvernement qui va à l’encontre de ces valeurs de l’Union européenne et dénoncent toutes les tentatives de discrimination à l’encontre des personnes fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, que ce soit en Pologne, en Hongrie ou ailleurs dans l’Union européenne ».
« la liberté pour toutes les personnes LGBTIQ n’est pas encore une réalité dans l’UE »
La députée verte allemande Theresa (Terry) Reintke, co-présidente de « l’intergroupe LGBTI » (sic) du Parlement européen, va même plus loin et affirme que le parlement doit « faire de l’Union européenne une zone de liberté LGBTIQ. Dans tous les groupes politiques, nous envoyons un signal fort contre la haine et l’agitation et ouvrons la porte à des initiatives à l’échelle de l’Union européenne en matière de liberté, d’égalité et de diversité. […] Malheureusement, la liberté pour toutes les personnes LGBTIQ n’est pas encore une réalité dans l’UE. C’est pourquoi nous n’arrêterons pas de nous battre pour défendre les valeurs européennes ».
Ce même thème des prétendues « zones sans LGBT » était également au menu du voyage en Pologne, cette semaine, du secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, qui – en révélant lui-même publiquement son homosexualité dans le magazine gay Têtu en décembre dernier – avait annoncé vouloir se rendre à Kraśnik, une ville de la voïvodie de Lublin (sud-est de la Pologne). Or celui-ci prétend que les autorités polonaises lui auraient refusé l’accès à la ville de Kraśnik : « Les autorités polonaises m’ont récemment indiqué qu’elles n’étaient pas en mesure de planifier cette visite, et je le regrette profondément. C’est une décision que je déplore », a-t-il ainsi déclaré au Nouvel Observateur. En fait, comme le reconnaît l’entourage de M. Beaune, la visite à Kraśnik n’a « pas été bien accueillie [par les autorités polonaises] compte tenu des difficultés de la situation sanitaire ». Clément Beaune persiste néanmoins et explique que s’il a « décidé de maintenir [sa] visite en Pologne, c’est parce qu’un autre sujet – tout aussi important à [ses] yeux – a émergé : celui du droit des femmes à l’avortement ».