Article paru dans le Magyar Nemzet du 21 juillet 2021.
Mais le détail que je préfère, c’est le fait que Snowden soit devenu la référence dernière : voir la bouille de Snowden s’étaler en couverture des magazines 24 et 444 – pour ne citer, en préambule, que les deux organes de presse « hongrois » les plus vils et les plus malhonnêtes.
Et à propos : qui est donc ce Snowden – ou, pour être plus exact : qui est Edward Joseph Snowden ? Vous le savez, bien entendu, aussi bien que moi – mais rafraîchissons tout de même notre mémoire !
Snowden vit actuellement à Moscou – j’ai bien dit : À MOSCOU ! Dans l’effroyable dictature de Poutine ! –, étant donné que, s’il lui prenait la fantaisie de retourner dans son pays, les États-Unis d’Amérique, il serait arrêté, condamné, puis soit exécuté, soit emprisonné pour le restant de ses jours. Mais pourquoi donc ? Permettez-moi de citer un passage de Wikipédia :
Edward Joseph Snowden, né le 21 juin 1983 à Elizabeth City, en Caroline du Nord, est un lanceur d’alerte américain. Informaticien, ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA), il est devenu mondialement célèbre en rendant publics des documents rigoureusement confidentiels de la National Security Agency (NSA), qui démontrent que les services secrets américains pratiquent une surveillance de masse des appels de téléphonie mobile et de l’activité en ligne des gens, aussi bien aux États-Unis que dans le reste du monde. (…)
En mai 2013, Snowden a bénéficié d’une mise en congé sous le prétexte de subir un traitement pour épilepsie. A la mi-mai, il a donné une interview à Poitras et à Jacob Appelbaum, publiée plus tard par Der Spiegel. Le 20 mai 2013, Snowden atterrit à Hongkong, où il séjourne encore au moment où les premières des informations qu’il a dévoilées apparaissent dans les médias. Snowden révèle entre autres l’existence et le fonctionnement de programmes d’espionnage comme PRISM, la base de données d’appels téléphoniques de la NSA, ou encore le programme Boundless Informant. Il a rendue publique l’existence de Tempora, programme du même type utilisé pour le compte des services secrets britanniques par le GCHQ, partenaire britannique de la NSA. C’est aussi lui qui a révélé l’existence et les principales caractéristiques du fonctionnement de l’unité organisationnelle de la NSA intitulée Tailored Access Operations.
En juillet 2013, Greenwald a établi que Snowden détient aussi d’autres informations secrètes, qu’il a décidé de ne pas rendre publiques. »
Voilà donc pourquoi Snowden vit à Moscou. A présent, au plus fort du « grand scandale hongrois d’écoutes », aussi connu – pour reprendre les mots d’un politicien du Jobbik, d’une stupidité totale et d’une infinie mesquinerie– sous le nom de « watergate hongrois », le moment est donc venu de répéter cette phrase-clé : « les services secrets américains pratiquent une surveillance de masse des appels de téléphonie mobile et de l’activité en ligne des gens, aussi bien aux États-Unis que dans le reste du monde. »
Tout cela a eu lieu en 2013. Donc pas du tout à l’époque du « criminel » « anti-démocratique » Trump – loin de là ! Tout cela a eu lieu pendant la présidence du féériquement démocrate Barack Obama, homme, qui plus est, de peau noire – donc eo ipso « membre du camp du bien ».
Et maintenant, supposons, l’espace d’un instant, que le gouvernement hongrois ait effectivement surveillé des journalistes et des personnalités de l’opposition, et qu’il ait ainsi rejoint ce club que le camarade Karácsony a si pertinemment désigné du nom de cercle des « dictatures fétides ». (Le gouvernement hongrois n’a rien fait de tel – nous y reviendrons.)
Le moment est venu de voir quelles sont ces « dictatures fétides » en compagnie desquelles nous nous retrouverions en vertu de l’HYPOTHÈSE que je viens d’esquisser. Pour ce faire, nous allons, ci-dessous, nous baser exclusivement sur des articles publiés par le site 444, afin de nous mettre à l’abri de toute accusation de chercher à s’appuyer sur les publications biaisées de la presse pro-gouvernementale – compte tenu, aussi, du fait que, jusqu’aux tout derniers temps qui ont précédé l’éclatement de ce scandale de fabrication artisanale, ce site (444) a été l’héliport préféré de Soros et de la CIA en Hongrie, les préférences de ces derniers s’étant récemment reportées sur une nouvelle monture : le site Telex. (Non pas, bien sûr, que les gens de 444 auraient fléchi dans leur détermination à trahir la patrie – ils ont dû fauter d’une façon ou d’une autre.)
Voyons donc ces « dictatures fétides » du passé le plus récent, dans le cercle desquelles nous nous retrouverions, si nous écoutions les journalistes et les personnalités d’opposition.
« Les services secrets britanniques ont écouté des journalistes » – annonce, le 20 janvier 2015, un article de 444 signé « TBG », dont je reproduis l’essentiel ci-dessous :
« (…) Il y a un ou deux ans, le GCHQ (service d’écoutes des communications du gouvernement britannique, qui est militarisé) s’est procuré à peu près 70 000 courriers électroniques envoyés par des collaborateurs des plus grands organes de presse britanniques et américains (BBC, Guardian, Washington Post), à partir desquels il a produit des analyses et collecté des listes de titres sur les sujets traités par ces journalistes.
Citant une directive parvenue en sa possession, notre source indique aussi que les services secrets britanniques considèrent les journalistes – et notamment les journalistes d’investigation – comme des dangers potentiels pour la sécurité, au même titre que les terroristes et les hackers, fichés dans la même catégorie –rapporte l’agence de presse hongroise MTI.
Ces révélations interviennent, de plus, peu de temps après une sentence du tribunal britannique (IPT) spécialisé dans le traitement des plaintes afférentes à l’activité des services secrets, qui affirme que le fonctionnement du GCHQ est actuellement conforme aux normes édictées par la Convention européenne des droits de l’homme, tandis qu’il resterait des questions en suspens concernant son fonctionnement passé. Le GCHQ n’a pas commenté les informations publiées par le Guardian, considérant qu’il s’agit d’une affaire de sécurité nationale. (MTI/Guardian) »
Voici donc la première de ces « dictatures fétides » en compagnie desquelles nous nous retrouvons : le Royaume-Uni.
« Le gouvernement néo-zélandais a lui aussi espionné ses citoyens » – annonce Zsolt Sarkadi, le 15 septembre 2014, dans les colonnes de 444 ; il se base lui aussi sur les dossiers de Snowden pour dénoncer une dictature fétide de plus, en faisant, pour l’essentiel, savoir que :
« Lundi, Edward Snowden a rendu publics de nouveaux fichiers, qui, outre les écoutes des compagnies allemandes de télécommunication, montrent aussi comment le gouvernement néo-zélandais a collaboré avec les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada en matière d’écoutes.
Snowden avait déjà évoqué par le passé l’existence du programme Five Eyes, auquel ces cinq États collaborent ; l’information inédite, c’est que le gouvernement néo-zélandais a lancé un programme de grande ampleur en vue d’une surveillance encore plus rapprochée de ses citoyens au moment précis où, en public, il niait avec véhémence l’existence de telles activités.
Il y a quelques jours, le Premier ministre John Key a reconnu que les services secrets de son pays ont effectivement procédé à des écoutes, mais nié que son gouvernement ait eu connaissance de ces opérations des services secrets. Or c’est précisément là ce que les documents de Snowden permettent de prouver. »
Ah, ça, c’est du jamais vu ! La Nouvelle-Zélande serait donc, elle aussi, une dictature fétide ! Et c’est quoi, cette histoire de compagnies allemandes de télécommunication ?
« La NSA a aussi écouté les clients de Deutsche Telekom » – écrit le même jour (soit le 15 septembre 2014), ce même camarade Sarkadi dans les colonnes de 444. Voici l’essentiel de son article :
« De nouveaux documents fuités par Edward Snowden font apparaître que le programme Treasure Map, développé en commun par la NSA américaine et le GCHQ britannique, a entre autres eu accès aux données de compagnies de télécommunication allemandes comme Deutsche Telekom (DT), propriétaire – entre autres – de la société hongroise Magyar Telekom.
La DT, dont l’État allemand est actionnaire, affirme n’avoir pour l’instant trouvé aucune faille dans son système, mais que ses informaticiens vont poursuivre leur recherche d’indices pouvant confirmer que des services secrets étrangers ont pu avoir accès aux données confidentielles de DT.
La DT a aussi contacté les services secrets allemands à propos de cette question.
À en croire les documents de Snowden, le programme d’espionnage américano-britannique a eu accès, entre autres, aux routeurs et aux smartphones du réseau de la DT. »
C’est fou, tout ce qui se passe là-bas, dans le « monde libre » – je veux dire : dans les « dictatures fétides » ! Les services secrets américains et britanniques, en tandem, surveillent et écoutent les clients de la plus grande compagnie de télécommunication de leur principal allié, l’Allemagne ? Mais c’est un scandale ! Ou peut-être pas ?
D’un autre point de vue, bien sûr, on peut aussi se demander à quoi bon se préoccuper des écoutes de compagnies de télécommunication allemandes par des alliés, alors que ces mêmes alliés, sans l’ombre d’un scrupule, ont même mis sur écoute la chancelière elle-même, Angela Merkel. Voici les faits, dans la docte et authentique présentation qu’en fait 444 :
« Une partie des données de la NSA qui ont fuité a été exploitée par le quotidien allemand Der Spiegel ; de ces matériaux, il ressort que les Américains ont, entre autres, mis sur écoute le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel. Le gouvernement allemand a exprimé de vives protestations, Merkel déclarant qu’« on ne s’espionne pas entre amis », et appelant le président Barack Obama pour lui communiquer son mécontentement de vive voix. Par la suite, pendant des mois encore, la presse a continué à se faire l’écho de la détérioration des relations germano-américaines, et, jusqu’à aujourd’hui, les comptes-rendus de la gestion de la crise ukrainienne font régulièrement état de la difficulté de mettre au point une attitude transatlantique unitaire face aux Russes, en raison – entre autres – de cette affaire d’écoutes qui a ébranlé la collaboration germano-américaine. »
En voilà, des lignes réellement dramatiques ! Mais le vrai drame ne commencera qu’une fois que vous disposerez de l’intégralité de l’article ! Écoutez bien !
« Les USA ont mis Merkel sur écoute, tandis que Merkel a fait écouter Sarkozy » – annonce, le 5 mai 2015, Péter Magyari dans les colonnes de 444. Voici quelques détails de ce feuilleton (avec, dans les rôles principaux : des démocraties d’un admirable pédigrée – je veux dire : des dictatures fétides) :
« Un nouveau chapitre vient de s’ouvrir dans le feuilleton, qui dure déjà depuis des années, du scandale des écoutes. Il s’est avéré que les services secrets allemands –en collaboration avec la NSA américaine –ont pendant des années surveillé – par mise sur écoute des téléphones et piratage des courriels – le palais présidentiel français, la Commission européenne, ainsi qu’un certain nombre de fabricants d’armes européens. (…)
Le rapport afférent était certes classé, mais certaines de ses constatations ont fuité la semaine dernière : c’est d’abord la Süddeutsche Zeitung qui a publié les détails les plus croustillants, c’est-à-dire ceux qui font apparaître que les services secrets allemands ont collaboré avec la NSA pour espionner des cibles européennes.
Les services allemands et américains ont passé en 2002 un accord de coopération en vue de pratiquer des écoutes, effectuées depuis le centre d’espionnage bavarois de Bad Aibling. En 2004, cette base initialement détenue par les Américains avait été officiellement transmise aux services secrets allemands, mais ces derniers avaient laissé la NSA y conserver un bureau secret.
D’après le rapport de la commission d’enquête parlementaire allemande, de 2002 à 2013, ce sont en tout 690 000 numéros de téléphone et 7,8 millions d’adresses IP qui ont été surveillés par ce tandem américano-allemand. (…)
Il est hors de doute que toute l’affaire a été portée à la connaissance de la chancelière allemande en personne au plus tard en 2008 – ce qui rend assez curieuse son attitude ultérieure, quand, en 2013, elle a si vivement critiqué les Américains pour leurs écoutes en Europe. »
Ce qui se passe, on vient de vous le dire…
Mais un an plus tôt, 444 avait déjà publié des suppléments d’information des plus intéressants :
« Le scandale d’espionnage allemand continue à enfler » – alertait alors, le 24 août 2014, sur ce bulletin paroissial de l’église sorosienne, l’auteur qui se cache derrière le pseudonyme akirály (« leroi »). Pour reprendre ses propres termes :
« Les renseignements allemands (BND) ont non seulement écouté Hillary Clinton, mais aussi son successeur au secrétariat d’État américain, John Kerry. En outre, ils pratiquent l’espionnage en Turquie de façon permanente depuis 1976, et, d’après les informations de Focus, ces opérations ont été approuvées en très haut lieu : les actions du BND dépendent de l’approbation d’un groupe de travail fonctionnant au sein des services de la chancellerie, composé de représentants des ministères de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Économie. »
Quelques jours plus tôt, à ce même sujet et dans ce même 444, Zsolt Sarkadi venait d’écrire que :
« Les renseignements allemands ont aussi mis sur écoute le téléphone de Hillary Clinton » (15 août 2014). D’humeur ironique, Sarkadi avait ajouté à son article le sous-titre suivant : « Suite de notre série ‘Tout le monde espionne tout le monde’ » – reconnaissons que l’expression est bien trouvée … dans le corps de l’article, enfin, on apprend entre autres que :
« D’après les documents de la NSA qui ont fuité l’année dernière, l’ambassade américaine à Berlin, située dans le quartier gouvernemental, aurait abrité un centre de surveillance chargé d’espionner les communications numériques du quartier – dont, par exemple, les conversations sur téléphones portables. C’est au plus tard en 2002 qu’ils avaient commencé à mettre sur écoute le chancelier allemand de l’époque, Gerhard Schröder, passant ensuite, à partir de 2005, au téléphone portable professionnel d’Angela Merkel. À en croire les synthèses produites par la presse à partir des documents dévoilés par Edward Snowden, Angela Merkel à elle seule a fait l’objet de la rédaction de plus de 300 rapports. »
Comme c’est charmant…
Et, comme la Hongrie ne voudrait pas être oubliée :« On sait enfin qui les Américains ont mis sur écoute, » nous annonçait, dans 444, un article de Péter Magyari daté du 30 janvier 2014 ; ce coup-ci, c’est de nous qu’il est question – écoutez un peu :« Jeudi matin, huit députés hongrois se sont vu remettre la liste des personnalités mises sur écoute par les Américains en Hongrie. Edward Snowden, spécialiste en charge des moyens techniques de ces écoutes, a révélé l’année dernière que les USA et le Royaume-Uni ont espionné les appels téléphoniques et les courriers électroniques de nombreux pays.
Quant à savoir qui était sur écoute en Hongrie, c’est un secret d’État.
Si bien que seuls ces huit députés ont droit à la réponse, en tant que membres de la commission parlementaire chargée de l’examen de cette question. Le nom de cette commission, en revanche, est public ; elle s’appelle :
‘Commission d’enquête formée en vue de la mise au jour des aspects afférents à la Hongrie du scandale d’écoutes affectant plusieurs pays européens, ainsi que des éventuelles tentatives étrangères de constitution de réseaux d’influence en Hongrie’. »
Mais – me demanderez-vous – que peut-il bien arriver encore à des journalistes dans des dictatures fétides – comme, par exemple, le Royaume-Uni ? Là encore, c’est 444 qui va vous éclairer, sous la plume de celui de ses auteurs qui écrit sous le pseudonyme erdelyip. Le 4 décembre 2013, peu de temps après le début du scandale Snowden, son article nous apprend que la classe politique britannique considère comme une organisation terroriste la rédaction du Guardian, dont le rédacteur en chef est d’ailleurs convoqué devant une commission d’enquête parlementaire.
« Le comportement délictueux ne serait donc pas celui de l’État qui écoute ses citoyens, mais celui du journaliste qui révèle ces pratiques ? » – demande alors 444, avant de rapporter les éléments suivants :
« (…) Les collaborateurs de ce journal sont accusés de délit en rapport avec des activités terroristes. La police a d’ores et déjà ouvert une enquête contre eux. L’enquête sur le Guardian et ses journalistes est ouverte au titre de la section58A des lois britanniques sur le terrorisme : une règle qui édicte que quiconque rend publiques ou transmet à un tiers des informations portant sur des employés de l’armée ou des services secrets se rend coupable d’un délit. C’est ce journal qui a fait éclater le plus grand scandale d’écoutes de tous les temps, en étant le premier à rendre publiques les informations fuitées par Edward Snowden sur les écoutes pratiquées par les autorités américaines. (…) le but politique évident de tout ce manège de commissions étant le dénigrement des journalistes, censé permettre de détourner un peu l’attention de l’effroyable servilité avec laquelle le gouvernement britannique a secondé les Américains dans leurs écoutes. »
Mais nous allions oublier la merveilleuse et irréprochable Europe du Nord ! Corrigeons donc le tir, ce qui nous donnera, au passage, l’occasion de nous rapprocher de l’actualité la plus récente :
« Entre 2012 et 2014, les services secrets danois ont aidé les États-Unis à espionner certaines figures-clés de la politique – notamment Angela Merkel » – a-t-on pu lire en mai de cette année : encore une nouvelle atterrante, en provenance d’une dictature fétide de plus. « D’après cet article, le Service des Renseignements Militaires danois (FE) a collaboré avec l’Agence nationale de sécurité (NSA) des États-Unis dans des opérations de collecte d’informations, dont les victimes ont notamment été des dignitaires d’autres pays européens, comme l’Allemagne, la France, la Suède et la Norvège. » (…) La NSA a eu accès aux appels téléphoniques, aux textos et aux conversations de messagerie des téléphones de ces dignitaires, au moyen d’écoutes ciblées et du logiciel d’analyse de données Xkeyscore, mis au point par la NSA. (…) En 2013, Snowden a rendu publics des documents rigoureusement secrets démontrant que la NSA, spécialisée dans le renseignement d’origine électromagnétique, pratiquait des collectes massives de données, et surveillait au moyen de logiciels d’écoute les citoyens américains, ainsi que les communications de dirigeants étrangers, dont certains hommes politiques européens de pays alliés. »
Telles seraient, donc, ces dictatures fétides, dans lesquelles les services secrets, pendant de longues années, mettent sur écoute des citoyens, des journalistes, des entreprises – et même les dirigeants de pays alliés.
Mais, en plus de tout cela, il n’est peut-être pas inutile de rappeler encore un « détail », qui nous ramène en Hongrie : une affaire qui n’est pas fondée sur des hypothèses, des spéculations, de fausses nouvelles et des attaques politiques préméditées, mais sur des enregistrements audio et vidéo bien réels.
Je veux parler de cette affaire totalement dénuée de précédent, déclenchée par les pourparlers qu’ont menés, dans un restaurant de Budapest, Sándor Laborc, chef des services secrets du gouvernement Gyurcsány, et Tamás Portik, l’un des plus dangereux des parrains de la pègre hongroise d’après le changement de régime ; sujet de ces pourparlers : comment il conviendrait de surveiller les hommes politiques de l’opposition, de ternir leur réputation, de leur tendre des pièges et de les neutraliser, afin de permettre le maintien au pouvoir de la gauche après les élections de 2010. Le fond de l’affaire, comme Portik l’a très bien résumé lui-même dans sa conversation avec Laborc : « moi, je veux bien collaborer, et faire tout ce que vous me direz ; ma décision est prise à 150% depuis longtemps, dans mon esprit comme dans mon cœur. Je ne crois pas que vous puissiez me demander quelque-chose que je ne voudrais pas faire ». Dans le Magyar Nemzet du 12 avril 2013, on apprend entre autres que :
« Laborc et Portik ont eu au moins deux rencontres en personne, qui ont toutes deux été enregistrées. Sur requête du ministère de l’Intérieur, le Bureau de défense de l’ordre constitutionnel [services intérieurs hongrois – n.d.t.] a déclassifié le sténogramme de ces enregistrements. Devenus publics, ces documents peuvent rendre évidents aux yeux de tout un chacun les liens très intimes qui s’étaient tissés entre le gouvernement Gyurcsány et la pègre. Outre Laborc et Portik, ces négociations avaient lieu en présence des deux personnes qui avaient organisé les rencontres.
D’après ces sténogrammes, Tamás Portik aurait affirmé : ‘notre tâche, ce serait de soutenir Monsieur le Premier ministre, ou tout du moins le MSZP’. Portik, devenu colossalement riche quelques années plus tôt dans les fameux trafics illégaux de carburant, a proposé de mettre au service de la gauche les sites Internet dont il avait le contrôle. Sur ces portails électroniques, tout ce qu’on apprend, c’est que Portik serait en mesure d’influencer les résultats électoraux à travers les deux millions d’utilisateurs enregistrés qu’ils totalisent. Leur audience quotidienne cumulée tournerait, à l’en croire, autour du demi-million.
‘Moi, la gauche me convient, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que rien ne change en 2010’ – affirme, pour insister sur sa loyauté partisane, l’ancien PDG d’Energol, qui rappelle aussi qu’il a personnellement acheminé de l’argent aux hommes politiques du MSZP, sans que personne n’en sache jamais quoi que ce soit. Il souligne que cela ‘lui donne une sorte de sécurité’, tandis que la ‘police de la droite’ l’aurait ‘placé dans sa ligne de mire’ en rapport avec des affaires de règlements de comptes.
Les propos enregistrés font clairement apparaître que Tamás Portik avait une peur panique d’un changement de gouvernement, car dans un tel cas – pour reprendre ses propres termes – il se ferait sûrement coffrer. Ce à quoi Sándor Laborc répondit laconiquement qu’à ce moment-là, lui aussi serait peut-être arrêté. Laborc, alors directeur principal du Bureau de la Sécurité Nationale, était d’ailleurs désireux de parvenir à un accord. Tamás Portik l’encourageait à lui communiquer les informations qui parvenaient à sa connaissance. Le général Laborc s’intéressait à tout, y compris à d’éventuelles affaires de corruption dans la police, l’appareil judiciaire et le parquet, ainsi qu’aux petits secrets des politiciens. Tout ce qui comptait à ses yeux, c’était que ces informations permettent de « coincer et de circonscrire relativement vite » les concernés.
« Voilà donc comment il faudrait commencer, d’une façon ou d’une autre. Cela peut être n’importe quel terrain – ce qui compte, c’est donc que, quand vous cherchez à influencer les décisionnaires par un moyen ou un autre (…) même en les emmenant au bordel, etc. » – tel est le tableau qu’esquisse Sándor Laborc de ses réflexions. « Je m’étais moi-même dit que je pourrais faire quelque-chose comme ça à l’avenir, étant donné que j’ai des intérêts dans des bordels. Vous voudriez des vidéos, par exemple ? » – demande alors Portik. Et le chef du renseignement de l’époque de répondre qu’il considère cela comme une bonne solution – provoquant les éclats de rire de toute la tablée.
À en croire les documents rendus publics, les convives ont longuement parlé de l’affaire Fenyő, en rapport avec laquelle deux noms ont été prononcés, qui pourraient être ceux des commanditaires de l’assassinat, mais l’attentat à la bombe de la rue Aranykéz a lui aussi été évoqué.
Bien qu’il ne soit pas possible de savoir exactement ce qui s’est produit suite à ces deux rencontres, à toutes fins utiles, Sándor Laborc a fourni à l’ancien trafiquant de carburant un numéro de téléphone permettant de le joindre personnellement à tout moment.
« Bon, et si j’appelle, je dis quelque-chose au téléphone ? » – demande Portik, en quête d’instructions plus précises. « Non, on parlera à chaque fois de vive voix. S’il fallait agir, réagir très vite, bien entendu, on peut toujours tout se dire en langage codé. Mais moi, je préfère le contact direct … on se met d’accord et on se retrouve quelque-part, ça vous va ? » – lui répond Sándor Laborc, qui demande ensuite dans quelle mesure l’entourage de Portik est « propre ». « Eh bien, ça, c’est une bonne question … je m’efforce de faire tout ce que je peux pour qu’il le soit. Pour ne pas trop conduire, je me déplace avec la BKV [RATP de Budapest – n.d.t.] ou en taxi. Je ne confie pratiquement rien à personne, aucune information. Depuis que je suis de retour en Hongrie, je crois que c’est la première fois que j’ai parlé aussi sincèrement à qui que ce soit » – lui répond l’ancien PDG d’Energol.
Sándor Laborc est né en 1958 à Budapest. Il fait ses études au début des années 1980 à Moscou, à l’école supérieure Dzerjinski, centre de formation qui a été celui de la Tchéka, puis du KGB, pour devenir aujourd’hui l’académie du FSB russe. De 1978 à 2000, Laborc a travaillé pour l’organe de sécurité de l’État du ministère de l’Intérieur, puis pour le service qui a pris sa succession, dans le domaine de l’évaluation/analyse et dans le domaine opérationnel. Le 1er janvier 2001, il est devenu directeur adjoint en charge de l’information de la Direction Pénale de l’APEH [services du Fisc hongrois], fonctions qu’il a occupées jusqu’au 1er janvier 2003, date à laquelle ce service a fusionné avec la Direction des Enquêtes Financières de l’ORFK [police nationale hongroise – n.d.t.].
En juillet 2002, la direction du Bureau de la Sécurité Nationale (NBH) a été confiée à István Zsohár, qui a nommé Laborc chef de département. En 2004, Zsohár a été transféré à la tête du Bureau de l’Information, laissant la direction du contre-espionnage à son ancien adjoint, Lajos Galambos, tandis que Laborc était promu au rang d’adjoint opérationnel. Galambos ayant été contraint à la démission du fait du scandale entourant la fondation Egymásért, à partir de juin 2007, c’est en tant que directeur délégué que Laborc a commencé à diriger le service.
Ce même mois, Ferenc Gyurcsány, alors Premier ministre, a nommé György Szilvásy ministre sans portefeuille chargé de la supervision des services secrets civils. Sándor Laborc a été promu au rang de général de brigade, tandis que commençait une restructuration en profondeur des services : à l’exception du directeur économique, tous les directeurs et chefs de département du NBH ont été congédiés, le contre-espionnage étant, quant à lui, fondu dans une autre unité. Alors dans l’opposition, le Fidesz a vivement critiqué les mesures prises par Laborc, qui – jugeait-il – affaiblissaient considérablement le contre-espionnage civil. En dépit de ces critiques, et malgré le vote négatif de la commission de sécurité nationale du Parlement – qui, pour la première fois de son histoire, a refusé sa confiance à Laborc –, Gyurcsány l’a nommé directeur général.
C’est à l’époque où Laborc occupait ces fonctions qu’a éclaté l’affaire dite de la surveillance, dans laquelle il a nominalement porté plainte contre le directeur de l’entreprise de sécurité UD Zrt., considérée comme le service secret extra-gouvernemental du Fidesz. La police a perquisitionné dans les bureaux de la société, saisissant ses installations informatiques, et une enquête a été ouverte, que les autorités ont plus tard dû refermer, ayant échoué en tout point à prouver l’existence d’activités délictueuses. À l’été 2009, Laborc a renoncé à ses fonctions, invoquant pour motif le fait que la suspension de cette enquête le mettait dans l’impossibilité de poursuivre pleinement son travail.
Ervin Demeter, député Fidesz alors président de la commission parlementaire à la sécurité nationale, a porté plainte contre le général Laborc pour abus de pouvoir, en raison de son rôle dans l’affaire de l’UD. Parallèlement à l’enquête du parquet, László Balajti, devenu entre-temps directeur du NBH, a lui aussi porté plainte contre son prédécesseur, car, sur l’ordinateur professionnel de Laborc, on avait trouvé des données concernant Viktor Orbán et László Kövér, désignés par les pseudonymes Ovi et Bajusz [« moustache » – n.d.t.]. Dans cette affaire, le tribunal de première instance n’a condamné l’ex-patron du contre-espionnage que pour accès illicite à des informations relevant du secret personnel ; par la suite, il a été inculpé en première instance dans une affaire au pénal jugée par le Tribunal de Debrecen, vulgairement connue sous le nom de ‘scandale des espions’, et unique en son genre depuis le changement de régime. »
Permettez-moi d’insister : tout cela ne s’appuie pas sur de simples hypothèses – les enregistrements existent !
Tournons-nous à présent vers ce « watergate » actuel : de quoi s’agit-il ?
D’une opération montée par des services secrets – mal montée, et cela se voit. Et qu’importe qu’il s’agisse du Mossad d’après le changement de gouvernement qui vient de se produire en Israël, ou de la CIA désormais au service de l’administration Biden, ou des deux travaillant en tandem. Ce qui compte, c’est que :
1.: S’il est vrai qu’un « réseau international de journalistes » est en mesure de démasquer ce logiciel d’espionnage des services israéliens nommé Pegasus, parce qu’il « laisserait des traces », cela veut dire qu’il est grand temps de verrouiller la porte du Mossad d’un gros cadenas bien rouillé, et d’envoyer ses agents, ses ingénieurs et ses informaticiens vendre des beignets sur la plage d’Eilat.
2.: Si les plus grands ennemis du gouvernement hongrois, les plus dangereux, sont Szabolcs Panyi, Attila Chikán, le demi-débile (voire débile complet ?) Simicska, Zoltán Varga, plus je ne sais quel trou du cul des études de genre de la CEU, cela veut dire que l’opposition hongroise a bien du souci à se faire. (Cf. : « Comment ça, on n’écoute plus le camarade Bástya ? Le camarade Bástya, maintenant, c’est de la merde ? » [réplique célèbre du film-culte A Tanú – n.d.t.]
3.: Comme les considération ci-dessus l’ont déjà fait apparaître, les démocraties modèle du monde occidental mettent depuis des années sur écoute leurs propres citoyens, journalistes et non-journalistes. Et cela, nous ne le savons pas grâce aux « enquêtes » des réseaux journalistiques internationaux de Soros, mais grâce aux révélations d’un agent américain qui a activement pris part à l’organisation de ces écoutes. Et donc, où sont les « dictatures fétides », finalement ?
4.: En Hongrie, pour l’instant, il y a une seule chose qu’on sache de source sûre : c’est le ministre de Ferenc Gyurcsány en charge des services secrets qui a fait pénétrer le renseignement russe jusqu’au cœur des services secrets hongrois, d’où ils ont pu collecter les données dont ils avaient besoin ; et aussi que le chef nommé par ce même Ferenc Gyurcsány à la tête des services secrets menait des pourparlers avec le plus sombre des maffieux de la pègre hongroise en vue de surveiller et de prendre au piège des hommes politiques de l’opposition d’alors. Et que cela n’est pas une simple hypothèse : les enregistrements existent.
5.: Ajoutons à tout cela les développements de ces derniers mois :
- La Hongrie refuse encore et toujours d’accueillir des migrants.
- La Hongrie, résistant à celui des lobbies occidentaux qui est désormais le plus puissant et le plus influent – le lobby LGBTQ –, a inscrit dans ses lois la protection des mineurs contre la propagande de ce lobby, interdit ses « programmes de sensibilisation » et expulsé ses activistes des écoles.
- Il y a déjà plusieurs semaines que Mark Rutte a lancé le mot d’ordre :« Il faut agenouiller la Hongrie ! ».
- En Israël le gouvernement du Premier ministre nationaliste Netanyahu, qui entretenait d’excellentes relations avec le gouvernement hongrois en général et Viktor Orbán en particulier, a été remplacé par un gouvernement – disons-le dans un style euphémistique – moins nationaliste, et désireux de construire de bonnes relations avec la nouvelle administration américaine.
- Après tout cela – quelle coïncidence ! – le réseau international de Soros fait tout d’un coup apparaître la liste des écoutes supposées d’une succursale du Mossad : le logiciel Pegasus, censé être « le plus moderne », et totalement « indétectable » ; sur cette liste, 50 000 numéros de téléphone, domiciliés dans plus de 50 pays. Pour une raison mystérieuse, ceux qui ont fait « éclater ce scandale » n’ont pour l’instant nommé – outre la Hongrie – que l’Azerbaïdjan, Bahreïn et les Émirats Arabes Unis – mais quels peuvent bien être les 45 à 47 pays restants ?
- Bruxelles lance aussitôt, simultanément, deux procédures d’infraction contre la Hongrie.
- Bruxelles retient les fonds alloués à la Hongrie dans le cadre du plan de relance.
- Le « rapport sur l’état de droit » que Bruxelles rend public le lundi suivant la fin de semaine au cours de laquelle le « scandale des écoutes » a éclaté, comme par magie, invoque déjà lourdement ledit « scandale Pegasus ».
6.: Pour ceux qui, même après tout cela, n’auraient toujours pas été capables de deviner les raisons, les objectifs et les intentions véritables de cette opération de services secrets étrangers (avec accompagnement musical de l’ensemble des ONG de Soros et de son réseau médiatique international !), voici un peu d’aide :
Si la coalition-bouillie qui vient d’être concoctée contre le Fidesz en Hongrie venait à perdre – pour déjà la quatrième fois consécutive – les prochaines élections, il se pourrait que la patience atteigne ses limites – et surtout, qu’elle se retrouve à court d’argent. Ses partis pourraient perdre les financements dont ils jouissent de la part de Soros, de la CIA, de Bruxelles, et plus généralement de l’ensemble des services secrets, des ONG au service d’intérêts étrangers, et des gouvernements étrangers.
Pour l’instant, l’argent tombe encore.
Et Soros, de concert avec la CIA, viennent, avec cette « affaire d’écoutes », de lancer cette campagne électorale. Car, s’il y a bien une chose qu’ils savent tous : Cette fois-ci, c’est la lutte finale !
Et cette lutte finale justifie qu’une dernière fois, tous les moyens disponibles soient mobilisés – comprendre : tout l’argent nécessaire, toutes les malhonnêtetés et toutes les bassesses. Parce que, s’ils perdent, Orbán risque vraiment de finaliser l’alliance – pour ne pas dire : l’union – des pays du V4, voire de lui accoler les Balkans et la Baltique, et même l’Italie et l’Autriche, qui ne sont pas encore totalement perdues – auquel cas le monde de la normalité et les gens normaux disposeront non seulement de représentants puissants et incontournables, mais aussi d’un exemple.
C’est cela que ces ordures doivent à tout prix empêcher.
C’est cela que nous aussi devons garder à l’esprit. C’est pourquoi il me semble vraisemblable que notre Marche de la Paix du 23 octobre ait son point de départ devant l’ambassade des États-Unis à Budapest. Avant même de commencer la marche, nous leur transmettrons, à eux aussi, notre petit message, pour qu’ils l’entendent et soient au courant que nous aussi, nous savons qui met vraiment qui sur écoute par ici, et qui sont les véritables ordures – qui sont nos ennemis.
Cette fois-ci, c’est la lutte finale ! Préparez-vous !
Zsolt Bayer