Slovaquie – Dialogue de sourds au sein du gouvernement slovaque. La crise gouvernementale slovaque – provoquée et alimentée tant par les actions non concertées et déclarations irréfléchies du premier ministre Igor Matovič que par ses trois partenaires de coalition – n’en finit de s’envenimer. Dernier épisode en date ce dimanche 21 mars, l’offre de démission sous conditions d’Igor Matovič de son poste de premier ministre.
Démission sous conditions
Igor Matovič a ainsi convoqué une conférence de presse extraordinaire ce dimanche pour annoncer sa possible démission et adresser – par voie de presse – à ses partenaires de coalition une longue liste de conditions, dont le départ du vice-premier ministre et ministre de l’Économie, Richard Sulík, président du parti libéral Liberté et Solidarité (Sloboda a Solidarita, SaS), du président de la commission parlementaire de la Santé, Jana Bittó-Cigániková (SaS), du ministre de la Justice, Mária Kolíková (Za L’udí) et du vice-président du Conseil national (parlement), Juraj Šeliga (Za L’udí), tandis qu’abandonnant certes le poste de premier ministre, Igor Matovič entend néanmoins rester au gouvernement. Enfin, il propose un remaniement des ministères sur la base du résultat des législatives de 2020 : « Si les partenaires de la coalition respectent les engagements qu’ils ont publiquement déclarés et sur lesquels nos revendications sont fondées, je suis prêt à démissionner de mes fonctions de premier ministre de la République slovaque […]
nous sommes également conscients que l’avenir de la Slovaquie et la poursuite du fonctionnement d’un gouvernement démocratique et non d’un gouvernement mafieux sont bien plus importants que n’importe quelle position individuelle ».
« Matovič n’est pas qualifié »
La réaction du parti Liberté et Solidarité (SaS) ne s’est pas fait attendre :
« Tout le monde voit depuis de nombreux mois qu’Igor Matovič n’est pas qualifié pour diriger le gouvernement et c’est pourquoi nous demandons [un remaniement]
sur le plan de base de la coalition d’aujourd’hui, qui est défini dans l’accord de coalition. C’est pourquoi nous ne voyons aucune raison de [rendre] un ministère fonctionnel et bien géré » à OL’aNO, le parti d’Igor Matovič, ont ainsi déclaré conjointement Richard Sulík et les deux vice-présidents de son parti, Branislav Gröhling et Karol Galek. « Afin de faciliter le départ du premier ministre du gouvernement, j’ai également proposé mon départ du gouvernement. Cette offre est toujours valable. Cependant, si Igor Matovič devait diriger certains des ministères existants appartenant à OL’aNO, mon offre est logiquement inutile », a poursuivi Richard Sulík.
La popularité du gouvernement est au plus bas
« La crise de la coalition se prolonge inutilement grâce au silence d’Igor Matovič pendant plus d’une semaine, […]
Nous sommes en faveur de mettre fin à la crise de la coalition, qui est actuellement entre les mains des représentants du mouvement OL’aNO, et de se concentrer le plus rapidement possible sur les vrais problèmes de la Slovaquie »,
ont aussi ajouté MM. Gröhling et Galek. En attendant, l’ultimatum de SaS expire ce mercredi 24 mars, date à laquelle le parti libéral quittera le gouvernement slovaque si aucun accord n’est trouvé d’ici là au sein de la coalition – un départ qui n’entraînerait pas forcément la perte de la majorité au parlement –, tandis que la popularité du gouvernement continue également de dégringoler : selon un sondage publié ce 21 mars, seulement 14% des Slovaques se déclarent actuellement satisfaits de leur gouvernement, contre plus de 80% qui se déclarent insatisfaits.