Article paru dans le Magyar Nemzet le 3 août 2021.
Pendant qu’une partie de la classe politique et médiatique italienne se joint bruyamment à la curée immédiatement lancée contre le gouvernement hongrois en raison de ses lois anti-pédophilie, en réalité, beaucoup en Italie considèrent la Hongrie comme un exemple à suivre. Igor Gelarda, coordinateur sicilien de la Lega, a donné à Magyar Nemzet un entretien, dans lequel il s’empresse de prendre la défense de notre pays – et témoigne même de la jalousie qu’il éprouve en constatant que, chez nous, l’affaire est soumise à référendum : il se plaint de la situation en Italie, où, malheureusement, personne ne vous demande votre avis.
– La nouvelle a (entre autres) fait le tour de la presse italienne : le gouvernement hongrois grave dans le marbre de la loi la défense des mineurs dans le cadre de leur éducation scolaire, et le filtrage des contenus médiatiques touchant à la sexualité. Qu’en pensez-vous ?
– Je pense que, si un gouvernement souverain décide de renforcer la protection dont jouissent les mineurs, permettant ainsi aux familles d’éduquer librement leurs enfants, sans ingérence externe, conformément à leurs traditions, à leur vision du monde et à leurs convictions religieuses, c’est là un acte digne d’être respecté et salué. Il est hors de doute que la législation doit aussi assurer la liberté des personnes pratiquant une autre sexualité, mais cela ne peut pas conduire à limiter le droit qu’ont les familles d’éduquer librement leurs enfants. Une fois que les enfants atteignent l’âge de 18 ans, ils pourront, devenus majeurs, vivre leur vie en fonction de l’éducation qu’ils ont reçue, de leur système de valeurs et de leurs convictions. Les mineurs sont faciles à influencer et à déstabiliser, et ont donc besoin de protection. La partie de cette loi qui mérite une attention et une admiration particulières est celle qui frappe de punitions sérieuses la pornographie infantile et les abus à caractère sexuel commis sur des enfants.
– Qu’en est-il en Italie ?
– La question des droits LGBTQ a provoqué une grave fracture en Italie. Dans la situation de crise complexe que nous vivons actuellement, nous aurions besoin de nous montrer solidaires et de chercher une issue à la crise, plutôt que de dresser les uns contre les autres divers secteurs de la société. Or le projet de loi dit Zan vise très exactement à cela même dont on accuse le gouvernement de Viktor Orbán : donner force de loi à cette proposition de rendre l’homo-transphobie punissable conduirait à mettre fin à la liberté d’expression. Son but est de faire taire ceux dont les idées, les sentiments et l’opinion divergent de ceux des personnes LGBTQ. On déteste Orbán et on s’efforce de le dénigrer en multipliant les fausses nouvelles à son propos – par exemple, en faisant courir le bruit qu’il ampute les droits de ceux qui pratiquent d’autres sexualités, alors que c’est exactement ce qu’on fait en Italie à l’encontre de tous ceux qui croient à la validité du modèle familial basé sur l’union d’une femme et d’un homme, ou qui voudraient élever leurs enfants à l’écart de l’idéologie du genre.
– Que pensez-vous des tensions apparues entre l’Union européenne et la Hongrie ?
– Ils ont beau attaquer la Hongrie et son gouvernement, en accusant Viktor Orbán d’être un dictateur – c’est au contraire lui qui donne à l’Union européenne une leçon de démocratie. Je trouve géniale la décision qu’a prise le gouvernement hongrois, de soumettre ses lois anti-pédophilie à un referendum, prouvant ainsi que, pour les dirigeants de ce pays, la volonté populaire est le point de vue qui prime. C’est la forme la plus noble de la démocratie. Si le gouvernement italien en faisait de même quant à la question de savoir s’il faut criminaliser l’homo-transphobie, ou en matière d’immigration, une écrasante majorité d’italiens répondrait aux deux questions par la négative. Mais cela n’arrive pas – et pendant ce temps, on dit pis que pendre d’Orbán. La Lega a assuré la Hongrie de son soutien, et voté contre les sanctions proposées au Parlement européen. Ce faisant, elle n’a pas exprimé de jugement sur le contenu de ces lois, mais sa conviction selon laquelle chaque pays doit être souverain, et chaque gouvernement doit avoir le droit de décider conformément à la volonté populaire. Nous autres, Siciliens et Italiens, serions bien contents, si on nous permettait d’exprimer une opinion sur l’invasion migratoire qui frappe notre pays – mais chez nous, malheureusement, personne ne nous demande notre opinion en la matière.
– Ces dernières semaines, la presse italienne s’est montrée fort laconique dans ses rapports concernant les arrivées de migrants sur les côtes méridionales du pays. Cela voudrait-il dire que la situation s’améliore ?
– Sur les îles du sud, la vague migratoire ne faiblit pas : l’occupation de Lampedusa et de la Sicile se poursuit. Pour ne prendre que ces tout derniers jours : dans la seule région de Trapani, les autorités ont recensé 350 accostages de navires de sauvetage de migrants. Ce qui signifie que Lampedusa n’est plus la seule concernée : les transports de migrants arrivent jusqu’aux côtes italiennes. Alors que la situation épidémiologique oblige l’Italie à adopter des mesures restrictives et qu’on voudrait limiter la liberté de mouvement des Italiens par l’introduction d’un passeport vert prouvant l’absence de risque viral, les immigrés qui arrivent peuvent, eux, pénétrer sur le territoire sans aucune sorte de vérification, et leur état de santé reste souvent, lui aussi, invérifiable. Pendant ce temps, c’est aux forces de l’ordre locales qu’incombe le devoir de caser ces masses humaines qui se déversent constamment sur elles – sans disposer pour cela ni des moyens, ni des instruments nécessaires. Les tensions sont désormais permanentes, comme le montre l’incident d’il y a deux semaines, quand le camp de migrants de Pozzallo (à côté de Raguse) a été incendié. Les migrants, de leur propre chef, arrivent en masse sur les côtes italiennes, puis soumettent une demande pour obtenir le droit d’asile – qui, dans la majorité des cas, ne leur sera pas accordé, étant donné qu’ils ne réunissent pas les conditions requises pour cela. Ceux qui arrivent de Tunisie et de Lybie ne fuient pas des situations de guerre ; ils sont simplement à la recherche de meilleures conditions de vie, que l’Italie ne serait cependant pas en mesure de leur assurer, faute de moyens, quand bien même elle les accueillerait. Or, dans l’attente de la décision portant sur leur demande d’asile, ils peuvent rester en Italie – le cas échéant, pendant de longues années.
Dalma Jánosi (Rome)
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Traduit du hongrois par le Visegrád Post