Tchéquie – Après avoir connu une surmortalité importante en janvier et février par rapport aux dernières années, avec l’arrivée du printemps, le gouvernement d’Andrej Babiš a approuvé hier un premier volet d’assouplissements des mesures covidiennes jusqu’alors en vigueur sur les rives de la Moldau.
51% de surmortalité en janvier, 36% en février
Si l’on en croit les données publiées le 6 avril par l’Office tchèque de statistiques (Český statistický úřad), au mois de février 2021, la mortalité en Bohême et Moravie aura dépassé de plus du tiers la moyenne des cinq dernières années : 13 500 décès ont été recensés en tout, soit 36% de plus que la moyenne des années 2015 à 2019. Le taux de mortalité du mois de janvier ayant déjà été supérieur de 51% à la moyenne des cinq dernières années, tandis que la région de Karlovy Vary (Karlsbad) présente même pour février un mortalité de 2,7 fois supérieur à la normale. Une surmortalité logiquement imputée à la présente pandémie de coronavirus. Tout comme les autres pays du groupe de Visegrád, la Tchéquie subit aujourd’hui une surmortalité importante alors que l’an dernier le V4 semblait épargné.
En vérité, les pays du V4, structurellement similaires pour ce qui est notamment des systèmes de santé, payent aujourd’hui un an de dénis de soins – très peu de médecine libérale en Europe centrale – à des populations vieillissantes et dont la santé générale a été terriblement dégradée depuis la fin du communisme qui a amené l’explosion des modes de vie sédentaires et l’invasion de la malbouffe. La Tchéquie par exemple, d’après l’OMS, est le pays de l’UE avec le plus haut taux d’obésité (26,8% d’obèses en 2014).
Réouverture des écoles primaires le 12 avril
L’état d’urgence expirant le 11 avril, à la fin de la semaine, celui-ci ne devrait pas être prolongé et les écoles primaires rouvriront le lundi 12 avril, tandis que le couvre-feu sera levé, de même que les restrictions à la circulation entre les régions du pays.
« Il ne s’agit pas d’un relâchement, mais de la réalisation d’une promesse selon laquelle les enfants retourneront à l’école dès que possible… bien que la situation ne soit pas encore tout à fait rose… »
a expliqué le ministre de la Santé, Jan Blatný, tandis que son collègue de l’Industrie, Karel Havliček, a précisé que les magasins de vêtements et les papeteries pourraient également rouvrir, de même que les zoos et les jardins botaniques. Nul doute que ces allégements, bien qu’encore timides, seront accueillis avec soulagement par la population car, comme le rappelait récemment Rastislav Maďar, un expert épidémiologique du ministère tchèque de la Santé cité hier par Prague Morning,
« beaucoup de gens en ont assez des jeux politiques et refusent désormais de respecter les règles de verrouillage obligatoires. […] La société est divisée, épuisée, pleine de ressentiment et beaucoup [de gens] ne sont pas en mesure de cacher leur colère et leur déception […]
C’est la conséquence lorsque les politiciens ne respectent pas les experts et prennent des décisions basées sur les relations publiques ».
Vers un limogeage des ministres de la Santé et de l’Éducation ?
C’est dans ce contexte particulier que, selon la rumeur dont la presse tchèque se fait l’écho, le premier ministre tchèque Andrej Babiš, s’apprêterait à remercier ses ministres de la Santé Jan Blatný et de l’Éducation Robert Plaga, lesquels seraient respectivement remplacés par le directeur de l’hôpital universitaire de Prague-Vinohrady, Petr Arenberger, et par le député et ancien recteur de l’université technologique de Brno (2006-2014), Karel Rais. M. Babiš a plusieurs fois montré son insatisfaction quant aux performances de M. Blatný qui s’est par ailleurs opposé au premier ministre ainsi qu’au président Miloš Zeman au sujet du vaccin anti-Covid russe Spoutnik V, des motifs semblables ayant ainsi des effets opposés à Prague et à Bratislava.