Pologne – Ce samedi 3 juillet, l’ancien premier ministre libéral polonais (2007-2014) et ancien président du Conseil européen (2014-2019), Donald Tusk, a été élu président de la Plateforme civique (PO), l’un des principaux partis de l’opposition au gouvernement de Mateusz Morawiecki (PiS) en Pologne.
« Combattre le mal »
Le but de ce retour à la tête de la PO – en remplacement d’un Borys Budka assez morne et ayant jeté l’éponge – de Donald Tusk, qui a déjà exercé cette fonction pendant plus de onze années (de 2003 à 2014), est bien évidemment de requinquer, en vue des prochaines échéances électorales, un parti en perte de vitesse par rapport à la coalition gouvernementale conservatrice dirigée par le PiS qui, malgré de multiples péripéties, domine largement le paysage politique polonais actuel, tandis que la Coalition civique (KO) formée autour de la PO est désormais reléguée à la troisième place dans les sondages derrière le mouvement Polska 2050 de Szymon Hołownia. Conscient de cet enjeu, Donald Tusk ne se trompe pas d’adversaire et a immédiatement abordé son mandat en déclarant vouloir « combattre le mal », c’est-à-dire le PiS :
« Je sais que de nombreux Polonais attendent la fin de ce cauchemar […] Aujourd’hui, le mal règne en Pologne et nous sommes prêts à lutter contre ce mal […] Le mal que le PiS a fait est si évident, éhonté et permanent. Cela se voit tous les jours dans tous les domaines ».
Soutien au sein de la Coalition civique, scepticisme à gauche
Katarzyna Lubnauer, présidente du parti Nowoczesna – partenaire de la PO au sein de la Coalition civique (KO) – a salué le retour de Donald Tusk à la tête de la PO, considérant que cela était « bon pour mobiliser l’électorat qui voit les actions du PiS ». Le maire de Varsovie et ancien candidat malheureux de la PO aux dernières élections présidentielles, Rafał Trzaskowski, – à qui on prête également l’ambition de prendre la tête de la PO à la place de Donald Tusk – a, dans un premier temps au moins, fait contre mauvaise fortune bon cœur et a félicité son rival potentiel.
La gauche polonaise est tout sauf enthousiaste du retour de l’ancien premier ministre, comme en témoigne la réaction sur Twitter de la députée Anna-Maria Żukowksa (Lewica) :
« Comme nous le savons d’après l’expérience des cinq dernières élections, [être] contre le PiS ne suffit pas pour gagner contre le PiS ».
« Qui est Tusk ? »
Du côté de la coalition gouvernementale, les réactions sont bien naturellement d’une autre nature. Le président du groupe du PiS au parlement polonais, Ryszard Terlecki, a même plaisanté en demandant : « Qui est Tusk ? », tandis que le leader du PiS, Jarosław Kaczyński, analysait, dans un entretien publié ce dimanche 4 juillet par le quotidien Gazeta Polska, que M. Tusk revenait tout simplement parce qu’il n’avait « pas d’autre option » en lui attestant un « manque bien connu de passion pour le travail acharné », et en lui reprochant d’être trop proche du « centrisme allemand » d’Angela Merkel.