Hongrie – Alors que « la vie normale » revient progressivement depuis le 1er mai en Hongrie – réouverture des lieux de loisir et de vie sociale et culturelle –, mais uniquement pour les personnes pouvant attester de la possession du véritable sésame covidien que constitue le passeport vaccinal – appelé pudiquement « certificat d’immunité » (védettségi igazolvány) –, le porte-parole du gouvernement hongrois, Gergely Gulyás, vient de balayer les espoirs naïfs de ceux qui croyaient encore que la vaccination de ce printemps marquerait la fin du Covid.
État d’urgence maintenu aussi longtemps que nécessaire
Interrogé par la station InfoRádió Aréna, M. Gulyás a en effet expliqué que l’état d’urgence restait en vigueur car « le maintien de l’état d’urgence est justifié tant que des restrictions sont nécessaires qui ne sont possibles qu’en cas d’urgence », tandis que « le gouvernement se prépare à vacciner à nouveau tout le monde dans le pire des cas après neuf mois ».
Plus de vaccins que de candidats à la vaccination
Ce faisant, le porte-parole du gouvernement a dû constater que « nous sommes arrivés au point où il y a plus de vaccins que de personnes attendant d’être vaccinées », notamment en raison des doutes quant à l’homologation des vaccins russe (Spoutnik V) et chinois (Sinopharm) par l’Agence européenne des médicaments (AME) et quant à la possibilité de voyager alors dans l’Union européenne : « Certaines personnes choisissent entre les vaccins parce qu’elles craignent que l’opportunité de partir à l’étranger avec un vaccin oriental ne soit pas la même que les vaccins approuvés par l’Agence européenne des médicaments, donc les jeunes en particulier attendent […]
Dans une semaine ou deux, nous arriverons au point de pouvoir vacciner tous ceux qui le souhaitent. Dès lors, chacun est responsable du risque qu’il prend ».
Les vaccins russe et chinois seront-ils reconnus ?
Les autorités hongroises souhaitent que les vaccins russe et chinois soient reconnus : « Les vaccins approuvés par l’AME doivent être acceptés, mais aucune discrimination positive ne peut être faite à l’encontre d’un ressortissant de pays tiers.
Si un touriste chinois peut être admis avec un vaccin chinois, le citoyen de l’Union européenne vacciné par [un vaccin chinois] doit également être admis.
[…] Il est dans l’intérêt éminent de tous en Europe de lever les restrictions de voyage avec la Chine, où tout le monde est vacciné avec un vaccin chinois. » De même pour le vaccin russe Spoutnik V,
« tous les résultats scientifiques [prouvent] que c’est l’un des vaccins les plus efficaces [et] seules des considérations politiques [en entravent] l’approbation ».
Il faudra peut-être revacciner tout le monde dans neuf mois
Pour ce qui est de l’efficacité des vaccins sur la durée – dont les effets secondaires éventuels ne sont par ailleurs pas encore connus non plus en raison de la technologie, dite à ARN messager, qui est nouvelle – M. Gulyás a lui-aussi évoqué sincèrement cette incertitude qui demeure :
« Il y a beaucoup d’incertitude sur la durée de la protection et sur le retour du virus, mais nous devons nous préparer au pire. […] Le pire, c’est que tout le monde doit être revacciné après neuf mois, nous devons donc nous y préparer »,
l’objectif du gouvernement de Viktor Orbán étant que « la Hongrie [soit] à l’avant-garde de la recherche et de la production, et que le pays [puisse] produire un vaccin et plus tard un médicament ».