Union européenne – À l’heure où – quelques jours après la chute attendue de Kaboul – les « élites » européennes, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen en tête, s’apprêtent à servir aux Européens une version réchauffée du Wir schaffen das (Nous pouvons le faire) de Mme Merkel et à ouvrir une fois de plus bien grandes les frontières de l’Union européenne et de l’espace Schengen à des centaines de milliers d’Afghans – les actuelles estimations sont de l’ordre de 400 000 migrants afghans dans les prochains mois –, le Premier ministre slovène et président en exercice du Conseil de l’Union européenne, Janez Janša, a clairement exprimé son refus de voir « la crise migratoire de 2015 se reproduire ».
Von der Leyen : « trouver des voies d’immigration légales et sûres »
En effet, dès la veille, samedi 21 août, en visite à Madrid, où elle assistait, en compagnie du président du Conseil européen, Charles Michel, à l’arrivée en Espagne de ressortissants afghans (notamment des interprètes) ayant collaboré avec l’armée espagnole lors sa mission en Afghanistan dans le cadre de l’OTAN, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, commençait à préparer les esprits en ce sens :
« La réinstallation des personnes vulnérables est d’une importance primordiale. C’est notre devoir moral »,
une question qui, selon elle, « devrait être à l’ordre du jour de la réunion du G7 de la semaine prochaine pour
trouver des voies d’immigration légales et sûres à l’échelle mondiale organisées par la communauté internationale pour les Afghans ayant besoin de protection ».
La Russie n’accueillera pas de réfugiés afghans
Pendant ce temps, les autorités russes ont fait savoir que pour elles il était hors de question d’accueillir des réfugiés afghans. Le président russe, Vladimir Poutine, a ainsi déclaré, on ne peut plus clairement :
« Nous ne voulons pas que des extrémistes nous réapparaissent sous le couvert de demandeurs d’asile.
Nous ferons tout – entre autres, avec nos partenaires occidentaux pour la stabilité de l’Afghanistan – mais nous ne voulons pas que la situation des années 1990 ou du milieu des années 2000 se répète dans notre pays. À cette époque, il y avait de fait des combats dans le Nord du Caucase ».
« Pourquoi traitons-nous avec la Syrie ? Précisément pour que ce pays ne devienne pas comme l’Afghanistan et ne soit pas le berceau du terrorisme »
a-t-il encore ajouté. M. Poutine a enfin également exprimé son opposition à l’idée de laisser s’installer des réfugiés afghans dans les pays voisins frontaliers de la Russie.
Janša : « uniquement les personnes qui nous ont aidés lors de la mission de l’OTAN »
Au sein de l’Union européenne, tandis que la plupart des pays ayant participé à la mission de l’OTAN en Afghanistan – même les pays du V4 généralement fort réticents dans ce domaine – sont prêts à accueillir des Afghans (et leurs familles) ayant collaboré avec leurs troupes – « Nous parlons […] d’Afghans qui sont devenus des camarades des Forces armées hongroises », a ainsi précisé le secrétaire d’État hongrois, Levente Magyar – certains gouvernements ont déjà indiqué ne pas vouloir répéter les mêmes erreurs qu’en 2015. Ainsi, le chancelier autrichien Sebastian Kurz dans un entretien avec Puls24 a exprimé son opposition à accueillir des réfugiés afghans.
C’est ainsi que que le Premier ministre slovène Janez Janša, dont le pays préside actuellement et jusqu’en décembre le Conseil de l’Union européenne, s’est également très clairement exprimer à ce sujet ce dimanche :
« L’Union européenne n’ouvrira pas de couloir humanitaire ou migratoire aux réfugiés afghans et ne permettra pas à la crise migratoire de 2015 de se reproduire
[…] Nous ne permettrons pas que l’erreur stratégique de 2015 se répète. Nous aiderons uniquement les personnes qui nous ont aidés lors de la mission de l’OTAN […] L’Union européenne et la Slovénie n’ont aucune obligation d’aider et de financer tous les réfugiés de la planète ». Ainsi les autorités de Ljubljana ont indiqué être prêtes à accueillir cinq réfugiés afghans ayant travaillé pour l’armée slovène lors de sa mission en Afghanistan. Et répliquant au président du Parlement européen, David Sassoli, qui lui répondait que les institutions européennes « s’efforcent de déterminer quel type de solidarité serait nécessaire pour tous ceux qui sont menacés par le nouveau régime afghan, et pas seulement pour les Afghans qui ont travaillé avec nous », Janez Janša a rappelé sur Twitter que
« c’est aux États membres de l’Union européenne de décider s’ils veulent accepter une nouvelle vague de migration ou non. Actuellement, il n’y a ni consensus, ni majorité qualifiée, ni aucune majorité pour le faire ».
La Turquie construit un mur à la frontière iranienne
De son côté, la Turquie elle-même a commencé à prendre ses dispositions pour faire face à une vague de migrants en provenance d’Afghanistan. Les autorités turques ont d’ores et déjà entrepris de bâtir un mur sur la frontière iranienne, longue de 295 km.
« Une grande partie est faite. Nous avons [déjà] creusé 150 kilomètres de tranchées et renforcé nos bases frontalières »,
a déclaré le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, cité par le quotidien Hürriyet, tandis que l’armée turque déployait des milliers de soldats dans la zone frontalière avec l’Iran.